Le roman de Virginia Bart s’intitule le meilleur du monde comme un écho au meilleur des mondes d’Aldous Huxley que l’auteur cite d’ailleurs en exergue de son livre.
Pourtant la vie de l’héroïne Jeanne n’est qu’en apparence la meilleure du monde, elle a la vie dont tout le monde peut rêver, un super boulot dans le journalisme, une vie sociale active et un mari tendre et facile à vivre qui partage les mêmes goûts qu'elle : Nicolas. Mais son couple est dans une routine, ils n’ont pas d’enfant, passe leur temps à sortir tous les weekends pour se sentir vivant et se font des escapades lors de leurs vacances dans le Sud pour s’éloigner de la frénésie parisienne. Un soir, lors de vacances particulièrement ennuyante Jeanne revoit son amour de jeunesse Christophe qu’elle avait quitté sous la pression familiale, son envie de respectabilité et de rentrer dans le rang social. En effet Christophe est un musicien, bohème loin des conventions, de l’hypocrisie du milieu bourgeois où évolue Jeanne. Il est instinctif, se fout du regard des gens et enchaine les petits boulots pour continuer à vivre de sa passion.
Ces 2 êtres que tout oppose elle la réfléchie, cérébrale, la snob et lui le passionné, l’instinctif, détaché des considérations de réussite s’attirent pourtant comme des aimants.20 ans plus tard la passion et la magie réopère mais peut on changer de vie ? Rattraper le passé ? S’abandonner à une passion ?
Le roman s’interroge aussi sur la place de la femme dans la société, les rôles dans le couple, les différences de classe. Jeanne essaye désespérément de trouver un sens à sa vie, une place dans la société mais elle est prisonnière de son éducation, du regard des gens. Elle va tenter de s’en défaire mais son besoin d’analyser, de rationnaliser, sa vision de l’amour basée sur l’égalité, le don et le contre don se heurte au caractère et à la vision de Christophe.
J’ai aimé les hésitations du personnage principal, le récit de sa vie avant Christophe cette espèce de routine, ce vernis social qui se craquèle lors de sa rencontre avec Christophe. J’ai apprécié qu’elle veuille essayer de changer de vie, de vivre en harmonie avec elle-même en assumant sa relation avec lui. Elle est touchante quand elle se demande si un jour elle sera vraiment heureuse, si elle a fait le bon choix en essayant de voir la vie autrement, ses questionnements sur l’amour, la vie, l’éducation, la vision stéréotypée dans le couple, la société sont bien décrites. Il y aussi une belle réflexion sur la passion et que faire quand la routine entre dans un couple, comment la combattre, que vaut-il mieux une histoire passionnée avec un quelqu’un qui ne vous comprend pas totalement ou une histoire pépère, sans surprise, sans âme mais rassurante ?
La fin est émouvante et on comprend mieux l’aspect psychologique, la dissection par l’auteur des états d’âme de son personnage sur sa vie et sa relation à l’autre. Elle n’a pas choisi la facilité le personnage est parfois très attachant et limite agaçant par moment mais c’est un beau portrait de femme moderne. Des assignations contradictoires qu’on assigne à la femme aujourd’hui. Elle ressemble à des grandes amoureuses comme Jeanne de Maupassant, Emma de Flaubert et on se retrouve dans sa fragilité et sa force.
Finalement on a toute été un jour un peu Jeanne et c’est pour cela que le récit est fort, décrit bien et simplement la vie de cette femme. On se rend compte que la réussite sociale ne fait pas tout et que le bien être personnel est important et qu’il faut aller au-delà des apparences. Découvrez le récit de cette femme et essayer de comprendre ses choix de vie et sa difficulté à trouver sa place dans « le meilleur des mondes ».
Ps: Merci à l'équipe de Fémina de m'avoir permise de découvrir ce roman et comme c'est la journée de la femme petit clin d'oeil avec le récit de cette femme moderne