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A l'origine de notre père obscur, Kaoutar Harchi

Par Laurielit @bloglaurielit

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Rentrer dans ce livre c'est se mettre dans la peau d'une petite fille, enfermée dans une maison aux murs gris et qui se fissurent, une maison où des femmes geignent, espèrent, se soutiennent, se déchirent, deviennent folles, une maison où elle perd sa maman puis la retrouve. Cette maison c'est une maison qualifiée d'enfermement. Les maris ont décidé de les enfermer car elles avaient fauté, ou du moins c'est ce que les "on-dit" mentionnent. Dans cette maison, la grosse porte pourtant n'est pas vraiment fermée. Elles pourraient décider de s'enfuir mais leur honneur et le respect voué aux hommes est en jeu. Elles y restent, attendant que leurs maris viennent les délivrer, telles des princesses. Dans cette maison, cette petite fille, elle, a envie de s'évader, d'ouvrir cette grande porte, d'échapper à leurs murmures, à cette tristesse. Comment se construire avec une mère silencieuse, recluse dans son chagrin? Comment résister à l'envie d'aller rejoindre les enfants qu'elle aperçoit du haut de la terrasse? Puis sa mère s'éteint et elle décide de partir, rejoindre le père, la main qu'elle a aperçue une fois lors d'une de ses visites, cette ombre du père, l'aime t'il ? Elle va y découvrir une famille déchirée, l'abus, le mensonge mais aussi un peu d'amour.

Avec une plume ciselée, hachée, Kaoutar Harchi embarque le lecteur dès les premières lignes dans la tête de cette petite fille. On souffre avec elle, on espère. Elle grandit, s'affranchit de sa peur, perd ses illusions, crie à l'intérieur. Ce récit est une tragédie, digne des plus grandes tragédies antiques avec des personnages endossant le rôle de figures clés : Le père, La mère. L'auteure aborde des thèmes clés : Le rapport hommes-femmes, notamment des sociétés arabo-musulmanes, la construction d'une identité en tant qu'enfant, le poids de la famille et des on-dit. Beaucoup d'émotions passent dans ce texte, avec une grande finesse et sensibilité...que ce soit la révolte de cette enfant ou la tristesse des femmes enfermées. 

L'auteure fait appel aux cahiers intimes que la petite fille trouve pour nous aider à en savoir plus. J'ai trouvé le procédé intéressant mais je me suis vraiment demandée comment elle a pu y avoir accès (notamment celui de la gouvernante). Je suis aussi peut-être un peu pragmatique mais j'ai été étonnée que la petite fille porte sa maman seule (vraiment, elle est jeune pour porter seule ce corps) et qu'elle prenne le bus comme ça (où trouve t'elle de l'argent? comment sait-elle se repérer, elle qui n'est jamais sortie de cette maison?). Quelques questions qui ont pu me déranger à la lecture du texte mais au global un texte court, d'une violence psychologique intense, dont on ne sort pas indemne.

Un livre acheté après avoir lu les avis de blogueuses plus que talentueuses - Les incontournables Stéphie, Noukette, Leiloona.


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