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Chronique dessinée | "Le Malade imaginaire" au TNS [Part II]

Publié le 17 mars 2015 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Il y a une semaine a eu lieu la première du Malade Imaginaire au TNS. Nous nous y sommes rendus avec Jean-Charles afin de découvrir cette pièce mais aussi de voir les décors que nous avions vu en cours de réalisation en décembre dernier et dont nous vous avions parlé là. Retour sur un classique de Molière qui mêle absurde, égoïsme, manipulation, lavements et amour filial.

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La mise en scène  est signée Michel Didym qui a opté pour une scénographie à la fois dépouillée mais élégante et qui dénote de la richesse du héros de la pièce: Argan, alias notre Malade Imaginaire. On le découvre seul sur scène à faire le décompte des lavements et médecines qu'il a pris durant le mois, à faire des comparatifs avec le mois précédent, ah mais il n'y en a pas eu autant, normal qu'il se sente moins bien que précédemment. Pour cet homme, père de deux filles, veuf mais remarié, tout tourne autour de sa santé et uniquement cela. Il agace tout son entourage avec cette obsession, en effet, il serait plus mal s'il ne prenait rien... Cette solitude sur scène, le fait que personne ne réponde à ses appels au début, dénote bien de cet agacement, en effet, pourquoi se "soigne-t-il" alors qu'il n'en a nul besoin? Lui, par contre, se plaint: "est-il possible qu'on laisse un pauvre malade tout seul?"

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Mais comment lutter contre une telle obsession? C'est ce que l'on va découvrir tout au long de la pièce. Un élément va inciter sa famille, ses compagnons, à s'opposer à lui et à ses habitudes de prendre des lavements: il souhaite marier son aînée... De façon très logique, ce sera à un médecin, un futur médecin en fait. Hélas, le cœur d'Angélique bat déjà pour quelqu'un et elle n'est pas prête à épouser Thomas Diafoirus.

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Dans cette pièce, il est question de caricature. Les portraits dépeints par Molière et mis en scène par Michel Didym  sont exagérés, caricaturaux, ils sont à la fois drôles et pathétiques. Les manipulations, qui sont mises en œuvre, présentent une famille et un monde où beaucoup des personnages joués luttent pour leur bien être et ne soucient à aucun moment des autres. Le malade, par exemple, souhaite que sa fille épouse un médecin, il pourra ainsi s'occuper de sa santé à lui, malin, non? La belle-mère se fait caressante, amoureuse, tendre avec son époux qui souhaite qu'elle fasse venir un notaire pour qu'elle hérite de ses biens plutôt que ses filles, elle souhaite d'ailleurs que ces dernières entrent au couvent, comme cela point de dote à verser... Elle le pousse aussi dans sa quête de santé, peut-être mourra-t-il plus rapidement ainsi, bien pensé, non? Et plus il meurt tôt, moins il dilapidera son argent en traitements inutiles. 

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Les médecins, quant à eux, voient leur intérêt, vendre et bien vivre, avoir l'air intelligents, tout en n'étant pas d'accord entre eux des maux dont souffre leur patient. Néanmoins, ils ont conscience de leurs limites et ne s'en cachent pas. Ils n'ont pas non plus peur du ridicule... Le promis d'Angélique n'est pas capable de reprendre sa présentation d'hommage si on le coupe, un rien le perturbe le pauvre. Il se trompe aussi, le discours qu'il est sensé déclamer à la future belle-mère, il le dit avec emphase à sa belle... Bref, un sens de l'observation quelque peu discutable qui n'a pourtant pas mis la puce à l'oreille du Malade quant à l'incompétence de ces médecins.

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La mise en scène et les acteurs nous convient dans l'univers de Molière mais un Molière dont on se rend compte qu'il reste terriblement actuel. L'absurdité est poussée à son summum, les manipulations et la crédulité de certains des personnages aussi. Le monde est tourné en ridicule et tout le monde en prend à un moment ou à un autre pour son grade. À voir jusqu'à samedi au TNS!

Jean-Charles et Cécile.

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Du mardi 10 au samedi 21 mars 2015

Horaires : Du mardi au samedi à 20h, dimanche 15 mars à 16h

Relâche : lundi 16 mars

TNS Salle Koltès

Durée : 2 heures

Production Centre Dramatique National Nancy ― Lorraine, La Manufacture TNS ― Théâtre National de Strasbourg / Théâtre de Liège / Célestins, Théâtre de Lyon

Construction du décor ― Ateliers du Théâtre National de Strasbourg, Ateliers du Centre Dramatique National Nancy ― Lorraine

Réalisation des costumes ― Ateliers du Théâtre de Liège / Séverine Thiébault Avec la participation artistique du Jeune théâtre national

Spectacle créé le 13 janvier 2015 au Centre Dramatique National Nancy ― Lorraine


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