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« L'émancipation des femmes, le droit de choisir leur vie, est un combat de gauche. » - Tribune de Claude Roiron et Jean-Christophe Cambadélis

Publié le 07 mars 2015 par Letombe
« L'émancipation des femmes, le droit de choisir leur vie, est un combat de gauche. » - Tribune de Claude Roiron et Jean-Christophe Cambadélis

La journée internationale du 8 mars s’ancre dans une histoire qui, dès le début, a fait des femmes des actrices sociales revendiquant l’égalité dans les usines tant à l’Ouest aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, qu’à l’Est en Russie lors de la période révolutionnaire de 1917.

Reconnue par les Nations Unies en 1917, par la France en 1982, cette journée invite tous nos concitoyens à se mobiliser sur la question de l’égalité femmes-hommes qui reste d’une brulante actualité. Ce combat est à l’échelle de la planète car les droits des femmes sont universels et force est de constater que dans de trop nombreux pays les femmes sont reléguées dans l’espace privé, sont parfois amoindries et maltraitées sans que les auteurs de ces méfaits ne soient inquiétés. Dans d’autres pays elles n’ont simplement aucun droit. Vingt ans après la conférence des Nations Unies à Pékin qui avait comme objectif l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes partout dans le monde, nous sommes encore loin d’avoir atteint ce but. Les bonnes volontés ont reculé devant les conflits, les guerres, les crises économiques et l’émergence d’Etats terroristes qui transforment les femmes en ombre noire.

Dans notre pays les progressistes et en particulier les socialistes ont toujours considéré qu’augmenter les droits des femmes c’était faire évoluer la société et améliorer la démocratie. Les combats féministes font partie de notre identité de socialiste. L’IVG fut voté avec les voix de la gauche en 1982 la loi Roudy permit le remboursement de l’IVG, la loi Neiertz en 1993 créa le délit d’entrave et la loi Aubry en 2001 allongea le délais légal de recourt à l'IVG à 12 semaines. Depuis 2012, l’IVG est remboursé à 100 % pour les jeunes filles mineures et les examens préalables sont pris en charge. La loi « égalité réelle » de 2014 a supprimé la notion de détresse car même difficile l’avortement reste un choix.

Du point de vue de l’égalité, la France a beaucoup progressé, nous sommes passés en 2014 de la 45ème place à la 16ème place selon le classement annuel du Forum économique mondial. L’égalité de droit est acquise, il reste à conquérir l’égalité réelle car dans le domaine professionnel et salarial beaucoup de choses sont encore à accomplir même si la loi récente de 2014 a instauré et renforcé les sanctions à l’encontre des entreprises qui ne mettent pas en œuvre ce principe de justice sociale.

Dans un moment de grave crise économique comme celui que nous traversons, les femmes sont les premières victimes du chômage, de la précarité, des emplois peu qualifiés à temps partiel.

C’est pourquoi nous devons agir sur deux axes à la fois : renforcer la formation initiale et continue des femmes en commençant par mieux orienter les filles dans le système éducatif et améliorer les conditions de celles qui vivent aujourd’hui les difficultés du quotidien : création massive de places de crèche de proximité, amélioration des transports en commun, appui aux familles monoparentales. Ces chantiers sont actuellement mis en œuvre par le gouvernement.

Ces changements supposent une transformation progressive des mentalités et une prise en compte de ces sujets par l’ensemble du corps social afin que nous puissions ensemble, femmes et hommes, passer de l’égalité de droits à l’égalité réelle.

L’Education nationale doit être à ce rendez-vous comme à celui de la promotion de la laïcité, car la laïcité est le meilleur rempart contre l’obscurantisme qui relègue les femmes au second plan et souvent les asservit. La laïcité est le meilleur garant de la liberté et de l’émancipation des femmes.

Le Parti socialiste, même s’il est difficile de faire reculer certaines habitudes, a fait depuis deux décennies, de la parité, un enjeu politique majeur. Lionel Jospin, d’abord, aux élections législatives de 1997 puis avec la loi instaurant la parité dans les fonctions électives en 2000. Plus récemment, François Hollande a nommé le premier gouvernement paritaire de l’Histoire de la France. Dernièrement nous avons établi un scrutin binominal paritaire qui fera passer les assemblées départementales de 14% d’élues à 50% au niveau national. C’est un grand pas en avant.

Le Parti socialiste a même osé présenter une femme à l’élection présidentielle en 2007 et s’est doté d’une Première secrétaire de 2008 à 2012.

Réformer la société vouloir une société plus juste, plus tolérante, plus égalitaire, c’est le projet de tous les socialistes. Ce projet doit donner aux femmes la place qui leur revient car aucune croyance, aucune idéologie, aucune opinion ne peut justifier que la moitié de l’humanité ne participe pas à la construction de son propre destin.

Le socialisme est aussi un féminisme. Ce n’est pas un combat d’arrière garde, c’est un combat d’aujourd’hui et de demain car nous voyons que la société française est traversée par de forts courants conservateurs et même réactionnaires qui voudraient voir les femmes reléguées au second plan de la scène politique et sociale.

Ne nous laissons pas non plus duper par l’affichage et la manipulation simplistes, de celle qui nous laisserait croire qu’il suffit d’être cheffe de parti pour améliorer par enchantement le sort de toutes les femmes. L’extrémisme, même incarné par une figure féminine, est un danger pour la démocratie car précisément il réduit les libertés individuelles et en particulier celles des femmes.

L’émancipation des femmes, le droit de choisir leur vie est un combat de gauche porté par tous les socialistes.

Tribune de Jean-Christophe Cambadélis et de Claude Roiron.

>> Vous aussi, signez l'appel du 8 mars de Claude Roiron


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