Dans une maison anglaise, une femme, mère de trois enfants et épouse d’un médecin, s’ennuie et se sent oppressée par cette vie qui ronronne sans fantaisie ni fougue. Le couple n’a plus de relation sexuelle depuis la naissance du dernier enfant et s’installe entre eux un vide sidéral sentimental. Elle gamberge et pour s’extirper de sa torpeur, elle plonge dans sa mémoire et effeuille un à un ses souvenirs depuis son adolescence en Australie entre un père grossier et une belle-mère rigide, la découverte du sexe avec Tol, un homme plus âgé, écrivain en panne d’inspiration mais amant hors pair qu’elle n’a jamais pu oublier. Avec lui, elle a connu moult pratiques et jeux sexuels.
Mais cette longue promenade dans les tréfonds de son âme va-t-elle l’aider à dire au revoir à Tol, celui qui a laissé dans sa tête et son corps d’irréversibles stigmates, l’a révélée à elle-même.
Un récit sans conventions, croustillant, juste un rien grivois, sur la passion dévastatrice et magnifique à la fois. Ou comment le désir peut-il fluctuer d’une époque à l’autre de sa vie, depuis la découverte, puis la perte, la résurrection enfin ?

L’écriture est enlevée, le rythme soutenu du début à la fin du récit. L’érotisme séjourne entre les lignes et donne un ton chaleureux à cette histoire de femme un peu mélancolique, presque résignée.
Un plaidoyer sur le manque et le désir qui naît puis s’étiole, pour renaître auprès d’un autre aimé qui fait perdre la raison, le souvenir de caresses qui transportent et embrasent, d’un amant que l’on ne rencontrera pas deux fois dans sa vie.
Certes le récit est intéressant, bien mené, mais j’ai ressenti une déception toutefois, la désormais coutumière et peu originale thématique de l’exploitation des souvenirs dans laquelle chacun d’entre nous se reconnaît… Ici en revanche, les petites touches d’érotisme subtilement disséminées parviennent à sauver l’histoire.
Avec mon corps par Nikky Gemmell, éd. Au Diable Vauvert
Date de parution : 22/01/2015