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Le Conte de l’Île Inconnue

Par Sylly
José Saramago
Le Conte de l’Île Inconnue

Quatrième de couverture

Parce qu'il est impossible que n'existe pas une île inconnue, un homme s'embarque avec une servante. Et les voilà réunis dans une même quête, songeant l'un à l'autre sans jamais se l'avouer...

M'étant inscrite pour le Challenge Destination organisé par Evertkhorus du blog Voyage et Vagabondage, dont la destination du trimestre était le Portugal, je me suis retrouvée confrontée au problème surprenant de ne pas trouver énormément d'auteurs disponible à la médiathèque, et pour acheter, ne connaissant pas du tout la littérature portugaise, cela m'était difficile ... Du coup, mon choix s'est posé sur un des auteurs disponible, le plus connus et le plus lu de notre pays, José Saramago.

Second dilemme, quel livre choisir ... M'étant renseignée au préalable, j'ai appris que le style de Saramago était assez particulier concernant la ponctuation, et j'avoue ne pas avoir été très courageuse sur ce coup là, et après avoir hésité avec un roman nommé Pérégrinations Portugaises, j'ai finalement opté pour la facilité en prenant un court conte de l'auteur ... et orgueilleusement j'ai également mis de côté un recueil de nouvelles portugaises dont je vous parlerais demain ...

Parlons un peu du conte ...

" Un homme s'en fut frapper à la porte du roi et lui dit , Donne-moi un bateau. La maison du roi comptait de nombreuses autres portes, mais celle-là était celle des requêtes. "

D'entrée de jeu, j'ai compris ce que voulaient dire les personnes qui m'avaient parlé de Saramago ... Que des virgules et des points. Pas d'alinéas, pas de paragraphes. Tout, même les dialogues, sur une seule et même ligne. Je peux donc commencer en disant qu'il faut un minimum d'adaptation pour se faire à ce style si étrange, et bien comprendre quels sont les protagonistes qui s'expriment et quand et qui répond ...

Néanmoins, une fois adaptée, j'ai finalement pris pas mal de plaisir à m'infiltrer dans ce conte saugrenu.

Un homme, dont on ne sait rien, ni le nom ni d'où il vient, vient frapper à l'une des portes d'un roi, celle des requêtes, afin de lui demander un bateau. Son but étant de découvrir une île inconnue. Le roi, s'étonnant, lui explique qu'il n'y a plus d'île inconnue, mais l'homme n'en démord pas, et il veut un bateau pour partir à la recherche de l'île inconnue ... Désappointé le roi lui offre donc ce qu'il veut, à condition qu'il se débrouille pour trouver un équipage.

Une servante du palais du roi, ayant entendu toute la conversation entre les deux hommes, décide à son tour d'emprunter l'une des nombreuses porte du palais, celle des décisions, pour rejoindre l'inconnu au port et l'accompagner dans sa quête.

" Elle pensa qu'elle avait passé sa vie à récurer et à lessiver des palais, que cela suffisait, et que le moment était venu de changer de métier, que sa vraie vocation était de lessiver et de récurer des bateaux en mer au moins l'eau ne manquerait jamais. "

J'ai souri en lisant ces lignes là, car cette phrase semble tout à fait stupide de premier abord, mais finalement elle est complexe et terriblement profonde dans le sens où je l'ai vu. A savoir que ce que l'on fait peut nous sembler tout à fait différent en fonction du lieu et de la personne avec qui ou pour qui on le fait. On comprend qu'elle cherche l'endroit où elle se sentira bien à son tour, et profite de la " folie " de cet homme pour tenter de se trouver elle-même.

Au cours de leurs conversations sur le pont du bateau, les deux protagonistes, qui ne prennent toujours pas la mer faute d'équipage, apprennent à se connaître et à se regarder et à s'aimer sans jamais rien se dire, par des regards à la dérobée.

" [...] la flamme jaillit, grandit lentement comment le clair de lune, baigna le visage de la servante, inutile de dire ce que l'homme pensa, Elle est belle, mais plutôt ce qu'elle pensa elle, On voit bien qu'il n'a d'yeux que pour l'île inconnue, voilà comment les yeux se trompent sur la signification d'un regard, surtout au début. "

Donc voilà nos deux compagnons incapables de communiquer clairement sur ce qu'ils ressentent, pourtant , à un moment l'homme et la femme tentent d'exprimer leur vision du monde, ce qui est intrigant c'est que malgré le fait qu'ils semblent être sur la même longueur d'onde, ils finissent par aller se coucher sans a priori s'être compris.

" Je [L'homme] veux trouver l'île inconnue, jeux savoir qui je suis quand j'y aborderai, Tu ne le sais pas, Si tu ne sors pas de toi, tu ne parviens pas à savoir qui tu es, [la servante] Le philosophe du roi, quand il n'avait rien d'autre à faire, venait s'asseoir à côté de moi, et il me regardait [...] il me disait que chaque homme est une île et moi, [...] je pense qu'il faut sortir de l'île pour voir l'île, que nous ne voyons pas si nous ne sortons pas de nous.

Sur ces belles paroles où il semblerait que nos deux héros soient d'accord,sans le comprendre, ils vont donc chacun se coucher de leur côté. Et là commence alors la vraie aventure pour eux deux. Ils rêvent. nous ne percevons que les rêves de l'homme, mais nous nous doutons qu'il en est de même pour la femme.

Et finalement, toute la métaphore de l'île inconnue prend son sens. Finalement les hommes peuvent prendre toute la dimension de leur être et de leurs besoins en ayant un regard distant sur eux même. Le rêve ici permet à l'homme de comprendre vraiment qui il est profondément. Par son rêve il entrevoit son monde, il explore l'île inconnue qui s'avère être lui-même, et pour se faire il a besoin d'elle.

C'est un joli conte, qui se lit vite et bien (une fois la ponctuation intégrée) et qui a une jolie philosophie je trouve.

Pour ce qui est des gravures, je dois avouer qu'au départ je les ai regardées mais qu'elles ne m'ont pas particulièrement interpellée, et j'ai fini par poursuivre ma lecture en sautant les illustrations, mon imagination me convenait mieux, et m'emportait plus dans le monde de Saramago.

Le Conte de l'Île Inconnue

José Saramago

Illustré par les gravures d'Olivier Besson

Traduit du portugais par Geneviève Leibrich

Titre original : " O Conto da Ilha Desconhecida " (1997)

Le Conte de l’Île InconnueEt voici d'autres escales portugaises


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