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Au Point Ephémère, des Petites formes cousues qui se tiennent

Publié le 30 avril 2010 par Jérôme Delatour

Au Point Ephémère, des Petites formes cousues qui se tiennent

Karina Benziada danse avec Aléa, sculpture d'Axel Rogier-Waeslynck
(cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Suite des réjouissances du festival des Petites formes cousues (Point Ephémère) ce vendredi 23 avril.

Nous commençons par Christine Chu, Moi, pas moi. Cette charmante danseuse qui a vingt ans de métier s'interroge sur le fait et la façon d'être sur scène. On la voit jouer la blonde décérébrée, l'interprète de Pina Bausch, pour finir sans perruque avec le survêtement des répétitions, et les questions susdites. Interrogation gentille mais qui ne fait pas spectacle, et peut donner l'impression (sûrement à tort) d'un certain nombrilisme. Christine Chu devrait aller voir les pièces des Gens d'Uterpan, passés maîtres dans ce registre. Etre indulgent : c'est un work in progress.

Au Point Ephémère, des Petites formes cousues qui se tiennent

Christine Chu, Moi-pas moi (cl. Jérôme Delatour-Images de danse)


Puis Presque bleu d'Irene di Dio, avec Gianfranco Poddighe. (C'est fou comme ce danseur ressemble à Khadafi, me dis-je.) Bon, j'ai raté la création développée pendant sa résidence au Point Ephémère, tant pis, va pour cette vidéo plutôt attachante. Ca doit être un truc de trentenaires-quadra, cette nostalgie particulière de l'enfance, la mélancolie diffuse de n'être pas devenu star, ni quoi que ce soit, au fond. Vidéo glam, tendre, pleine d'autodérision rêveuse, et pour le prix les deux comparses font les andouilles pendant et après le visionnage. - Après coup, je rencontre Irene qui insiste : non, il n'y a pas de fantasme de star là-dedans, juste une interrogation sur ce qu'on est, l'apparence qu'on a et que l'on donne, particulièrement quand on joue la comédie. Donc, même thématique que Christine Chu ; Eléonore Didier ne fait pas les choses au hasard.

Au Point Ephémère, des Petites formes cousues qui se tiennent

Mathilde Lapostolle, Tumbleweed (cl. Jérôme Delatour-Images de danse)


Changement de registre radical, encore une fois, avec Mathilde Lapostolle que j'avais vu interpréter le d'Eléonore Didier en novembre dernier ; mais surtout connue, comme me le rappelle opportunément Guy Degeorges, comme interprète de Carlotta Ikeda. Et de fait, son Tumbleweed est un solo purement butô, jusque dans les moindres détails ; quoique d'un butô du genre gracieux et léger, même si Mathilde ne déroge pas à la tradition des grimaces, des pieds recroquevillés etc. Mathilde Lapostolle illustre à la perfection son sujet : j'en veux pour preuve que, avant de connaître le titre de sa pièce, j'avais reconnu dans ses roulades ces boules broussailleuses qui parcourent les contrées désertiques sous l'effet du vent. On espère que, dans ses créations ultérieures, Mathilde Lapostolle deviendra moins illustrative, et qu'elle saura se créer un univers qui serait plus proprement le sien.

Et la demoiselle sur la photo en tête de cet article, me direz-vous ? C'est une des artistes qui ont eu le plaisir de se mesurer à Aléa, sculpture très réussie d' Axel Rogier-Waeslynck, une sorte de nunchaku géant et multiple, dans les couloirs blêmes du Point Ephémère. Une Performance de Karina Benziada, simple et efficace :-).


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