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Les jardins d'émeraude

Publié le 20 mars 2015 par Montagnessavoie
Jacques David, Les jardins d'émeraude, 2007.
Ou comment souffrir dès la première ligne pour arriver à ses fins intellectuelles...
Je suis en ce moment en train de travailler sur les émeraudes pour un prochain roman. J'ai donc besoin de documentation sur tout ce qui est mines, commerce, taille des pierres précieuses et vocabulaire technique. Ayant déniché ce roman qui semblait coller au sujet, je l'ai commandé et me suis mise à essayer d'y trouver mon bonheur. En fait, j'ai pris un certain nombre de notes assez essentielles pour mes recherches, mais, pour cela, j'ai dû me farcir un livre au style assez déroutant. N'ayons pas peur des mots : c'est mauvais. Le fond, la forme, un peu tout. Ce jugement n'obéit à aucune prétention mal placée : j'écris et suis hautement exigeante envers moi-même, souvent trop, de là à dénigrer mon boulot avec peut-être un peu trop de réalisme. Mais cette fois, je me sens surpassée dans la nullité. C'est dire ! J'ai dû affronter des passages mièvres où l'auteur compare le vert des prairies de sa Normandie familiale avec le vert intense des gemmes, des couplets doucereux sur sa visite de la mine qui se convertit en un épisode qui nous ferait croire au côté bucolique de l'enfer souterrain, séquence larme à l'oeil comprise dans le forfait. Et puis, il y a le moment où l'auteur se lâche : plusieurs chapitres totalement érotiques où le monsieur en question nous étale sans vergogne la description ultra détaillée des ébats entre son personnage lapidaire prisonnier des rebelles et Maria, la belle guerillera. Honnêtement, je me demande encore si tout cela était vraiment nécessaire et si ça apporte réellement quelque chose au récit. Passer du monde de Bisounours à celui de Rocco Siffredi en quelques lignes, j'avoue y avoir perdu mon latin. Quel est l'intérêt ? Aucune idée. Apporter un peu de piment à un récit trop plat ? Franchement indigeste. Exprimer les fantasmes de l'auteur ? Faire vendre ? Je n'ai même pas envie de me poser la question tellement j'ai trouvé ça lourd, sans aucune classe, déplacé. Je ne fais pas ma mijorée, je parle style et talent d'écriture, deux éléments absent de ce roman décidément déroutant. Pour finir, j'ai trouvé insupportable le refrain complaisant et sans nuance sur la guerilla, la vision romantique et dépassée du rebelle de la jungle. On croirait entendre Jean-Luc Mélanchon faire de la pub pour Cuba et sa situation économique et politique paradisiaque. Dans le genre manichéiste, je pense qu'on a très rarement fait pire. Alors, oui, j'ai trouvé le nom des outils du lapidaire, j'ai appris les bases du métier et je suis un peu moins ignorante sur le milieu de l'émeraude. Mais je l'ai payée cher, ma documentation technique !

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