Il peut être excentrique, intello parfois vandale. Il est assurément créatif, exclusif et urbain... j'ai nommé : le Street Art. Retour sur ce mouvement qui a su se réapproprier les codes de l'art contemporain ; et petit tour d'horizon sur Way Of Street Art, la galerie d'art virtuelle fraîchement inaugurée.-
L'art s'est déplacé de l'objet spécialisé en galerie vers l'environnement urbain réel. Allan Kaprow
Dessins dans les grottes préhistoriques, hiéroglyphes dans les pyramides d'Égypte, citations et adages dans les villas Patriciennes de la Rome Antique, messages codés dans les oubliettes des châteaux, prières et récits Bibliques dans les églises et monastères... depuis toujours, les murs ont eu droit à la parole. Graffitis, réclames, pochoirs, stickers, mosaïques... De nos jours, ces diverses techniques d'art réalisées dans cet espace libre et infini qu'est la rue, se sont imprimées dans notre inconscient. Ancré dans les codes et dans les mœurs, l'art urbain, communément appelé Street Art, fait désormais partie du quotidien de tout un chacun.
La généalogie de l'art urbain est multiple et complexe. L'Histoire affirme qu'il est né en Mai 68 dans un contexte de tensions politiques. Le phénomène Street Art a quant à lui, commencé à s'épanouir en France à partir des années 80. Mouvement artistique contemporain mêlant culture populaire et ADN underground, le Street Art fût fondé par une génération de créateurs qui ont su utiliser la ville et ses espaces publics comme support d'une expression iconoclaste et débridée. Bien souvent assimilé au vandalisme et à l'anti-consumérisme, le Street Art s'oppose à la consommation abusive trop souvent inutile et s'inscrit dans une démarche subversive et activiste.
Au fil des années, les Street Artistes ont su développer une esthétique et des codes visuels qui rivalisent avec les grands mouvements artistiques du siècle dernier.
Way of Street Art (#WOSA), est une plateforme artistique doublée d'une galerie virtuelle qui a pour ambition d'offrir au grand public un accès direct aux œuvres d'artistes triés sur le volet. " Mettre en avant les Street Artistes tout en restant proche des Wosariens " , tel est le crédo de Way Of Street Art.
#WOSA propose à la fois des œuvres via sa galerie en ligne et des services de personnalisation de casquettes, tableaux, fresques murales... Curieuse d'en savoir un peu plus, j'ai flâné pendant de longues heures sur cette galerie virtuelle et j'y ai découvert de belles pépites : un travail remarquable où subtilité et raffinement forment le duo parfait ! Aux antipodes des produits et services impersonnels qui peuplent le marché, la galerie Way Of Street Art propose un catalogue déjà bien fourni. Il est composé d'œuvres singulières réalisées à l'aide d'un arsenal de techniques combinant méthodes traditionnelles et procédés high-tech. Les artistes réinterprètent et remotivent la culture contemporaine avec une patte et une sensibilité extraordinaires, détournant ainsi les objets et symboles du quotidien pour en faire quelque chose d'unique.
Mon coup de coeur va cela dit aux ateliers d'éveil et de sensibilisation au Street Art, moyen d'expression viscéral et épanouissant. Les artistes de #WOSA ont déjà encadré avec succès des mineurs isolés et des enfants du CP à la 3ème. Une expérience à la fois ludique et éducative qui débouche pour certains sur un gain de confiance en soi et pour d'autres sur une passion nouvelle.
Artiste insaisissable tant ses œuvres sont complexes et polymorphes. Issu des milieux alternatifs et underground (Street Art, Musique) et anciennement Maître de cérémonie, cet autodidacte hyperactif aime susciter des sensations extrêmes. Au travers de ces installations, sculptures, peintures et bien d'autres pratiques, il crée des pièces allant du monumental au minuscule. Anti aime repousser sa technique et ses idées dans leurs derniers retranchements pour donner vie à sa conception du recyclage, vu comme processus de transcendance et de réincarnation des matériaux. Ses travaux s'inscrivent à la croisée du Street Art et du God Art.
Le travail de L'insecte repose sur de solides bases du graffiti old school visant à détourner les règles de la typographie. Il puise son inspiration dans les pratiques contemporaines du graffiti, dans la culture de la rue et de ses ambiances, en se recueillant dans ces terrains abandonnés qui après son passage retrouvent une seconde vie. Nourries par l'art du tatouage avec une palette funky ou monochrome, ses peintures ont pour dénominateur commun un style typographique très soigné, véritable travail de fourmi. Sa devise, " crée ou crève ", résume sa vision d'un monde où chacun est l'insecte qu'il mérite.
Baptisée " Top Chef " par le journal Libération, Vivi Mac est une artiste plasticienne spécialisée dans le food art. Pour L'Express, Vivi Mac est bluffante ! En effet, son portrait de François Hollande réalisé en flan de caramel Flanby a été diffusé au Grand Journal de Canal +. Presque 30 000 likes sur sa page Facebook et des milliers de partages ont accompagné son Barack Obama en sucre de canne " Yes We Can ", son Hitler en chocolat ainsi que le capitaine Jack Sparrow en rhum.
Acteur incontournable du graffiti français, Shuck 2 a commencé le tag en 1988 sous le pseudonyme de Strive et le graffiti dès 1989 en tant que Shuck puis Shuck 2. Au-delà d'un talent reconnu de la rue aux galeries, son parcours reflète l'implication et l'engagement d'un homme idéaliste et sincère. Il vend l'une de ses premières toiles à Philippe Manoeuvre lors d'une exposition à Tignes. Précurseur du graffiti en arabe depuis 1995, il explore aujourd'hui les nouvelles possibilités de cet alphabet. Cet exercice de calligraphie moderne sort des sentiers battus et lui offre des perspectives d'évolution qu'il explore et enrichit au cours de ses différents voyages au Moyen-Orient.
Après une période initiatique consacrée au tag sur murs, trains, et rideaux de fer, TEAM s'est tourné vers la réalisation de fresques et de toiles. Fondateur du collectif GANG BANGERZ, il intégra par la suite le crew international des ODV. Planche de skate, palette, plexiglas et extincteur, aucun support ne résiste à ce designer et recycleur d'objets en tout genre. Performeur live, il affectionne particulièrement le Body Painting, fruit de son affinité pour la matière vivante. Il parcourt l'Europe pour nourrir sa créativité et participe à de nombreux festivals, jams et autres laboratoires de l'art contemporain.
De nationalité franco-hollandaise, Vic Just aka Victorio Di Giusto est un artiste de 28 ans né à Amsterdam. Autodidacte, sa première approche de l'art se fait par le graffiti. Il a fait des études artistiques à Bruxelles tout en parcourant le monde dont le Maroc, l'Inde, le Népal et la Thaïlande. Vic Just puise son inspiration à travers ses voyages pour nourrir ses productions toujours plus originales et viscérales. Il saisit l'immatérialité de la lumière, source du mouvement, du temps, de la vie, explorant l'infini avec ses jeux d'illusions d'optiques. De Barcelone à Bruxelles, il enchaine les expositions et a récemment remporté le Grand Prix de la Ville au Salon International d'arts plastiques de Béziers.
C'est au numéro 68 du quai de Loire, au Bar Ourcq, que j'ai retrouvé Geoffrey, aka 2H, un ancien de mon école de commerce. Autour d'un café, il s'est prêté au jeu de l'interview pour répondre à mes questions -pas très- indiscrètes.
2H est un artiste issu des Yvelines (78) qui pratique le graffiti depuis bientôt 11 ans. Sa proximité avec la rue et sa passion du graff ont façonné son style simple et efficace autant qu'elles ont affûté son caractère. Comme créateur de performances ou intervenant Street Art en milieu scolaire lors de ces ateliers d'éveil et de sensibilisation au Street Art, 2H sait capter tout type de public. Il est une cible mouvante qui n'est jamais là où on l'attend. Dans la rue, les terrains vagues, les squats et lieux d'exposition, il enchaîne les productions colorées.
Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaissent pas ?
Geoffrey Baptis, 26 ans, passionné de Street Art, diplômé d'un Master en développement commercial, option entrepreneuriat. Je fais du graffitis depuis 2004.
Comment et quand as-tu découvert le Street Art ?
J'ai ressenti une réelle démocratisation en 2010.. toutes les publicités ont commencé a prendre possession du graffitis. J'ai découvert le graff en prenant le RER petit, ce fût ma première approche. Pour moi le Street Art c'est de l'art de rue. Ce que j'aime bien, c'est qu'il y a vraiment un message véhiculé et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a maintenant une dimension politique et engagée. Mon histoire a démarré quand je suis passé dans un skate shop... j'ai eu un coup de foudre pour un gros tube ; quand j'ai ouvert le bouchon, il y avait une mèche et c'est parti ! J'ai commencé à tout taguer (rires).
Parle-nous de #WOSA. D'où t'es venue l'idée ?
Je t'avoue que je n'ai jamais trouvé ma place ailleurs que dans ce qui touche à ma passion. Ce qui me faut, c'est un truc stimulant ! J'ai commencé par vendre des casquettes en 2008 et quand j'ai commencé à graffer et à vendre des toiles.. je me suis rendu compte que c'était exactement ce que je voulais faire ! Conscient des multiples possibilités qu'offre le Street Art, l'idée de réunir des artistes qui partagent un champs de compétence complémentaire m'est venue naturellement. La question qui s'est donc posée c'est : pourquoi pas créer un site alternatif qui permet à tout le monde de se retrouver. En créant #WOSA, j'ai eu envie, sans prétention, d' " éduquer " les gens sur le Street Art. Réunir un maximum d'artiste pas forcément complémentaires mais surtout diversifié !
Où puises-tu ton inspiration ?
Dans la vie de tous les jours, la rue, les terrains vagues, l'odeur de l'automne et des feuilles qui glissent sous mes pas, une série TV.. tout peut m'inspirer. Quand tu es quelqu'un d'inspiré, tu es censé être attentif à tous les détails ^^
Comment vis-tu l'aventure entrepreneuriale ?
Franchement, je savais que ça allait être dur, je m'y étais préparais. Pour moi c'est la guerre (rires). Le seul problème que je n'avais pas calculé, c'est le temps que ça me prend ! J'adore ce que je fais mais je dois constamment jongler entre plusieurs choses. C'est passionnant ! Je me sens merveilleusement bien.. même si je travaille beaucoup ! Il n'y a pas de pause, je vis la chose à 100% !
Des projets à court, moyen et long terme ?
Développer mon site et l'objectif c'est de donner du sens à ce que je fais ! Plein de projets mais toujours en relation avec#WOSA !
Une info exclusive à partager aux lecteurs de c0cooning ?
Il y a un clip qui sort dans 2/3 semaines qui sera super sympa ! Je vais organiser des expos dans une galerie à Houilles. Faire une exposition en réelle des tableaux et des artistes que je fédère via le site lors d'un vernissage pour que les gens puissent rencontrer les artistes.
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Une illuminée de plus dans la nature ! Étudiante de 24 ans en communication et relations presse. Bonne vivante à temps plein et blogueuse à mes heures pas perdues. D'un naturel passionné, je prêche l'épicurisme auprès de mes semblables. Geekette dans l'âme, j'aime traiter de sujets divers et variés. Vive l'éclectisme !