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Petites affaires entre vertus, morales et passions 2: Quelques remarques supplémentaires.

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

Je détaille un peu plus la notion de morale telle qu’elle est vue en occident.
La morale peut se définir comme je l’ai dit dans le précédent article comme :
« le respect des autres avec une proportion de bienveillance voire de bonté. »
Un citoyen occidental ne nait pas porteur d’une morale « occidentale ». Il l’acquiert au fil de son éducation qui commence tout d’abord dans la famille, pour finalement se parfaire dans la société civile après un passage par la vie commune dans l’école.
Le stade d’apprentissage familial est une étape cruciale pour le devenir de l’enfant.
Le discours familial, celui-là même que l’enfant entend et dont il va s’imprégner, va conditionner une grande partie de l’éducation morale du futur citoyen. Sa répétition, son contenu sont autant d’éléments déterminants. Il est évident, que l’enfant nait dans une famille au hasard. Il peut ainsi naître dans une famille riche ou pauvre. Toutefois l’éducation morale et jusqu’à une certaine mesure, la même.
La première notion morale que l’enfant va intégrer est la politesse. Dans la famille française on insiste essentiellement sur les classiques formules : « s’il vous plait », « merci, « bonjour ». On insiste également sur le fait de ne pas mentir, de dire la vérité.
Cette politesse est la première clef et c’est elle qui va ouvrir la voie de l’apprentissage de la future morale. La politesse occupe dans les familles françaises une place primordiale. Elle constitue la base même de l’éducation. L’enfant est repris plusieurs fois s’il manque à ce devoir de politesse.
On peut noter à ce stade un paradoxe. En effet le père et la mère chargée de l’éducation de l’enfant, savent très bien qu’à l’état adulte, leur enfant risque de rencontrer des problèmes du faîte même de cette éducation morale. En effet la vie professionnelle future de leur enfant, va nécessiter une confrontation avec la concurrence, la jalousie, la malhonnêteté, etc. Bref un monde dépourvu de morale.
Malgré tous les parents français vont continuer à enseigner à leur enfant les bases de la politesse et du respect de l’autre. Tout se passe comme si l’enfant muni de cette arme qui est la morale, saura s’adapter à la nouvelle atmosphère, le moment venu.
On peut rapprocher ceci des éléments suivants. En effet depuis que l’Europe s’est élargie, beaucoup de peuples ont émigré vers la France avec une notion de la morale qui est souvent en flagrante contradiction avec la morale française. Pourtant là encore, les parents français vont continuer à inculquer à leurs enfants la même morale, même si les autres ne la respectent pas.
Un autre paradoxe apparaît en contradiction avec la morale enseignée. En effet malgré les grands principes moraux, il existe un comportement d’intolérance collectif dans certaines circonstances. Ainsi tout en sauvegardant la morale familiale, beaucoup de familles sont pour la colonisation d’autres personnes, voire tolèrent l’esclavage. On peut noter cette extrême contradiction dans la société américaine des années soixante. En effet les Américains étaient le tenant d’une morale stricte, toutefois cela ne les empêchait d’appliquer le racisme envers leurs compatriotes noirs, les privant de l’école, les empêchant de manger dans les restaurants des blancs. Sans oublier des actes criminels. Tout se passe donc dans cette société comme s’il existait une morale que l’on enseigne une morale que l’on pratique. Du moins en fonction des personnes.
Cette contradiction était très flagrante il y a quelques dizaines d’années également en France. Mais du fait d’un changement progressif des mentalités, cette intolérance s’est beaucoup dissipée sans pour autant disparaître.
Tout se passe donc comme si la morale doit fait partie de l’éducation des enfants en toutes circonstances, car sans elle la France ne peut persister dans ce qu’elle est. En France donc, la morale apparaît comme un réflexe de sauvegarde, voir de survie. Mais concernant l’extérieur, du moment que la survie nationale n’est pas concernée, alors on peut se permettre quelque jugement en contradiction parfois avec l’esprit même de la morale. Il y a une morale qui nous unit, et il y a une morale pour le reste. En réalité les choses ne sont pas aussi simples. Il arrive en effet que les Français retrouvent cette morale de l’éducation, et dans un grand élan de générosité peuvent aider des peuples pour lesquelles ils avaient auparavant une piètre opinion.
On peut noter également les éléments suivants. Même si la morale paraît comme le ciment national de base, il est curieux de noter que l’idéologie peut l’emporter sur la morale. Ainsi les partis politiques de directions différentes, peuvent par idéologie pure, se mentir, se faire des coups bas. Brefs autant d’entorses à la morale, que l’on ne songerait à faire à son propre parti.
Enfin il serait faux de croire qu’il existe deux morales différentes : une morale spécifique à l’éducation des enfants, c’est-à-dire une morale individuelle et qu’il existe parallèlement une autre morale collective.
En réalité tout ce qui touche le comportement des êtres humains est très compliqué. Ce que l’on peut dire c’est que la morale collective chez les Français évolue par petites progressions en fonction des remises en question. En ce sens la France est un pays qui bouge et qui évolue. Et c’est là l’essentiel.



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