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Leon - 10/10

Par Aelezig

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Un film de Luc Besson (1994 - France) avec Jean Reno, Natalie Portman, Gary Oldman, Danny Aiello

Très noir et très tendre.

L'histoire : New York. Mathilda, douze ans, échappe de peu au massacre de sa famille, abattue par un gang de dealers, que le papa avait essayé de berner. Elle trouve refuge auprès du voisin, Léon, un homme discret et solitaire. Et pour cause, il est "nettoyeur", tueur à gages, pour le compte d'un mafioso. Si la petite fille semble se remettre rapidement de la mort de son père, de sa belle-mère et de sa demi-soeur, elle pleure à chaudes larmes celle de son petit frère de quatre ans. Lorsque Léon lui explique son métier, pour justifier de toutes les armes que Mathilda trouve chez lui, elle lui demande de lui apprendre à être une nettoyeuse, elle aussi. Et un jour elle vengera son frère. En échange, elle fera le ménage, les courses... Léon refuse d'abord énergiquement mais Mathilda n'a aucune famille, aucun lieu, pour la recueillir. Et elle est si déterminée, et si convaincante...

Mon avis : Un de mes films CULTE. Je l'adore et je pourrais le revoir cent fois, j'y découvre toujours une nouvelle image, un nouveau détail, une nouvelle mimique, une nouvelle réplique... Je ne trouve pas un seul défaut à cette oeuvre : une histoire délirante, des personnages terriblement attachants, rythme, cadrage, dialogues, musique, tout est génial.

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Ce contraste magnifique entre cette petite fille perdue et désespérée, si fragile et si vaillante, qui a tout l'avenir devant elle - normalement - et cette grosse brute un peu neuneu, dont le métier est de tuer, qui n'a pas de passé, pas de futur... j'adore. Et cette légère ambiguité lorsque Mathilda déclare à Léon qu'elle est amoureuse de lui. Perversion ? Non, car Léon est un enfant aussi, quelque part dans sa tête. On ne sait rien de lui, mais malgré son job, il semble d'une innocence et d'une fraîcheur totale ; pas de maîtresse, mais une plante dont il s'occupe avec soin ; pas d'alcool, il ne boit que du lait, des litres de lait. Et il regarde cette petite fille comme s'il s'agissait d'un extraterrestre. Et Mathilda, elle, est bien plus mûre dans sa tête qu'une autre enfant du même âge. Relation amicale, relation paternelle, relation amoureuse, il y a un peu de tout ça dans cette histoire, qui est surtout celle de deux solitudes qui se rencontrent. 

Les acteurs me ravissent. Jean Reno n'est pas un acteur que j'aime SAUF dans les films de Besson. Je ne sais pas pourquoi. Il colle parfaitement à son univers. Il y joue des êtres lunaires, mutiques, décalés, et il n'y a que comme ça que je l'apprécie. Natalie Portman était (et est toujours) une merveille de grâce, de beauté et d'intelligence : son regard est celui d'une adulte, grave, intense, lucide. Depuis le bout de chou fait une carrière superbe, avec des choix électiques, toujours parfaits. Comme elle. Qui n'aime pas Natalie Portman ! Elle incarne, dans sa carrière, dans sa vie, un véritable idéal féminin, belle, intelligente, discrète, élégante.

N'oublions pas Gary Oldman, dont le rôle est moins important, mais inoubliable. On l'a rarement vu aussi terrifiant et complètement barré !

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La réalisation me stupéfie et m'emporte chaque fois, avec des cadrages et des travellings très affutés, des images toujours parfaites. Ah ces plans du duo qui avance vers nous, sur arrière-fond new-yorkais, le grand costaud mal fringué, mal embouché, qui fait peur, et le bout de chou qui tente de marcher aussi vite que lui, en serrant contre elle la plante de Léon et ses maigres petites affaires (dont une fois le gros doudou de son petit frère)... Ca me fout les larmes aux yeux à chaque fois !

Et la musique de Serra... Quand on entend ces graves, ces boums boums, ou ces envolées, on se dit que pas une autre bande son ne pourrait accompagner le film. Etrange, inhabituelle, sur mesure, elle fait partie intégrante des films de Besson. Je n'ai jamais vu ailleurs pareille alchimie entre un réalisateur et son compositeur.

Bref, après un film comme ça, mais aussi beaucoup d'autres, je ne comprends toujours pas pourquoi Besson est aujourd'hui tellement remis en question, et aujourd'hui l'objet d'un bashing très injuste. OK, depuis la création d'Europacarp, je suis d'accord, ce qu'il produit est hélas trop souvent de la daube, et c'est un grand mystère pour moi. Se lance-t-il dans ses projets juste pour aider des jeunes réalisateurs, pour faire du fric avec des films qui rapporteront du fric (on se demande comment... mais en tous cas, il a du flair, Luc !)... Bizarre. Du coup, beaucoup ont jeté le bébé avec l'eau du bain.

Pas moi. Je reste totalement accro à SES films, ceux qu'il réalise lui-même.

Beaucoup semblent lui reprocher son "académisme" ; on voit souvent ce mot dans les critiques. Franchement, je ne pige pas ! En quoi des films comme Le grand bleu, Nikita ou encore Subway peuvent-ils être qualifiés d'académiques ??? Besson a inventé un style, au contraire !

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La presse était déjà féroce à l'époque : "un film qui ne fonctionne que sur du déjà-vu, qui se réfère sans cesse (…) à d'autres films, dont les images analogiques en appellent à d'autres images." (Cahiers du Cinéma), du déjà vu ? où ça ? "Mettant en scène bons et mauvais tueurs, Léon ressemble plutôt à une superproduction américaine banale" (Positif), banal ??? "Comme dans un jeu vidéo, le tueur ne tue que les vilains. Ca a la couleur de la violence, le goût de la guimauve et c'est du…Besson" (Télérama), et ben justement le mélange violence et guimauve, ça c'est plutôt nouveau, je trouve. "C'est bruyant (…) au tout premier degré, complaisant, racoleur, désagréable. Osera-t-on dire malsain ? On ose." (Les Echos), ils voient le mal partout, ce sont eux les pervers ! Une petite fille de douze ans peut tomber amoureuse, sans trop savoir de quoi elle parle quand elle crâne en déclarant à un hôtelier : "C'est mon amant". Mathilda n'a plus de famille. Son père était dealer, sa belle-mère prostituée, elle-même était en échec scolaire, s'habille comme une lolita... du coup l'enfant mélange un peu tout. Cette réaction ne m'a pas choquée.

Je n'ai trouvé aucun éloge, même si d'après Wikipédia, il en existe. Le film a d'ailleurs reçu neuf nominations aux César (qu'ils se dénoncent !), mais n'a emporté aucune récompense... Il est par contre plébiscité par les spectateurs, qui dans une large majorité, l'ont adoré, tant en France qu'aux Etats-Unis... Etrange, étrange.

Maintenant, je voudrais voir la version longue : 20 minutes de plus ; director's cut, sortie en 1996. Elle contient des scènes plus violentes et d'autres un peu équivoques sur la relation Léon/Mathilda. La pression des parents de Natalie Portman ont beaucoup pesé dans la décision des producteurs de couper.


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