« Le bruit des autres »
LOYD Amy Grace
(Stock)
Le Lecteur est perplexe. Transparaissent dans ce roman d’évidentes qualités littéraires auxquelles il ne fut pas insensible. La description du microcosme, sorte de reflet de la société américaine, dans la maison de Brooklyn où Celia, jeune veuve, loue quelques appartements s’avère plutôt convaincante. Le départ (provisoire) d’un de ses locataires va peu à peu faire vaciller les fragiles équilibres que la propriétaire avait jusqu’alors su préserver. Hope, femme divorcée, succède à George (qui entreprend un voyage en Europe) dans le studio qu’il occupait juste au-dessus de l’appartement de Celia. Là où la jeune veuve vit au milieu de ses livres dans une aisance relative. Où elle prend soin de ses locataires. En particulier d’un vieux bourlingueur qui se refuse, contre l’avis de ses proches, à intégrer un mouroir. Mais voilà, le bruit des autres s’impose à elle. Lentement. Inexorablement. Un bruit diffus qui provient de l’appartement qu’occupe désormais Hope. Un bruit qui peu à peu se précise. Les pilules miracles dont fait usage Celia n’y peuvent mais. La voilà comme associée malgré elle à un processus qui bouleversera son existence.
La perplexité du Lecteur résulte non pas tant du contexte imaginé par l’Auteure que de la façon dont il l’a, Lui, perçu. La juxtaposition des solitudes fait naître une atmosphère étrange dont chacun des protagonistes essaie de s’extraire à la mode américaine, de manière individuelle. Il n’est que Celia pour tenter de nouer quelques liens, pour tenter de sauver ce qui peut l’être encore. Cela donne un roman en gris pâle, sans trop de nuances, avec si peu de traits rageurs lorsque la violence fait irruption dans le récit.