Farfadet à la télé mais troubadour sur la platine, Mathieu Saïkaly réussit son passage post Nouvelle Star. Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! « Mais je l’ai déjà vu quelque part lui? » Oui tous les jeudis soirs avec sa bouille tout sourire dehors et ses prestations sautillantes. Or c’est bien la mine sombre qu’il apparaît sur la pochette de son premier EP. Sombre ou sobre? Mathieu Saïkaly affiche apparemment le second choix. La couronne de fleurs ajoute cette dérision qui lui va si bien à moins que ça soit du lyrisme …
Dans les oreilles : Star des projecteurs à une époque, l’interprète passe au format audio dans un silence glacial ou un buzz retentissant. Mathieu Saïkaly a pris son temps. Et c’est un EP un peu déconcertant mais fort plaisant qui retient toute notre attention. Cliché cosmique avait annoncé la tendance : il sera en français dans un climat cotonneux et une pop suave. Le clip (avec paroles) avait donné du baume au coeur par son humour délicat et délicieux.
Mais après? Après, il revient à la langue de Shakespeare. Avec un si bon accent anglais pourquoi s’en priver? From Glass To Ice est toujours sur le jeu des textures et aussi des contrastes. Moins joviale, plus adulte, la chanson présente l’artiste sa guitare à la main en train de sublimer Elliott Smith ou Devendra Banhart avec un arrangement, allez, osons…. sublime. On pourrait en rester là mais Poison (berce du Caucase) vient encore ajouter un peu plus de mélancolie dans les coeurs. De la morosité mais d’une élégance folle.
Et comme Mathieu Saïkaly n’est pas qu’un chanteur mais aussi un auteur compositeur, on a droit a du rab avec un instrumental #2 aux cordes envoûtantes qui redonne envie d’entendre son joli timbre. Ah ! la voix la voilà! Mais qui est-ce? La nouvelle star s’est abonnée au service public depuis peu en donnant de la musique aux côtés de Nicolas Rey. Un duo sur les ondes de France Inter comme sur scène qui est s’inscrit à jamais dans La Folie par le texte de l’auteur et son débit si particulier. Et même si le chanteur ne fredonne que quelques notes du refrain, le manque n’est pas frustrant car une certaine complicité voire communion entre les deux artistes suffit à séduire. Le pari réussi s’achève sur « Canvas » comme la toile blanche d’une nouvelle aventure à écrire pour la Nouvelle Star. Celle de l’album peut-être…