Il faut en convenir depuis plus d'un an, je n'ai pas accordé beaucoup de temps à la gauche, trop occupé que j'étais à dénoncer les malversations politiques et idéologiques du président actuel. Il est actuellement hors de combat mais ses lois de régressions sociales continuent leur petit bonhomme de chemin.
Je vais donc me consacrer pleinement, dans un dossier en trois parties dont ce billet est le premier opus, à la gauche française afin de synthétiser les faiblesses de mon courant d'idées qui en 2007 ont provoquées son échec à l'élection présidentielle. Et ceci pour mieux en tirer les leçons maintenant afin de faire avancer des lignes directrices qui auront ensuite le temps de mûrir d'ici à la prochaine élection. Cette réflexion sera, je l'espère enrichissante pour moi en tant que synthèse des gauches qui me traversent actuellement, mais également pour le débat actuel sur l'avenir du partis socialiste sur lequel Marc et Nicolas ont portés et portent leurs efforts. cette réflexion s'intègre pleinement dans le cadre du calendrier qui a été fixé par François Hollande pour le renouvellement du poste de premier secrétaire du parti socialiste. En effet les (nombreux) prétendants à ce poste sont obligés de dévoiler de façon plus ou moins élaborées les grandes lignes de leur future "présidence" du parti. Cette cristallisation des idées qui est en train de se dérouler sous nos yeux commence à être intéressante.
Je tiens également à préciser que je n'ai pas de carte au parti socialiste, mais que c'est de lui dont je me sens le plus proche au travers de son combat pour une humanité meilleure (restons utopique, cela nous extraiera davantage de la dialectique du ça imposée par notre temps). Je me sens donc proche de ce parti, dans ce que j'estime être sa raison d'être, mais également proche de lui lorsque je vois ses archaïsmes qui me révulsent revenir à sa surface. Bref je subis une sorte d'amour-répulsion pour le PS qui est pourtant la principale force de gauche en France actuellement. Restons les pieds sur terre pour s'opposer à l'idéologie conservatrice du gouvernement actuel mais soyons idéalistes enfin, puisque c'est passé de mode.
Le temps est enfin venu lors de ce triptyque d'exprimer mes opinions personnelles concernant l'échec que nous avons connu en 2007, et les idées-forces qui nous permettrons de l'emporter en 2012. Je m'exprime régulièrement sur ce qu'il ne faut pas faire à propos des mesures actuelles pour savoir qu'il est infiniment plus délicat de bâtir une gauche séduisante, créatrice et en prise avec les soucis de nos compatriotes.
Ce triptyque sera également pour moi un moment de réflexion pour mettre à plat mes idées qui ont beaucoup évoluées dans le temps. En effet, à 39 ans, je suis toujours à gauche mais pas de la même manière qu'il y'a 15 ans, la pratique professionnelle dans le privé a fait évoluer mes opinions initiales. Mes opinions sont passées balistiquement d'une gauche radicale vers une gauche plus proche de la social-démocratie actuelle. Ce n'est pas si simple que cela, car cette évolution personnelle s'interpénètre d'évènements qui jouxtent et modèlent mon quotidien avec des aller-retours entre ces deux gauches souvent contradictoires.
Mais au fait la gauche, c'est quoi au juste ? j'ai beaucoup apprécié la phrase de Seann Penn lors du Festival de Cannes: être un acteur conscient du monde dans lequel on vit, c'est la condition sine qua non me semble t'il pour être à gauche, avoir les tripes qui brûlent lorsque l'injustice et l'inégalité frappe. C'est évidemment presque toujours les plus faibles qui sont visés par ces attaques récurrentes et liées à notre condition humaine. Cela pourrait s'arrêter là mais nous serions avec cette définition dans le domaine de la compassion, souvent contemplative, et peu propice aux changements.
Il faut également ajouter à cette couche nécessaire le souhait de transformer ces états de faits pour mieux prendre à la gorge les idées conservatrices qui sous-tendent et rendent possible ces injustices. Si la sociologie est un sport de combat comme disait Bourdieu, être de gauche c'est vouloir réformer contre les forces conservatrices.
Ma définition de la gauche serait donc celle-ci: être conscient du monde dans lequel on vit, tout en souhaitant transformer la société pour qui ces injustices ne sont que justice.
Etre de gauche c'est donc être naturellement réformateur et bien évidemment en avance d'un temps. Cette posture me semble identique où que l'on habite dans le monde, mais pratiquement d'une façon différente, car adaptée aux problèmes sociaux dans lesquels on vit. Elle peut également s'appeler libérale de l'autre coté de l'Atlantique
On confond trop souvent gauche, misérabilisme et aides sociales. NON la gauche ne peut être réduite à cela, car elle se doit de résider dans le périmètre de l'excellence, la gauche n'est pas un service social; le social n'est qu'un moyen pour pallier à certaines situation qui peuvent être dramatiques à certains moments de la vie pour nos concitoyens. Elle a vocation à transformer la société et à l'adapter en permanence aux défis que lui impose le conservatisme et les injustices en particuliers.
Le populisme convient si bien à la droite, qu'il ne peut être un moyen pour parvenir au pouvoir à cause de l'excellence que nous nous fixons comme condition nécessaire à notre réussite. Dans ce contexte là, nous nous devons de garantir à notre pays une croissance dans les années qui viennent avec une cohésion sociale retrouvée et une dignité individuelle pour chaque personne dans le respect de notre environnement. Nous nous devons donc d'avoir une confiance retrouvée dans notre vision institutionnelle ainsi que que dans notre futur modèle socio-économique qui devra fonctionner en 2012. Des sacrifices théoriques seront donc nécessaires pour ne plus rester sur une vision anachronique de la société Franco-Française ainsi que du monde qui a évolué d'une façon importante depuis ces dernières années systématiquement au détriment de la France. Enfin le parti socialiste se doit d'être un parti dont les idées et son renouveau rayonnent un peu plus loin que ses frontières. Changer c'est conserver uniquement à l'esprit les idées fortes et la définition de la gauche dont nous sommes issus, le reste n'est qu'une histoire de contenant adaptable au monde contemporain qui n'est plus en Europe ni au Etats-unis mais en chine et plus largement en Asie.
Et tous cela parce que le peuple le vaut bien pour paraphraser une grande marque, et parce qu'il ne peut pas être la variable d'ajustement de la volonté d'un petit nombre d'individus. Dans ce cadre là, la gauche ne devra plus paraître être un boulet social pendu au pied du Medef, mais une force de proposition qui modèle également la dialectique sociale avec des outils et une rhétorique du XXIème siècle. Nous avons encore 4 ans pour espérer remporter l'élection présidentielle. Le défi semble aujourd'hui encore hors de portée tellement la valse des prétendants à cette investiture semblent reporter encore davantage ces cruelles décisions qu'il faut cependant trancher.
Au delà des personnalités, le Maire de Paris est en passe de trancher la tête aux vieilles idées reçues en mettant simplement à niveau la rhétorique du parti socialiste avec sa pratique du pouvoir passée. C'est donc un bienfait de voir une telle démarche qui met enfin ce parti au niveau de ce qu'il doit être: un parti prêt à gouverner la France d'aujourd'hui. Ségolène Royal avait également posée de vrais question à cette gauche en pré-campagne en 2006, en replaçant la responsabilité de la gauche sur des sujets sur lesquels elle a trop souvent été angélique et trop facilement décrédibilisée par ses opposants, je parle bien entendu de l'immigration et de la sécurité. ces deux sujets n'ont été que les vecteurs de la droite pour appuyer là ça faisait mal. une fois l'élection passée, ces deux problématiques sont revenues au niveau qu'ils doivent occuper dans notre société. Il faudra donc couper la tête aux mauvaises habitudes du parti socialiste héritées du début du XXème sicèle, réaliser des choix avec comme optique la résolution des problèmes d'aujourd'hui.
Cette trilogie, entièrement consacrée à la gauche, sera je l'espère un bon moyen pour aplanir toutes mes idées parfois opposées auxquelles je suis confronté dans ma vision de la gauche d'aujourd'hui. Cette réflexion sera bien évidemment formatée par le format de la blogosphère, elle se révélera donc forcément partielle, partiale et insuffisante.
A bientôt pour la deuxième partie de ce tryptique classée dans la catégorie La gauche.
Sexus de HV Miller
première partie de la crucifixion en rose