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Critique Ciné : Selma, bataille pour la liberté

Publié le 30 mars 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Selma // De Ava DuVernay. Avec David Oyelowo, Tom Wilkinson et Carmen Ejogo.


Le combat de Martin Luther King est quelque chose qui a marqué l’Histoire et qui reste encore gravé comme l’un des fondements de la société américaine d’aujourd’hui sur l’égalité de tous face à la constitution. Selma se concentre sur une partie du combat du Dr King, la bataille qu’il a mené à Selma en Alabama. C’est un biopic sincère, très académique mais qui, grâce à quelques scènes brillantes, parvient à réellement nous montrer toute son ambition. Si dans le registre de l’histoire afro-américaine je préfère largement Le Majordome de Lee Daniels (sur un sujet encore complètement différent mais pas si éloigné), je trouve que Selma a malgré tout ses atouts lui aussi. A commencer par David Oyelowo qui est tout simplement éblouissant sous les traits du Dr King. Pas facile de s’imposer sous les traits d’un homme qui a autant marqué l’Histoire mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a su imposer un vrai charisme, une vraie poigne, notamment lors des discours qui sont pour moi les meilleures scènes de ce film. Tous les discours (que cela soit ceux de King ou bien celui du Président Johnson) sont puissants et ont un petit plus que Ava DeVernay parvient à mettre en lumière alors que le reste de son film, bien que joli, reste mis en scène de façon très académique.

Selma retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965.

Ce n’est pas facile de faire des biopics en sortant dans l’ordinaire et Selma en est un nouveau exemple. Connue pour avoir mis en scène Middle of Nowhere, un épisode de Scandal (3.08) et créatrice de Queen Sugar, une future série mettant en scène Oprah Winfrey (qui tient également un rôle dans Selma), Ava DuVernay n’est pas une femme qui chôme. Elle parvient au contraire à montrer au travers de ses choix qu’elle sait très bien ce qu’elle veut. Ensuite nous avons Paul Webb, un scénario sorti de nulle part qui vient avec le scénario de cette histoire. Elle ne prend pas le spectateur avec des pincettes tout le monde. Certaines scènes sont en effet d’une extrême violence. Elles sont là pour nous montrer à quel point les noirs étaient maltraités à une époque où ils n’avaient pas encore le droit de vote dans tous les Etats (ou plutôt que certains politiciens ne voulaient tout simplement pas les laisser voter). Personnellement, je ne connaissais pas du tout l’histoire de Selma et ce film a au moins le charme de nous apprendre pas mal de choses sur le personnage, notamment ses faiblesses (le fait qu’il ait lui aussi peur, peur de perdre un combat qu’il a mis tellement de temps à mettre en oeuvre).

C’est aussi un film qui se concentre sur la façon dont Martin Luther King a géré sa stratégie : il n’a pas choisi Selma par hasard, il n’a pas choisi cette marche par hasard, tout ce qu’il fait est contrôlé et est un geste symbolique qui sert à attirer l’attention. Bien entendu, certaines zones d’ombre (la mort d’un jeune garçon) de cette stratégie sont mises en avant elles aussi car le but n’est pas de faire un film où le Dr King n’a rien à se reprocher, cela n’aurait pas été juste. Bien que l’on ne puisse pas forcément justifier le tout par des faits historiques, Selma pose donc quelques questions. L’émotion ne vient pas tout de suite et n’est pas omniprésente ce qui permet à Selma de ne pas être un film qui en fait trop. Au contraire, tout est suffisamment bien dosé pour que l’on ne s’ennuie pas durant les 2h de film. Je regrette juste le fait que finalement Selma soit aussi académique. Il aurait été intéressant que les choses se déroulent peut-être d’une façon légèrement différente d’un point de vue de la mise en scène souvent trop classique et la façon de raconter cette histoire jusqu’au bout.

Note : 6.5/10. En bref, académique et convenu mais efficace à de grandes occasions.


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