C’est les vacances, après 10 jours de tempêtes diluviennes, il fait enfin très beau (si,si, j’ai des photos, je peux le prouver) et on est coincé à la maison, grâce au plâtre de Toddler 5. C’est carrément digne d’une entreprise déménagement quand on veut aller se promener, il faut être deux adultes ou assimilés. Bref, Marichéri prétextant qu’il a besoin d’aller bosser et L’Ado (c’est l’assimilé) ayant les mêmes horaires que Dracula (il dort toute la journée et pille le frigo toute la nuit), je me retrouve enfermée avec les plus jeunes. C’est long. Du coup, j’accueille à bras ouverts tous les inconscients visiteurs téméraires qui n’hésitent pas à sonner à notre porte. Ça fait de la compagnie, et justement, quelle chance, en pleine période électorale, c’est un vrai défilé!
Faire de la politique ici, c’est sportif. Les candidats ne se contentent pas d’envoyer des tracts non, ils se déplacent en personne, de porte à porte pour convaincre l’électeur crédule. Ça demande donc une condition physique de marathonien couplée à une capacité surprenante pour des anglais à mépriser les plus élémentaires règles de savoir-vivre, parce que non, déranger les gens aux heures des repas pour leur parler du ramassage des ordures ou des horaires des bus, ça ne se fait pas. Ce que je me fais une joie de leur expliquer d’ailleurs, par pure gentillesse. Comme il y a une élection locale en même temps que parlementaire, on ne peut pas s’en tirer en disant qu’on est français. On a le droit de vote pour choisir nos councillors. C’est pas malin. Cela dit, on a aussi le droit de leur claquer la porte au nez, c’est une consolation.
Pour qu’on ne les confonde pas avec les témoins de Jéhovah, qui sont beaucoup moins pimpants ni les marchands de double vitrage, qui eux le sont beaucoup plus, les candidats sont afflubés d’une énorme rosette aux couleurs de leur parti, avec des gros rubans brillants. De loin, on les prend pour des œufs de Pâques (en tout cas moi, mais je suis très myope, c’est peut être pour ça), c’est de saison. Ils ont parfois des tracts et des pétitions sour le bras, au cas où vous voudriez absolument leur apporter votre soutien, là comme ça, sur le pas de la porte, pendant que votre dîner refroidit et que vos enfants profitent de votre inattention pour flanquer le feu à la cuisine et déguiser la chatte avec un torchon, du papier alu sur la queue et un bouchon de bouteille d’eau en chapeau (regarde, mamaaaaaan, la chatte, c’est une fée! )
Mais il fait reconnaître que c’est parfois amusant de discuter avec les candidats. Marichéri a beaucoup ri la fois où un militant écologiste et féru d’histoire lui a demandé si il était un descendant de De Gaulle, vus son accent français et sa taille (6m08 je le rappelle). Je ne me lasse pas de discuter avec mes copains du UKIP (d’ailleurs, c’est curieux, ils doivent considèrer que leur électorat ne bosse pas ou plus, parce qu’ils se pointent toujours en peine journée). Alors, expliquez-moi pourquoi je dois partir? Pas du tout, ce n’est pas ça, n’écoutez pas les méchants médias qui ne font rien qu’à nous caricaturer, les membres du UKIP adooooorent les étrangers. Surtout ceux qui restent chez eux. C’est dommage que je n’appartienne pas à une minorité religieuse rigolote (parce que j’ai bien tenté catho, c’est minoritaire mais bon, depuis Guy Fawkes, il faut bien le dire, le massacre de catholique est passé de mode. Tout se perd, ma bonne dame). Mais j’aime bien jouer avec les ukipiens quand même. C’est fou comme leur cerveau peut se mettre à fumer facilement, ce doit être les vapeurs d’alcool (non, je ne suis pas mauvaise langue, leur leader Farage est toujours photographié volontairement en train de boire) . Je suis immigrée. Bouh! Mais je paie des impots (sûrement même plus qu’eux). Ah…J’ai 5 enfants. Bouh! Mais je ne touche pas un centime d’alloc. Ah… Les pauvres (c’est une figure de style, je ne vais pas les plaindre) ne savent plus comment répondre, j’adore.
De toute façon, il n’ya strictement aucun suspens dans mon coin de l’Essex. Ça fait 50 ans que notre constituency (Circonscription) vote pour le même parti, et les sondages sont formels, ce n’est pas prêt de changer. On se demande bien pourquoi les candidats viennent démarcher à l’heure du bains des enfants. Je vais leur expliquer, je suis sûre que ça aidera.