Ce sont des contes qui se succèdent. L’amour toujours, et la découverte, la subtilité des raisonnements, le jeu sans doute. C’est un livre paru en France en 1719, sur la base d’une publication italienne antérieure. Mais c’est un Anglais qui s’est emparé de son titre pour inventer le mot serendipity, sérendipité, apparu récemment dans nos dictionnaires français. Parce que les trois princes de Serendip (apparemment nom ancien de Ceylan) raisonnent avec habileté et semblent mettre en place les méthodes scientifiques de déduction encore en usage aujourd’hui. Pour ma part, je résume le principe de sérendipité en une phrase : « Il faut faire attention à ce qu’on trouve et pas seulement à ce qu’on cherche ». Mais il y a bien d’autres façons de le dire. Par exemple, que le chemin se fait en marchant. Et cheminer, on le fera beaucoup dans ces contes qui ont inspiré Zadig, de Voltaire. Des princesses, des rois, des jalousies, des amours, des courriers (dont je me demande comment ils circulaient aussi vite au XVIIIe siècle, comme s’ils anticipaient nos sms et nos mails), des châteaux, des jugements et des condamnations. Une ligne de conduite pour bien gouverner un royaume. Et l’apprentissage. Parfois, j’ai eu l’impression de lire ce que les oulipiens désignent sous le nom de « plagiat par anticipation ». Montesquieu (Les lettres persanes), Voltaire (Zadig), Laclos (Les liaisons dangereuses), et d’autres peuvent très bien y avoir trouvé de la matière. Et, même si les derniers récits m’ont semblé moins intéressants, il y a dans ce livre des moments très réjouissants où l’esprit brille de mille feux, de mille jeux.