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Les bouloches

Publié le 01 avril 2015 par Adtraviata

Les bouloches

Présentation de l’éditeur (en partie) :

Vous n’aurez pas Papa. Vous ne l’enfermerez pas dans vos cages à momies, sans herbes ni bouloches. Il n’a ni l’âme guerrière ni l’allure d’un fantôme. Et s’il fugue, les nuits de pleine lune, c’est pour happer ce cri perdu depuis l’enfance. Celui que vous cherchez vous aussi en empoignant vos livres, vos cartes magnétiques, vos écrans fondateurs.
Jaloux. Vous voyez bien qu’il trouve, lui, son diamant. Cela vous peine ?

Un homme garde des bouloches au fond de ses poches. Parfois il les tient au creux de la main. Il en aime la rondeur et la douceur. Par elles, il se rassure, reste au monde ou se souvient de l’enfance.
C’est un père sous l’œil de sa fille. Elle le regarde partir. Le moment présent n’a plus prise sur lui. Les souvenirs s’effacent. Et s’il s’agit de l’oubli et de la perte, on lit surtout l’amour et la vie qui unissent ces deux-là.

Dans de courts textes qui tiennent de l’observation attentive et du regard poétique, Françoise Lison-Leroy évoque un père dont la mémoire se délite peu à peu et qui, petit à petit, se retire en un lieu connu de lui seul, un lieu tissé d’enfance, de lignes de légumes au jardin, de bouts de tissus, de regards échangés avec une arrière-petite-fille. De la maladie, le nom n’est jamais cité mais rien n’en est ignoré des oublis, des pertes de mémoire, d’autres pertes progressives d’autonomie, d’absences à soi et au conjoint, des fugues, des détresses. Rien non plus de la patience, de la douceur, de la complicité qui permettent à « Papa » de continuer à vivre entouré, aimé.

Françoise Lison-Leroy évoque ainsi de courts tableaux d’une grande justesse, épurés, taillés à l’os, non dénués d’humour, et son écriture poétique sur une maladie qui fait peur, qui souvent sépare et affole, nous offre un regard plein de douceur, de tendresse. Un répit qui rend à la personne toute sa dignité de mari, de père, d’aïeul.

Ces bouloches sont traduites en noir et blanc par Pascaline Wollast : sous ses doigts, pastels et fusains dessinent une silhouette sombre qui laisse cependant passer la lumière, des boules de matière, tissu, terre, petits pois, boutons de fleurs qui laissent des traces sur la page comme autant de petits cailloux qui aideraient à retenir la mémoire effilochée comme ces bouloches que « Papa » retient au fond de ses poches.

Un petit livre très touchant dans sa délicatesse et sa pudeur.

Françoise LISON-LEROY (textes) et Pascaline WOLLAST (dessins), Les bouloches, Esperluète éditions, 2012

A la découverte des éditions Esperluète avec Mina

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Classé dans:De la Belgitude, Des Mots au féminin Tagged: Esperluète éditions, Françoise Lison-Leroy, Le Mois belge, Les bouloches, Pascaline Wollast

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