Magazine Cinéma

Super 8 (j.j. abrams - 2011)

Par Actarus682

SUPER 8 (J.J. ABRAMS - 2011)Que les tristes sires et les mauvaises langues de tout poil retournent dans leurs vestiaires. Que les cyniques et les coeurs secs ravalent leur innocence perdue.

Et que les aveugles aillent s'acheter une paire de lunettes.

On aura en effet entendu tant de bêtises sur SUPER 8: du sous-Spielberg, du cinéma passéiste, du copier-coller des films estampillés Amblin des années 80. Car, même s'il constitue une oeuvre se rapprochant clairement de l'esprit des longs-métrages spielbergiens des 80's, SUPER 8 développe une histoire qui trouve son propre substrat, sans avoir à le dégoter dans le cinéma de papa. Car le troisième film de J.J Abrams est avant tout un drame humain bouleversant: celui d'un adolescent ne parvenant pas à faire le deuil de la mort de sa mère. La perte et le manque de l'autre sont ainsi au centre du métrage, ce qui a vraisemblablement contribué à attiser les critiques négatives voyant dans la démarche d'Abrams une tendance à calquer son histoire sur celles des films de Spielberg dans lesquels les enfants, victimes eux aussi d'un manque ( E.T.), ou d'une absence ( Rencontres du troisième type), se trouvaient au centre de l'intrigue. Autant reprocher à Spielberg d'avoir réalisé un film sur le débarquement alors que cela avait déjà été fait avant, ou à Kubrick d'avoir osé songer à réaliser un nouveau Napoléon.

Bref, en l'état, SUPER 8 s'impose sans problèmes comme le meilleur film de son metteur en scène, tout en constituant un modèle de narration, l'intrigue poussant petit à petit le curseur de l'émotion vers un point qui atteindra son apogée lors d'une scène finale absolument bouleversante.

Se déroulant en 1979, SUPER 8 raconte l'histoire d'un groupe d'adolescents confrontés à une étrange créature surgie d'un train militaire ayant déraillé sous leurs yeux, alors qu'ils tournaient un court-métrage à l'aide d'une caméra super 8. Le choix du metteur en scène de situer son film à la fin des années 70 est tout sauf anodin. Il révèle d'une part la volonté de J.J. Abrams de retrouver une narration et un type de récit qui lui sont chers (ceux des longs-métrages de son mentor spirituel, Steven Spielberg), mais également la part très personnelle que le metteur en scène a insufflé dans le personnage du jeune Charles, initiateur du court-métrage amateur du film. Un ancrage à la fois autobiographique et nostalgique qui confère au film une aura extrêmement sincère et dénuée de tout cynisme au sein de laquelle Abrams va pouvoir développer une histoire riche en émotions, extrêmement touchante, plongeant des personnages ordinaires dans une situation extraordinaire de laquelle ils sortiront tous grandis.

SUPER 8 (J.J. ABRAMS - 2011)

Débutant son film par une remarquable mise en place des personnages (aucun dialogue superflu, la mise en scène se chargeant par le seul biais de la caméra de poser ses protagonistes ainsi que leur passé), Abrams va se focaliser avant tout sur son héros, le jeune Joe, meurtri par la tragique disparition de sa mère au cours d'un accident du travail. Désormais seul avec un père distant, il trouvera réconfort auprès de son groupe d'amis, et l'amour auprès de la jeune Alice, interprétée par une Elle Fanning décidément de plus en plus prometteuse.

Maîtrisant de mieux en mieux l'outil cinématographique, le créateur de Lost a définitivement laissé tomber les tics télévisuels qui handicapaient son Mission impossible 3, pour proposer une réalisation de pur cinéma, à l'image du spectaculaire accident de train, scène au cours de laquelle la gestion de l'espace et des personnages en son sein est proprement remarquable. Par ailleurs, c'est un pur plaisir de cinéphile de ressentir tout l'amour du septième art contenu dans SUPER 8, de la passion de ses protagonistes pour le cinéma à la galerie de références au cinéma d'horreur ornant les murs de la chambre du personnage de Charles, en passant par un clin d'oeil très drôle au maître Romero.

S'agissant de sa créature, J.J. Abrams jouera tout d'abord sur la suggestion avant de faire apparaître le monstre plein cadre lors d'un face à face avec le jeune Joe, séquence clé s'il en est, puisqu'elle constituera à la fois un pas de géant dans l'évolution psychologique du héros, tout en apportant un éclairage inattendu sur la bête.

L'on pourra en revanche reprocher à SUPER 8 un bad guy militaire des plus caricaturaux, ou encore une malheureuse ellipse lors de la séquence de l'évasion de la grotte.

Certains reprocheront également à J.J. Abrams l'utilisation de ses fameux lens flares dont le metteur en scène s'est fait le spécialiste. Loin d'être un pur effet de style gratuit, ces rais de lumière striant l'écran contribuent au contraire à inscrire visuellement l'histoire dans le registre fantastique, tout en donnant au métrage une véritable patine visuelle.

SUPER 8 constitue donc une oeuvre réussie de bout en bout, entre déclaration d'amour au cinéma, plaisir nostalgique, drame poignant et film fantastique de haute tenue. Pour quiconque a su garder un coeur et une âme d'enfant, le film de J.J. Abrams est une petite perle, et fera ruisseler immanquablement les larmes lors de la scène finale, qui nous ramène 30 ans en arrière, lorsque nous pleurions à la fin de E.T....


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Actarus682 461 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines