C’est si loin, tout ça, les Rancillac, les Arroyo, les Télémaque, les Adami, une époque révolue, un autre monde qu’on regarde aujourd’hui avec une curiosité d’archéologue (au Grand Palais jusqu’au 13 Juillet). Ce n’est pas vraiment cela qu’on retient aujourd’hui de la révolte de Mai 68, pas cette manière trop littérale, trop engagée de changer le devenir du monde grâce au pouvoir de l’art. Duchamp, que trois des adeptes de la Figuration Narrative (Aillaud, Arroyo et Recalcati, Vivre et laisser mourir, 1965, ci-dessus) assassinent sur la toile (quelques mois avant sa mort), ou Rauschenberg, qu’ils abhorrent après sa consécration vénitienne, ont tellement plus changé le monde que ces
peintres un peu trop évidents, chez qui on cherche en vain davantage de profondeur derrière la simple représentation sur la toile des thèmes qui leur sont chers.
Ce n’est pas vrai de tous, bien sûr, et on s’attache aujourd’hui aux ‘tableaux de notes’ de Jan Voss (Des mots en l’air, 1963, ci-contre) où figures à peine distinctes et mots à peine lisibles s’alignent comme sur un cahier, créant un alphabet de signes gris et secs, nous défiant d’en percer la linguistique cachée. Les divers Planétariums de Öyvind Fahlström relèvent aussi de cette même recherche de signes. Il y a ici et là des

Mais la peinture d’après les maîtres anciens paraît tellement compassée, avec ses insolences fatiguées, ses lourdes transpositions. Heureusement que la magie des polars selon Monory fonctionne encore, sans doute parce que ses tableaux se détachent du réel, de l’histoire (et de l’Histoire) et que leur bleu les rend formels, éthérés, autrement denses, les transformant en mythes, en codes (ce qui n’arrive pas, par exemple, avec le rouge de Fromanger).

Tous ces peintres ex-révolutionnaires ont bien entendu confié la défense de leurs intérêts à l’ADAGP : les reproductions seront ôtées du site à la fin de l’exposition.