Présenté au mois de Mai en compétition au Festival de Cannes 2014, Saint Laurent de Bertrand Bonello est le film événement de la rentrée. C'est une sorte d'Odyssée qui parle de l'artiste, de ses travers et des affres de la création. Mise en abîme et plongée au cœur des névroses d'Yves Saint Laurent.
La mode est une maladie incurable. Les modes passent, le style est éternel. La mode est futile, le style pas. Je ne suis pas un couturier, je suis un artisan, un fabricant de bonheur.
Yves Saint Laurent.. au commencement
Né à Oran, Yves Saint Laurent est l'un des plus célèbres couturiers au monde. Collaborateur privilégié de Christian Dior, il invente un style conciliant l'adaptation permanente aux exigences de son époque à une sorte d'exubérance maîtrisée. Ses collections de Haute Couture font partie de l'histoire et du patrimoine du XXe siècle.
Dessinateur doué, son influence va en grandissant au sein de la Maison Dior jusqu'à remplacer Christian Dior lui même à sa mort. Précoce, Yves Saint Laurent y connait alors un triomphe à l'âge de 20 ans, dès la première collection " Trapèze ". Quelques années plus tard, il quitte la prestigieuse maison de l'avenue Montaigne pour fonder l'entreprise qui porte son nom, avec son compagnon Pierre Bergé qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort.
Le Maroc, qu'il a découvert en 1966, aura une grande influence sur son travail et ses couleurs, tout comme ses voyages imaginaires : le Japon, l'Inde, la Russie, la Chine, l'Espagne sont autant de sources d'inspirations pour ses collections. Pour la petite histoire, il rachète en 1980 le Jardin Majorelle, un jardin botanique de Marrakech créé par le peintre français Jacques Majorelle, ouvert au public.
Saint Laurent.. le film
Version non officielle d'un Saint Laurent du trouble où de l'enfer surgit la création, la beauté et surtout l'élégance. Bertrand Bonello signe un film insolemment riche et puissant, mettant l'accent sur le mythe d'un homme à l'empreinte mystérieuse et intelligente. Le réalisateur confit que le film va au delà du simple biopic. En effet, la pellicule ne révèle rien de nouveau de ce que l'on peut découvrir dans les biographies.
Gaspard Ulliel, qui tient le rôle principal, confit au Figaro que l'idée n'était pas de devenir Yves Saint Laurent mais de le rendre vrai : fragile, torturé, créatif, malicieux mais vivant avant tout. Dans une interview, il explique que l'idée de Bonello n'était pas de raconter comment Yves est devenu YSL mais ce que ça coûtait à Yves d'être YSL. Qu'il s'agisse de création, de business, de drogue ou de sexe, le réalisateur, libéré de toutes contraintes, révèle au grand jour sa perception du spectre Saint Laurent.
Dix ans de la vie de l'artiste ; Bonello a pris la liberté de recentrer les faits sur quelque chose qui n'étendrait pas sur toute une vie. Le film met en avant les années les plus denses et les plus passionnantes, en terme de mode, de vie et surtout en terme d'époque qui change à vitesse grand V. Il a jugé intéressant de faire un montage parallèle qui charge les dix années des souvenirs de toute cette effervescence et du poids qu'elle engendre. L'interférence des périodes, les flash back de la mémoire évoquent inconsciemment Marcel Proust, écrivain et essayiste pour qui Yves Saint Laurent avait une profonde admiration.
Bertrand Bonello, passé maître dans le cinéma de l'ambiance, pointe du doigts fantasme, euphorie, excès, passion, création, rigueur et dévotion. Le cinéaste s'amuse à dessiner le contraste entre la vie dans les ateliers et la vie à l'extérieur en mettant particulièrement l'accent sur la pression et l'effervescence post et ante défilés.
Esthétiquement parlant, c'est un chef d'œuvre, cela dit, je l'ai trouvé un peu long par moment. La scène de négociation par exemple dure une éternité ; c'est mon humble avis. Le réalisateur explique cependant qu'il s'agit d'une scène très forte et très dense. YSL étant lié à l'argent et à l'industrie, il était donc, selon Bonello, judicieux d'offrir une sensation de réel.
Saint Laurent est une fiction de pure mise en scène qui laisse la place à l'interprétation et à la vision d'un homme qui se coupe du monde pour travailler dans sa bulle... sans jamais s'effacer.
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Une illuminée de plus dans la nature ! Étudiante de 24 ans en communication et relations presse. Bonne vivante à temps plein et blogueuse à mes heures pas perdues. D'un naturel passionné, je prêche l'épicurisme auprès de mes semblables. Geekette dans l'âme, j'aime traiter de sujets divers et variés. Vive l'éclectisme !
J'ai vu la version validée par Pierre Bergé en premier et donc avec Pierre Niney. J'avais été totalement retournée par ce film. Il y a quelques mois, je me suis lancée dans la version Bonello. J'ai beaucoup aimé aussi. Il est dur de dire lequel est mieux que l'autre mais une chose est sûre : Pierre Niney et Gaspard Ulliel sont tous les deux incroyables en YSL. La version de Jalil Lespert est certes moins trash mais la version Bonello m'a montrée un Yves Saint Laurent un peu moins torturé je trouve et si les scènes de décadence totale avec Jacques de Basher un peu ... " spéciale ", j'ai aimé le film. Enfin bref ... les deux valent le coup mais impossible de choisir lequel est le mieux. Bisous ma Belle ! <3Holly Goli Articles récents...
C'est un très bel article, comme d'habitude tu parles avec talent de ce que tu aimes et nous le fais partager. Bisesmarino Articles récents...