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Rebecca [Daphné Du Maurier]

Publié le 01 avril 2015 par Charlotte @ulostcontrol_
Hello,
Je ne connaissais pas Daphné Du Maurier avant de lire Rebecca. Pour être honnête, je ne connaissais même pas son existence avant de voir le nom de ce roman dans une liste de challenge de lecture. On peut donc dire que c'est complètement par hasard que j'ai un jour choisi ce roman parmi de nombreux d'autres dans une librairie ! Mais c'est souvent par hasard que l'on fait les plus belles découvertes...

Rebecca [Daphné Du Maurier]Sur Manderley, superbe demeure de l'ouest de l'Angleterre, aux atours victoriens, planent l'angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l'ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ? Daphné du Maurier plonge chaque page de son roman - popularisé par le film d'Hitchcock, tourné en 1940, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine - dans une ambiance insoutenable, filigranée par un suspense admirablement distillé, touche après touche, comme pour mieux conserver à chaque nouvelle scène son rythme haletant, pour ne pas dire sa cadence infernale. Un récit d'une étrange rivalité entre une vivante - la nouvelle madame de Winter - et le fantôme d'une défunte, qui hante Maximilien, exerçant sur lui une psychose, dont un analyste aurait bien du mal à dessiner les contours avec certitude. Du grand art que l'écriture de Daphné du Maurier, qui signe là un véritable chef-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle, mi-roman policier, mi-drame psychologique familial bourgeois.

Dans Rebecca, Daphné Du Maurier met en scène le face à face entre deux « Madame de Winter ». La première est morte il y a un an, il s'agit de Rebecca. La seconde n'est autre que la narratrice de l'histoire. Elle rencontre Maximilien de Winter à Monte Carlo alors que celui-ci vient de perdre sa femme depuis quelques mois seulement. De manière complètement inattendue, il lui demande de l'épouser - elle devient ainsi la nouvelle Madame de Winter. L'histoire commence alors que les événements se sont déroulés depuis un certain temps déjà. Calmement et à partir d'un rêve qu'elle a fait une nuit, la narratrice revient sur cet épisode de sa vie.
Dès le départ, on est très intime avec la narratrice. Il faut dire qu'elle prend son rôle très à cœur puisqu'elle nous raconte son passé en étoffant son récit de nombreux détails et en nous décrivant ses émotions avec beaucoup de précision, de telle sorte que les images du passé s'imposent d'elles-mêmes et trouvent tout de suite un écho dans l'imagination du lecteur. On a donc très vite l'impression de connaître la narratrice comme si c'était une amie à nous, et on devine rapidement les traits de sa personnalité : timide, discrète, peu confiante en elle-même... Lorsqu'elle rencontre Maximilien de Winter, on ressent tout de suite le contraste et le choc entre la jeunesse de l'une et l'expérience l'autre. Tout semble opposer ces deux personnages, à commencer par leur relation à Manderley. La narratrice ne connaît le domaine qu'à travers une carte postale qu'elle a achetée étant petite et on comprend qu'elle s'est forgée son propre mythe à travers cette photographie. A l'inverse, Manderley rappelle à Maxim des souvenirs douloureux puisqu'il y a vécu avec sa première femme, Rebecca.
Rebecca [Daphné Du Maurier]
Manderley n'est d'ailleurs pas qu'un simple domaine. Le château est pour moi pratiquement un personnage à part entière du roman ! Menaçant, imposant, on dirait qu'il influence directement les émotions des personnages. Le très fameux incipit du roman nous met d'ailleurs tout de suite dans l'ambiance : il nous donne une image très marquante du domaine. On sent dès les premières lignes que l'histoire s'annonce angoissante.
« J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley. J'étais debout près de la grille devant la grande allée, mais l'entrée m'était interdite, la grille fermée par une chaîne et un cadenas. J'appelais le gardien et personne ne répondait ; en regardant à travers les barreaux rouillés, je vis que la loge était vide. » incipit
Mais Manderley est loin d'être le seul élément angoissant du roman puisque le souvenir de Rebecca, la première femme de Max, est encore très présent entre les murs du château. Lorsque le couple fraîchement marié aménage enfin à Manderley, le souvenir de Rebecca se fait ressentir dans chaque pièce, dans chaque meuble et dans chaque bibelot présent au château. La narratrice se sent chaque jour épiée et comparée, comme si un fantôme l'observait. Et cette atmosphère est d'autant plus glaçante que la gouvernante, Mrs Danvers, ne se gêne pas pour rappeler à la narratrice qu'elle n'est pas la « vraie » Madame de Winter et qu'elle ne sera jamais à la hauteur de la précédente.
C'est donc un roman assez angoissant et à l'atmosphère assez oppressante que nous propose Daphné Du Maurier. J'ai d'ailleurs été très agréablement surprise par l'écriture de l'auteur, qui réussit parfaitement à créer cette ambiance glaçante. Regardons par exemple l'extrait suivant : le décor est sombre et la nature est tellement omniprésente qu'elle semble avoir pris le dessus sur les hommes. De même, les deux premières phrases sont assez longues et sont composées de beaucoup de subordonnées, et pourtant la troisième phrase est très, très courte. Elle casse le rythme d'un coup et à travers les mots « très silencieux, très calme », on entend presque les mots « trop silencieux, trop calme ». Tout semble anormal. L'air de rien, sans annoncer ni identifier de menace réelle, Daphné Du Maurier installe le doute dans l'esprit du lecteur et le laisse penser que quelque chose ne tourne pas rond. Il n'en faut pas beaucoup plus pour basculer dans le thriller.
« L'allée ondulait et tournait comme un serpent, à peine plus large par endroits qu'un sentier, et une grande colonnade d'arbres s'élevait au-dessus de nos têtes, entremêlant les branches noueuses, formant une voûte comme une entrée de cathédrale. Même le soleil de midi ne devait pas pénétrer l'entrelacs de ces feuilles vertes, elles étaient trop touffues et entremêlées les unes aux autres ; seules, de petites taches scintillantes de lumière devaient se glisser en vagues intermittentes pour parsemer d'or le sol de l'allée. C'était très silencieux, très calme. Sur la grand-route, un joyeux vent d'oust me soufflait au visage, faisait danser l'herbe des talus à l'unisson, mais ici il n'y avait pas de vent. Même le moteur de la voiture donnait un autre son, ronflant plus bas, pus tranquille qu'avant. » p.74
Rebecca [Daphné Du Maurier]
Grâce à tous ces personnages angoissants et à cette atmosphère particulière qu'elle a su créer, Daphné Du Maurier nous plonge dans une histoire vraiment captivante. En cristallisant tous les éléments cités ci-dessus, c'est-à-dire des personnages antipathiques, un endroit hanté chargé de souvenir, le souvenir persistant d'une ex-femme, et en y ajoutant un mari mystérieux, l'auteur crée une tension qui s'intensifie tout au long du roman jusqu'à ce que la vérité éclate et que les doutes accumulés par le lecteur soient enfin éclairés.
Rebecca est un roman très riche, qui peut selon moi plaire à de nombreux lecteurs. Cette lecture a été une vraie belle découverte et j'espère que je vais pouvoir continuer de découvrir cette auteur pendant le reste de l'année. Ce roman a toutes les qualités d'un bon thrillers : angoissant, oppressant et avec une vraie histoire à la clef, il ne m'a pas ennuyée une seule seconde et a su me surprendre au bon moment. En plus, j'ai adoré l'écriture de Daphné Du Maurier que j'ai trouvée très pertinente, bien dosée et assez créative. Son style a quelque chose qui m'a vraiment fait vibrer, qui m'a tenue en haleine pendant un bon moment et qui m'a fait penser à de nombreuses reprises, pendant la lecture, « c'est génial ! ». Je vous le conseille vivement, l'histoire de Rebecca est une histoire intemporelle, marquante et fascinante ! Il me tarde maintenant de découvrir le film de Hitchcock !
Avez-vous lu Rebecca ou un autre livre de Daphné Du Maurier ? Quel autre livre me conseilleriez-vous pour continuer de découvrir l'auteur ? Avez-vous vu le film d'Hitchcock ?

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