L’humour est avant tout culturel - c’est un lieu commun de l’affirmer. Son efficacité obéit aussi au facteur temps ; il s’érode avec les années. Les scénettes construites par Henri Monnier au XIXe siècle autour du bourgeois archétypal et ridicule M. Prudhomme, déclenchaient à l’époque une belle hilarité ; aujourd’hui, elles feraient juste sourire. Vingt ou trente années suffisent pour le rendre obsolète, c’est pourquoi les sketches à l’ironie bon-enfant de Fernand Raynaud ou de Robert Lamoureux nous semblent terriblement datés. Le public leur préfère les textes hautement caustiques de Coluche ou, plus proches de nous, de Stéphane Guillon, de Gaspard Proust.