Ahhh le collège...les copines, les garçons, les yeux doux, les jalousies, la cantine, les premières sorties, re-les garçons, les cours, les petits mots glissés sous la table "tu l'aimes?" "il embrasse bien?" "tu crois que machine est amoureuse de qui?"...On peut vivre l'adolescence comme cela, simplement même si cette période n'est pas si facile pour se construire et surtout, le regard des autres tellement impitoyable. Je me souviens avoir récemment partagé avec des amies les surnoms qui nous ont été donnés à l'adolescence par les autres. En chacun de nous, ils sont restés, ils ont fait mal, ils nous ont construit en quelque sorte, de la plus dure manière qu'il soit. Bref le collège, période vraiment pas simple....encore moins quand ces mots restent, quand ils vous taillent une réputation comme ils vous taillent l'intérieur de votre corps et de votre âme.
Léa est en classe et tombe sous le charme du beau garçon de l'école Mattéo. Paraît qu'il les enchaîne les conquêtes mais avec elle cela semble différent. Les rumeurs vont bon train et peu à peu effectivement Léa sort avec Mattéo. Entre pression du jeune garçon pour aller "plus loin", jalousies à peine masquées des "amies", Léa va un peu se perdre dans ce tourbillon de sentiments nouveaux. Lors d'une soirée fille qui ressemble bien à un traquenard, Léa se fait prendre en photo, un peu dénudée, et envoyée sur les réseaux sociaux (bien évidemment)....c'est bientôt l'enfer pour Léa au collège. Reniement des proches amies, de Mattéo, rumeurs destructrices, insultes, isolement...Voilà ce qui est décrit dans ce livre pourtant si doux et coloré sous les traits de Stéphanie Rubini. La dure loi des ados ou comment une jeune fille sans histoire se voit harcelée et détruite. Ses parents sont désemparés mais la honte la submerge pour oser en parler. Avec beaucoup de féminité dans le traité en opposition avec la dureté des dialogues, on sombre avec Léa. Cette histoire, Charlotte Bousquet l'a vécue, plus ou moins. En tout état de cause, elle en a souffert pendant deux ans. Imaginons aujourd'hui avec les réseaux sociaux comme ce nombre d'histoires peut se multiplier, comme il est finalement facile de faire du mal.
Encore une fois le duo Charlotte Bousquet /Stéphanie Rubini est parfait. Sous les dessins féminins, doux, colorés de Stéphanie, se cache la dure histoire écrite par Charlotte Bousquet. Cette BD vient après Rouge Tagada et la suite est déjà sortie avec "Bulles et Blues". Encore une fois je suis bluffée de la qualité des livres, romans, BD pour les ados. J'espère mais je ne doute pas que cela permet de parler de ces sujets. Le collège est définitivement une période difficile pour se construire et il est bon de rappeler à quel point la destruction peut faire du mal. La morale sur la différence et la bienveillance est aussi intéressante sur la fin. J'aime beaucoup la puissance des titres et la beauté des BD dans leur couleur cachant systématiquement une toute autre facette de l'histoire. J'ai hâte de lire le 3e opus de cette série où le personnage de Chloé, stigmatisé dans Mots Rumeurs, Mots cutter par ses camarades en est l'héroïne et permet de traiter la difficulté d'être soi.
A partir de 13 ans.