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L’investisseur boursier, ce masochiste

Publié le 04 avril 2015 par Chroom

L’investisseur boursier, ce masochisteLa consultation régulière des cotes boursières se veut une forme de masochisme pour l'investisseur boursier à long terme, comme l'a si bien expliqué l'auteur Nassim Nicholas Taleb dans son bouquin Fooled by Randomness  (Berner par le hasard). Dans son livre, il donne l'exemple percutant de l'investisseur qui voit son rendement annuel surpasser de 15% le rendement des placements sécuritaires à taux fixe, avec un taux d'erreur de 10% par année. Ce taux d'erreur correspond à la volatilité annuelle de son portefeuille d'actions. Selon l'auteur, et basé sur les lois de la statistique, cela signifie qu'il y a  une probabilité de 93%, pour cet investisseur, de faire de l'argent n'importe quelle année. Il s'agit donc là, d'un scénario extrêmement optimiste ou en d'autres mots, d'un excellent investisseur, en fait.

Si je vous affirme que vous avez 93% de chances de faire de l'argent en Bourse à chaque année, vous aurez tendance à me répondre: «Wow! Je me lance.»

Toutefois, ce que les mêmes données signifient, une fois ramenées sur une base de chaque minute, c'est que vos chances de faire de l'argent en Bourse passe à 50.17% exactement. C'est pratiquement la même chose si vous faites le calcul sur une base de chaque seconde, alors que vos chances de faire de l'argent sont de l'ordre de 50.02%.

Conclusion, si cet investisseur regarde son portefeuille en temps réel, il encaissera une fois sur deux un choc négatif et aura sûrement cette réplique: Merde, mon portefeuille est en baisse!

En fait, selon Taleb, si l'investisseur regarde son portefeuille chaque minute, 8 heure par jour, il vivra exactement 240.8 minutes plaisantes (où il fait de l'argent) et 239.2 minutes déplaisantes (où il perd de l'argent).

Gardez en tête qu'il s'agit ici d'un investisseur prospère, dont les rendements dépassent de 15% ceux des placements sécuritaires à taux fixes et que malgré cela, il est confronté 1 fois sur 2 à une expérience déplaisante en consultant les cotes boursières. Dans les faits, c'est plus que cela car le bonheur associé au fait de voir son portefeuille s'apprécier n'est pas inversement proportionnel au malheur ressenti lorsque son portefeuille se déprécie.

Selon les découvertes en neuroéconomie, du docteur Richard L. Peterson, l'être humain ressent plus de douleur lorsqu'il est confronté à une perte que de plaisir devant un gain, et ce, même si les deux sont de même niveau. Selon le docteur Peterson, une perte à deux fois plus d'impact qu'un gain sur l'investisseur boursier.

Notre investisseur doué, illustré dans notre exemple, se gâche donc la vie systématiquement, voilà un bel exemple de masochisme, selon moi.

Comprenez-vous maintenant pourquoi plus vous consultez les cotes boursières plus grandes sont vos chances d'en venir un jour à détester profondément la Bourse?

Martin Raymond, pour le blog investir-a-la-bourse.com

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