Au Panthéon des héros français, tel qu’il se dessine hors de nos frontières, figure Napoléon dont la légende dorée perdure. Combien de fois ai-je entendu citer son nom avec admiration, en Chine, au Liban ou en Allemagne (où on lui reconnaît notamment un rôle de législateur de premier plan) ? A l’opposé, depuis quelques années, dans une France où la détestation de soi est devenue une mode, il est de bon ton de ne considérer que sa légende noire. En d’autres termes de voir en lui non le réformateur de l’Etat moderne, non l’inspirateur du Code civil puis du Code pénal, non celui qui mit fin à l’Inquisition espagnole, mais le Consul qui rétablit l’esclavage, le despote prédateur de libertés, le chef de guerre responsable d’innombrables morts. Les deux approches relèvent de l’excès et on leur préférera le regard humoristique que portent sur l’Empereur Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière dans une sorte de « roman graphique » qui vient d’être réédité un demi-siècle après sa première parution, Le Petit Napoléon illustré (Wombat, 128 pages, 13 €).