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Soap

Par Rob Gordon
SoapQuel est l'idiot qui a encore osé parler d'Almodovar à propos de ce Soap ? Il commence à devenir franchement fatigant que ce cher Pedro soit cité à tort et à travers dès qu'un film inclut un personnage de transsexuel. Le film de Pernille Fischer Christensen n'a pourtant rien à voir avec la frénésie galopante du cinéaste espagnol : situé au Danemark, Soap possède cette petite froideur très nordique qu'on pourrait rapprocher de celle des films estampillés Dogma si cette comparaison ne relevait pas elle aussi du pire des stéréotypes. Soap, c'est une comédie à la danoise, pratiquant un humour à froid moins savoureux que celui des voisins suédois (Roy Andersson, Lukas Moodysson) ou norvégiens (le génial Bent Hamer).
On suit la rencontre quotidienne de deux voisines, l'une étant une femme perpétuellement insatisfaite, l'autre un trans qui soigne sa solitude en suivant assidûment un soap opera bien stupide comme toutes les télés du monde savent en produire. De petits moments touchants et parfois drôles, vignettes portant un regard plus ou moins désabusé sur notre monde. L'une des bonnes idées de Christensen est d'illustrer régulièrement le propos par de petites séquences façon soap, justement, une voix off très très sérieuse effectuant une sorte de "résumé des épisodes précédents" tandis qu'à l'image défilent de magnifiques photos des personnages. Ce côté décalé aurait peut-être dû être exploité davantage, et aurait permis à Soap de se démarquer réellement de la masse des films indépendants parlant d'amour, qui arrivent chaque mois sur nos écrans en manquant souvent d'une identité forte.
Il n'empêche : le discours sur l'amour évite la rengaine habituelle, et le regard porté sur les transsexuels en fait pour une fois autre chose que des folles tordues ne parlant que de shopping, de sexe et de talons hauts. Christensen n'utilise pas son personnage comme un monstre de foire ou un plan marketing, mais simplement pour décrire un mal-être, une confusion et une solitude au coeur d'un même être humain. Si l'on devait comparer cette Veroniva à un autre transsexuel de cinéma, ce serait moins à ceux d'Almodovar qu'à celui interprété par Felicity Huffman dans Transamerica. Un film qui offrait un regard emphatique et décalé sur une situation forcément marginale.
6/10

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