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Les caprices de la Brenta

Publié le 08 mars 2015 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Le fleuve Brenta prend sa source près du lac de Levico et du lac de Caldonazzo, dans la province du Trentin. Il coule dans la vallée de la Valsugana, traverse la ville de Bassano del Grappa, dans la province de Vicence, arrose les plaines de la Vénétie pour finalement se jeter dans la mer Adriatique, près de la commune de Chioggia, au sud de la lagune de Venise. Sa longueur est d’environ 160 km.

Les populations du territoire traversé par le fleuve l’ont toujours appelé au féminin : la Brenta. L’histoire et les vieux souvenirs des terribles inondations subies par la population de la Vénétie centrale ont adopté le terme Brentana à la place d’alluvions. À l’époque romaine, le fleuve était désigné par Meduacus (au milieu de deux lacs , lacs d’origine et la lagune).
Durant le Moyen Âge apparaît le terme Brintesis, du latin gronder, rappelant les diverses inondations.

La Brenta, avec le Piave, est considéré un des deux fleuves qui ont généré la lagune de Venise. L’écoulement des eaux de la Brenta, à l’embouchure de la vallée du Canal de Brenta, au sud de Bassano del Grappa, a irrigué au cours des siècles l’actuel territoire compris entre le parcours du Bacchiglione, du Tergola et du Muson.

Fleuves de Vénétie

Au Moyen Âge le contrôle des parcours fluviaux était fondamental. Pour ce motif la Brenta fut l’objet principal de la bataille entre les cités de Padoue et de Venise parce que, à cause du delta du fleuve, les territoires sous contrôle de la Sérénissime n’étaient pas bien définis et acceptés.

Au XIIème siècle, durant la guerre de Padoue contre Venise, existait encore le vieux lit du Medeoacus Major appelé aussi Brentasecca qui reliait Dolo à Lugo di Campagna Lupia. Les habitants de Padoue essayèrent de le réactiver pour réduire le parcours entre la lagune et leur cité, et pour ne pas payer la gabelle. Padoue, vue, la nécessité de faire vite et manquant de moyens adaptés pour exécuter l’importante œuvre hydraulique entamera, durant une période de luttes militaires, les remblais du fleuve provoquant une dangereuse inondation avec le retour des zone humides et insalubres sur les terrains du delta déjà assainis. L’intervention fut à tel point grave que, pour faire front à cette situation, les moines bénédictins durent quitter leur abbaye et construire un nouveau château à Gambarare di Mira.

Les premiers documents de l’intérêt de la République de Venise pour les problèmes du contrôle de l’embouchure du Brenta sont de 1299. En 1330 l’historien vénitien Alvise Cornaro définit le problème de gestion des eaux du delta de la Brenta (insalubrité, sédimentation, alluvions) comme questa mala visìna (cette méchante voisine) que la Seigneurie devrait, selon son opinion, la porter un peu plus loin.

Tracé du Medoacus Maior et du Medoacus Minor - Temanza -1761

Avec le temps, les vénitiens constateront diverses modifications des parcours des fleuves, des ruisseaux, de leurs embouchures et des canaux de la lagune. Par exemple le canale dell’Orfano sera envasé au point de le rendre impraticable jusqu’en 1336, où il fut dragué.
Les préoccupations des gouvernants de la Sérénissime furent telles qu’ils décidèrent de bloquer les eaux de tous les fleuves qui débouchaient dans le lagune, en faisant construire un terre-plein parallèle à la terre-ferme avec l’objectif de dévier les eaux de l’embouchure de la Brenta Vecchia di Fusina vers la lagune de Malamocco. Cette œuvre, décidée le 16 février 1330 fut appelée la tajada (la tagliata en italien, la taillade en français) et fut terminée en 1339. Ce remblai, fait à environ 40 mètres de la limite de la lagune, fit confluer toutes les eaux des différents fleuves : Brenta Vecchia, Volpadego, Tergola, Clarino, Avesa, Laroncelo, Virgilio, Uxor (Lusore), Muson, Una, Bottenigo, Lenzina dans un canal appelé Brenta Resta d’Aglio. L’inexpérience hydraulique provoqua l’augmentation de la sédimentation des vieilles embouchures et un rehaussement des berges, avec comme conséquence l’inondation des territoires de Oriago et Gambarare. À la fin pour relâcher la pression, fut ouvert une décharge vers la lagune sur le canal Visigone.

Le 8 mars 1431 après la montée désastreuse de la Brenta à Oriago, qui avait provoqué l’inondation de la campagne, il est proposé la construction de deux déchargeurs sur le côté droit de la rivière : un en amont et l’autre en face Oriago, pour faire passer la masse d’eau dans deux détournements préexistants qu’avait fait creuser peut-être 50 ans plus tôt par Francesco da Carrara.
Toutefois, étant donné qu’une grande quantité d’eau serait versé dans les vallées de Sant’Ilario, en particulier vers Gambarare, Sambruson et Campagnalupia, ce projet souleva de vives protestations de la population avant même qu’il ne soit commencé.
Un fossé unique, nommé en raison des protestations de Malcontenti, sera construit à partir du 13 Octobre 1431.

Tracé du Taglio Nuovissimo del Brenta en 1610 - Zedrini - 1811

Le 8 mars 1903, Venise connu une marée exceptionnellement basse, immortalisée ci-dessous par Achille Beltrame dans la Domenica del Corriere. On peut voir le canal près du palazzo Van Axel.

Achille Beltrame


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