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La ville de Bordeaux a été élue en février dernier meilleure destination européenne 2015 dans un classement établi par European Best Destination ; devant Lisbonne et Athènes. Devant Londres, Rome ou Berlin. Mais, lorsqu’on compare le nombre de visiteurs qu’accueille Bordeaux (2,5 millions par an) et le nombre de touristes visitant Paris (47 millions par an), il y a de quoi s’interroger sur un tel écart alors que la ville n’est qu’à 3h de TGV (2h en 2017) de la gare Montparnasse.
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Le vote s’est fait par une consultation en ligne durant trois semaines ; et les clips promotionnels réalisés par l’office de Tourisme de la ville, ainsi que l’implication de tous les acteurs locaux (dont Alain Juppé) ne sont pas étrangers à ce succès. Mais, en dehors du prestige, de quels arguments la ville dispose t-elle pour défendre ce titre de « meilleure destination touristique » en Europe ?
Les vignobles
700 millions de bouteilles de vin produites par an.
14 000 producteurs.
117 514 hectares de vigne.
400 négociants.
Un chiffre d’affaires de 14,5 milliards d’euros.
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Oui, Bordeaux est la capitale mondiale du vin. On y compte quelques uns des domaines les plus prestigieux du monde et très rares sont les brasseries, les cavistes, les cafés ou les restaurants français, bas de gamme ou luxueux, qui ne disposent pas d’au moins une bouteille de Bordeaux à proposer à leur client. Et la ville devient la vitrine, et le meilleur ambassadeur de ce produit.
C’est le vin rouge emblématique ; une certaine idée du « caractère » français, corsé, fort, râleur et rêche. Et les paysages de vignobles, et le tour des cavistes, et les parcours gastronomiques proposant de goûter à toute une palette de Bordeaux en une seule journée, ne s’y trompent pas lorsqu’ils proposent, aux touristes fascinés, une certaine expérience de la France en bouche.
Mais la concurrence internationale – californienne, chilienne, argentine, australienne – est rude ; et le vignoble est en crise. Les prix baissent, et le nombre de producteurs diminue de plus en plus.
Un riche patrimoine historique
Les différentes « merveilles » de la ville (le miroir d’eau, le Grand Théatre, le pont Chaban Delmas, le tram, le soleil, le musée d’art contemporain), érigés en symboles bordelais par l’office du tourisme, donnent un certain caractère et quelques « incontournables » à voir / à faire, mais ne suffisent pas à expliquer l’attrait de la ville.
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Peut-être s’agit-il de son histoire : la ville existait déjà avant Jésus, et le nom de Burdigala est attesté au moins au Ier siècle apr. JC. Autant dire que le patrimoine historique est riche de deux millénaires de traditions, de folklore, de bâtiments et de cultes. Le port de la Lune, joliment nommé, a été nommé au patrimoine mondial de l’Unesco
Mais, au-delà de l’art et la culture, c’est une ambiance bordelaise qu’on apprécie vivre ; ses petits cafés, ses nombreuses échoppes où les tenanciers, d’origine maghrébine, offrent un thé vert à la menthe avec l’amabilité et la bonne humeur attachés à ces pays. Sa longue façade fluviale où l’on se balade ; des prix abordables, le confort des grandes villes et la richesse d’une programmation culturelle soutenue par de nombreuses aides. Le vin qu’on apprécie en terrasse, au soleil, en profitant des douces températures qu’offre la ville ; une taille humaine, ni trop grouillante de monde, ni trop vide ; un parfait équilibre entre le temps de vivre et l’exaltation intellectuelle de l’urbain.
Une porte d’entrée vers l’Aquitaine
L’Aquitaine et la Bretagne sont mes deux régions préférées en France. Celles dont je suis tombé amoureux et que je défendrais bec et ongles face à quiconque me dirait qu’il existe de plus chouettes endroits sur Terre.
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L’Aquitaine, c’est la côte Basque et ses superbes paysages découpés par les vagues et les surfeurs de Biarritz ; c’est le Massif central à l’est, l’Atlantique à l’ouest, et les Pyrénées au sud. Le bassin d’Arcachon et ses huitres, les vignes à perte de vue. La première région agricole française, les pruneaux d’Agen, le foie gras, le massif forestier des Landes, première région forestière de France. Bayonne et son jambon, sa feria, son ambiance et son rugby ; l’océan, admiré depuis la montagne ; l’Espagne, et l’Union Européenne, la porte d’à-côté. Ses trois langues locales aux sonorités chantantes ; l’occitan, le basque et le saintongeais.
Et un patrimoine gastronomique très, très, très riche : cèpe de Bordeaux, piments d’espelette, lamproie à la bordelaise, canelés, truffes de Sorges, Madiran, piperade, agneau de Pauillac, poule au pot, Irouléguy, la sauce « bordelaise » (au vin).
Et Bordeaux est la principale porte d’entrée vers ce territoire formidable ; avec une simple location de voiture à Bordeaux pour moins de 50 € par jour pour caboter de plaisirs en délices aux quatre coins du Sud Ouest.
Bref : vive l’Aquitaine !