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Christine And The Queens au Cirque Royal, Bruxelles, le 17 mars 2015

Publié le 17 mars 2015 par Concerts-Review
Christine And The Queens au Cirque Royal, Bruxelles, le 17 mars 2015

Organisation:Live Nation +Botanique

Le billet de JPROCK :

Sacré dilemme…
Dois- je enjoliver mon avis afin de ne pas choquer les fans purs et durs d’ Heloïse Letissier, ou me la jouer franco et rejoindre le clan de ceux que

Christine and The Queens laisse froids et récolter pendant quelques semaines un flot massif d’insultes et griefs de la part des premiers ?
Comme j’ai toujours essayé d’être le plus sincère possible dans mes chroniques sans jamais tomber dans la méchanceté gratuite, je vais donc me lâcher.
Vous voilà donc prévenus, si vous faites parties de ces inconditionnels pour qui un avis contraire au vôtre est interprété comme une déclaration de guerre et une faute de goût évidente, il vaut mieux que vous interrompiez ici la lecture de ce billet.
Pour les autres, les curieux, ceux qui aiment peser le pour et le contre, les anti moutons de Panurge et anti-système, bienvenue dans une chronique subjective qui n’engage que moi.

Nous sommes donc mardi 17 mars et leCirque Royal est comble.
Rien d’étonnant à ça car Christine and The Queens est incontestablement la révélation d’une scène française indie qui se cherche.
Portée par l’excellent single « Saint Claude » balancé à outrance sur toutes les radios et médias du monde (enfin presque...) Heloïse Letissier surfe sur une vague en or.
Encensée par les critiques ( la plupart), acclamée par un public en mal de nouvelles sensations et soutenue par sa maison de disques qui se frotte les mains au vu des ventes de l’album, la jeune femme a en effet tout mis en place pour surprendre. Une approche nouvelle (enfin, heu, pas tellement finalement) de la composition, un look étudié, et une pseudo crédibilité forgée au fil des médias qui la présentent comme une nouvelle étoile venue d’ailleurs créative et étonnante, sorte d’ovni sorti de nulle part dans ce monde de brutes.
Bref le succès est au rendez-vous et on ne peut que s’en réjouir pour elle, le problème n’est pas là.
Mais il y a a un mais, et même plusieurs…
Un collègue qui avait assisté à sa prestation au Botanique m’avait fait part de son avis et en était ressorti peu convaincu.
J’attendais donc de juger par moi même. Je suis venu, j’ai vu, et j’ai été déçu.

Vers 20h la soirée débute avec Paradis, duo français qui fait de l’électro pop légère pas toujours inspirée mais plaisante, avec notamment une étonnante et très bonne reprise à leur sauce de " La Ballade de Jim " d’Alain Souchon.
Dommage que les deux amis Sinon Mény et Pierre Rousseau soient cachés derrière leur gros pupitre où trônent claviers Roland et Mac pros, on aimerait plus de présence scénique et un meilleur contact avec un public qui n’attend que ça.
Néanmoins c’est une mise en bouche agréable et on attend le futur album avec une certaine impatience.

Le temps de souffler un peu et d’aller s’en jeter une bien fraîche au bar et le show de Christine and the Queens commence devant un public tout acquis à sa cause.

Personnellement passé les deux premiers titres je me dis que la demoiselle a beau se la jouer inventive, se baser sur un concept danse-musique-lights cohérents et jouer la recherche d’ originalité, ça ne suffit pas pour passionner 90 minutes durant.
Un truc me gêne, je ne rentre jamais réellement dedans, et je cherche des comparaisons. Puis soudain je pense à Camille , vue dans cette même salle et qui m’avait fait le même effet, une impression de nouveauté certes mais couplée à peu de matière lorsqu’on gratte un peu l'emballage.
Musicalement Christine and the Queens propose des orchestrations minimalistes et assez pauvres basées sur des loops et un soutien guitare-basse, le tout sauvé en partie par les textes que certains trouveront géniaux mais que perso je qualifie de pseudo branchés et souvent vachement prétentieux.
N’est pas Bashung ou Djian qui veut…
Et Héloïse a beau être très sympa et souriante ( ce que je reconnais volontiers) et multiplier les « Ca va Bruxelles , « et autres compliments téléphonés et répétés à son public, le naturel de la demoiselle est lui peu présent étouffé par un maniérisme calculé à l’extrême et une gestuelle qui émane du personnage qu’elle incarne et dont elle se retrouve prisonnière.
Le charisme on l’a ou pas, après ça se travaille mais ça n’est jamais la même chose que lorsque c’est inné. Et de ce côté là, le bât blesse, en tout cas moi tous ces chichis me laissent froid.
Bref je m’ennuie ferme, lassé sur la longueur par les effets vocaux calculés et les chorégraphies volontairement décousues et faussement géniales (on a déjà vu bien mieux) proposées tout au long d’un show dont l’émotion et le naturel sont quasi absents.
C’est beau comme une page de papier glacé, mais ça ne sent pas la sueur.

Dommage.
L’artiste nous parle pourtant de « Chaleur Humaine » dans un titre qu’elle qualifie de slow et où elle encourage les gens à se rencontrer. On aimerait moins de conseils, mais plus de sincérité Mademoiselle, l’émotion ne se commande pas, elle se ressent et se vit spontanément, naturellement et pas sur commande.
Ceci dit vu l’accueil enthousiaste du public tout au long du set, Christine and the Queens a marqué des points ce soir au Cirque il ne faut pas le nier, mais il est clair que la jeune femme et son groupe se posent en digne produit d’une société actuelle qui dans beaucoup de domaines soigne énormément la forme et néglige le fond.
Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui perd ses valeurs essentielles.
On vit vite, on meurt vite, on jette ses rêves et ses amours comme des kleenex, et dans un univers où internet est omniprésent et réunit les deux pôles de notre monde par l’intermédiaire d’un écran et d’un flux, chacun se la joue hélas de plus en plus solo.
Et Christine and the Queens représente tout ça : une froideur élégamment esthétique, une image intellectuellement étudiée qui crée le hype, le tout soutenu par beaucoup de promo et peu de spontanéité.
Pour ma part je reste assez hermétique à cet exercice de style qui ne me touche pas en live, et qui simplement me fait passer un bon moment lorsque j’écoute l’album, mais sans plus.
Mais de là à crier au génie…

Bref, pendant plus d’une heure trente je me suis donc copieusement ennuyé, et jamais le groupe n’a réussi à m’attraper et à me faire pénétrer dans son univers.
Même sa relecture des « Paradis Perdus » me semble bien fadasse au vu du chef-d’oeuvre émotionnel créé initialement par Christophe.
Mais je suis bon prince je vais mettre ça sans nul doute sur le compte du fossé des générations, et paraphrasant mes futurs détracteurs je me dis que je suis un gros nul qui n’a sûrement rien compris à une démarche artistique encensée par un large public qui lui ne se trompe jamais.
Cynique, moi ?

Mais non voyons, pas un seul instant !

Texte et photos : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK

Setlist ( sous réserves) :
Starshipper
Half Ladies
iT
Science Fiction
Photos Souvenirs
(William Sheller cover)
Paradis Perdus
(Christophe cover) (with Kanye West "Heartless" chorus)
Christine
Who Is It
(Michael Jackson cover)
Narcissus Is Back
Ugly-Pretty
Dessassossego
Chaleur Humaine
Saint Claude
Here
Encore:
Safe And Holy
The Loving Cup
Encore 2:
Nuit 17 à 52


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