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Picon contre Pastis : La France pernautisée

Par Gary
1953312258.jpg   1520435108.jpg Certains soirs, c’est le sort qui s’acharne. Certains soirs comme ce soir, vendredi 30 mai 2008, on préfèrerait aller directement au lit, dès 18h. Le sommeil ne vient pas, alors c’est au clavier de son ordinateur que l’on s’en prend.
    Et à Dany Boon. Pour tous les gens qui habitent « au sud », disons en bas d’Arras, j’explique la situation. Ce soir, Grand’Place de Lille, c’est « la fête à Dany ». Dany qui ? Dany Boon, l’enfant du pays, le héraut des chtis, l’homme aux 20 millions d’entrées et aux 6, 75 millions de recettes annuelles. Soit dit en passant, il est devenu l’acteur français le mieux payé de l’année.
Toute la soirée, la ronde des hélicoptères n’a pas cessé dans le ciel nordiste. Les Lillois, et d’autres j’imagine, se sont réunis pour célébrer le retour du fils prodigue. Ne tirons pas sur le comique, on retrouve à l’origine de l’évènement le quotidien La voix du nord. Pour profiter une nouvelle fois de « l’effet chti ». La propagande est efficace : les activités sont gratuites, les concerts aussi. Des éléments du décor, comme la friterie de Momo seront réinstallés sur place. Même les acteurs ont fait le déplacement. Ils sont venus saluer la foule en délire. Bien sûr, « à la fête à Dany », on n’est pas obligé d’en être.
La télé, ca existe. Le vendredi soir normalement, c’était Star Academy. Comme la saison 7 est déjà terminé, TF1 a demandé à ses deux animateurs vedettes de venir combler les trous de la grille des programmes. Deux Jean-Pierre pour le prix d’un, Foucault le marseillais contre Pernaut l’amiénois. Car tenez-vous bien, (moi-même, j’enfile la camisole), ce soir, c’est soirée Nord-Sud : le grand match. Dechavanne en arbitre, le sifflet autour du cou, et la soirée peut commencer.
Apparemment entre ces deux évènements, pas de lien évident, si ce n’est qu’ils se déroulent le même soir. Et pourtant, c’est sur la même corde sensible que les deux jouent : le goût passéiste d’un régionalisme à deux sous. Un régionalisme machine à fric, une identité dont on se sert jusqu'à plus soif, un ficelle grossière mais qui rapporte. Ce penchant a d’ailleurs été à l’origine de quelques dérapages ces derniers mois. On se souvient de la banderole anti-chtis déployé au Parc des Princes lors de la finale de la coupe de la Ligue qui opposait Lens au PSG.
Dans La bonne soupe, Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, journalistes à Libération, disaient de la tendance à la localisation (à outrance ?) de l’information qu’elle ressemblait à une « pernautisation des médias français ». A cette vitesse-là, c’est bientôt d’une France pernautisée dont il faudra parler.

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