Le lac Suwa dans la province de Shinano, (c) Hokusai
"Céder à l'invite du tronc couché
Céder à l'antique blessure
guérie par la résine du temps
Au sortilège d'un après-midi
Aux murmures ininterrompues de l'été
A la félicité de l'attente, à l'arrivée
inattendue d'une amante de rêve
Au bourdonnement autour des mûres
que les renards ont crachées
Aux écailles de serpent muées en papillons
A la soif qu'étanchent seules les larmes
A l'irrépressible nostalgie renée
Céder à l'invite du héron debout
Qui, près de l'étang, là-bas
Tend le miroir d'un soir doré
au coeur de la mémoire terrestre."
"Réduit au plus ténu du souffle
Et faire écho en silence
Au respir des sycomores
Quand l'automne les pénètre
De son haleine d'humus et de brume
A la saveur de sel après larmes
Réduit au plus ténu du souffle
A rine de moins qu'échange
Shiro Kasamatsu - Pin sous la pluie, Kinokunizaka, in Tokyo, 1938 "Ne laisse en ce lieu, passant Ni les trésors de ton corps Ni les dons de ton esprit Mais quelques traces de pas Afin qu'un jour le vent fort A ton rythme s'initie A ton silence à ton cri Et fixe enfin ton chemin""Au bout de la nuit un seuil éclairé
Nous attire encore vers son doux mystère
Les grillons chantant l'éternel été
Quelque part la vie vécue reste entière"
Kawase Hasui (1883-1957), "Lune d'hiver à Toyamagahara" (ukiyo-e, c. 1931) "Accorde-nous de boire l'eau céleste Aussi pure que les perles de crapaud De surgir une fois encore du sol Des chairs meurtries au gré de la tige du bambou réduite aux os De ne pas oublier le cou de cygne Plus tendre u'un rêve de paradis au coeur de la foule en perdition De perpétuer les mots non dits à jamais Lèvres d'iris effleurées par la brise émanant du volcan d'origine "Nous reverrons-nous un jour ?" Présentation de l'éditeur :A l'orient de tout. Oeuvres poétique s, François Cheng, Préface d'André Velter, Poésie/Gallimard, septembre 2005, 7.10 euros