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L'Insomnie des murènes : le voyage sensuel et sensoriel de Laurent Bazin

Publié le 26 juillet 2010 par Jérôme Delatour

L'Insomnie des murènes : le voyage sensuel et sensoriel de Laurent Bazin

Laurent Bazin, L'Insomnie des murènes (cl. Svend Andersen)

Encore un tuyau de Guy. Il paraît qu'il faut que j'aille au théâtre, et il se trouve que ça, c'est assez du théâtre, tout en étant assez proche de la danse ; une comédienne, trois danseuses. Donc, la pièce parfaite pour m'apprivoiser. En plus, après, il y avait une vraie pièce de théâtre, avec du vrai texte en dur, intitulée Sous la Falaise, de Nicolas Kerszenbaum ( compagnie Franchement, tu) ; une jolie réinterprétation du mythe d'Orphée, l'homme qui ne peut s'empêcher de regarder en arrière, avec un chien père Noël. Bon, je me suis fait inviter, et pour me dédouaner j'ai fait venir un drôle de gars qui écrit sur ses retours de voyage.

La chose se passait dans un lieu nouveau, la Loge. La scène n'est pas beaucoup plus grande qu'une loge, en effet, surtout pour cette pièce où le public est confiné comme dans une grotte ou une cave, dans le noir. Public jeune, pas celui auquel j'ai l'habitude il me semble. Ah oui, j'ai oublié de le dire, pour la saison prochaine je n'ai pas pris d'abonnement au Théâtre de la Ville. Maintenant que je suis un peu initié, je préfère aller au hasard, à la rencontre d'artistes à confirmer. C'est plus amusant et plus utile.

L'Insomnie des murènes : le voyage sensuel et sensoriel de Laurent Bazin

Laurent Bazin, L'Insomnie des murènes (cl. Svend Andersen)


Pourquoi Insomnie des murènes, je ne sais pas trop. En fait c'est l'insomnie d'une femme qui n'a pas vraiment une tête à mordre. Eclairée par dessous, on dirait même Chiara Mastroianni. Alors il y a cette atmosphère onirique des orages d'été, de ces grondements caressants du ciel, de la moiteur, l'humidité de la forêt, les formes et les désirs indécis de la nuit, des hallucinations morbides, des peaux qui se touchent, des cauchemards éveillés. Point de murènes, mais des méduses, des siamoises, des doubles blafards, des fantasmes d'embryon, des bois de cerf, une envie d'Ovide. Mentalement, j'ajoute des fougères et de la mousse. Trois Grâces ou Parques dont les seins suintants processionnent mènent le bal, tirent à hue et à dia l'insomniaque. L'orgie n'est pas loin mais il n'y a que de l'alcool, et d'homme que par masques aux grands yeux, aux sur-yeux clairs, façon Cocteau.


Voilà un essai prometteur auquel il manque encore quelque chose. Peut-être un peu trop de préciosité, de plasticité et pas assez de sens, de sexe ou de folie. Laurent Bazin a écrit et mis en scène une autre pièce, Dysmopolis, où l'on retrouve son goût des masques. A suivre.


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