Magazine Culture

Quand j'étais Jane Eyre de Sheila KOHLER La Table Ronde (...

Publié le 25 janvier 2012 par Melisende
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres2/quandjetaisjaneeyre.jpg

Quand j'étais Jane Eyre de Sheila KOHLER

La Table Ronde (Quai Voltaire),
2012, p. 264
Premičre Publication : 2009
Pour l'acheter : Quand j'étais Jane Eyre

Merci ŕ
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Maisonsdedition/NEWSBOOKLOGO.jpg

et aux éditions
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Maisonsdedition/latablerondelogo.jpg
Sheila Kohler est née en Afrique du Sud en 1942. Aprčs des études brillantes ŕ Saint-Andrews et une distinction en Histoire, elle quitte son pays pour rejoindre l'Europe. Elle vit 15 ans ŕ Paris oů elle se marie, passe une licence de Lettres ŕ la Sorbonne puis poursuit avec un master en psychologie ŕ l'Institut catholique de Paris. Aprčs avoir élevé ses trois filles, elle déménage aux États-Unis en 1981 oů elle passe un master d'écriture ŕ Columbia. Elle vit actuellement ŕ New York.
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules2/Dbordeau.jpgans le calme et la pénombre, au chevet de son pčre qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fičvre, et prend toutes les revanches : sur ce pčre, pasteur rigide, désormais ŕ sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mčre et de deux sœurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français ŕ Bruxelles, sur son désespoir face ŕ son frčre rongé par l'alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois sœurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme.  
    http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg '
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules2/Jbordeau.jpge n’avais pas eu vent de cette sortie avant de voir l’annonce du partenariat sur Newsbook. Face ŕ un tel titre, un tel résumé et une telle illustration de couverture, vous vous doutez bien que je n’ai pas hésité beaucoup avant de Ť postuler ť. Et je remercie Ys et les éditions de la Table Ronde pour cet envoi ; j’ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture !
'
Sheila Kohler - que je ne connaissais absolument pas avant cette lecture - se penche ici sur les sœurs Brontë, notamment Charlotte l’aînée, auteure du célčbre Jane Eyre. De la vie des trois sœurs anglaises, je ne connaissais que ce que j’avais pu lire rapidement sur Wikipédia et autres sites du męme acabit : des informations biographiques jetées chronologiquement les unes aprčs les autres, sans Ť âme ť. Au contraire, Sheila Kohler ne se contente pas d’offrir une Ť simple ť biographie mais y ajoute de l’émotion, de la passion.
En interprétant certains évčnements connus de la vie des sœurs et en y ajoutant des éléments de son fait, l’auteure propose une Ť biographie romancée ť. Contrairement aux ouvrages trčs Ť scientifiques ť et souvent trčs froids, rédigés par des spécialistes diplômés, Quand j’étais Jane Eyre dégage une grande force émotionnelle et c’est ce qui m’a plu.
'
En outre, Sheila Kholer met en scčne la vie de la famille Brontë comme si celle-ci avait vraiment rassemblé les personnages d’un roman. Charlotte, Emily et Anne (mais surtout Charlotte) deviennent alors des héroďnes fortes et marquantes, ŕ l’image de leur Jane, Catherine et Agnčs. Comme le précise l’auteure dans les remerciements ŕ la fin, basé sur les biographies célčbres, cet ouvrage n’en reste pas moins une fiction. Cependant, j’ai trouvé l’ensemble que nous propose Sheila Kohler trčs plausible.
On y découvre une famille blessée par les pertes précédentes (une mčre douce et deux sœurs prometteuses) puis affaiblie par les épreuves de la vie (le frčre prodige Branwell, autrefois promis ŕ un bel avenir, transformé en ivrogne ; un pčre toujours distant et dépendant…). Au milieu, affrontant les difficultés, trois sœurs se serrent les coudes, n’abandonnant pas leur ręve d’ętre publiées malgré leur statut de femme et leur manque de moyens. On fait la connaissance de Charlotte, un petit bout de femme plutôt laide, désormais l’aînée des quatre enfants Brontë survivants, bien souvent jalouse de son frčre et de ses sœurs ; puis Emily la sauvage et solitaire, toujours accompagnée de son chien, toujours pręte ŕ s’occuper de son ivrogne de frčre ; et enfin, la petite Anne, la cadette, la plus jolie de toutes, la plus douce… et peut-ętre la plus fragile…
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers1/lessoeursbronteparbranwell.jpgJ’ai pris beaucoup de plaisir ŕ entrer dans la vie et dans les pensées des membres de cette famille car oui, grâce ŕ Sheila Kohler, on pénčtre véritablement au cœur de ces destins tragiques et les évčnements en sont d’autant plus touchants. Autant vous le dire tout de suite, si je savais que l’histoire de la famille Brontë n’était pas des plus gaies, je ne pensais pas sortir de cette lecture aussi mélancolique. J’ai été prise aux tripes par la vie de ses trois sœurs, une vie que j’ai traversée en leur compagnie, avec beaucoup d’implication (bien loin des biographies qu’on lit comme des étrangers, avec beaucoup de recul !). Je me répčte, mais la grande force de cette Ť biographie romancée ť réside dans les émotions qu’elle offre !
'
Côté style - je me base une fois de plus sur une traduction - je retiens une grande interaction avec le lecteur. Malgré l’utilisation de la troisičme personne pour tous les points de vue qui se succčdent (les passages dédiés ŕ Charlotte étant les plus nombreux), je ne me suis jamais sentie en retrait ou exclue des évčnements. Au contraire, j’ai vécu ceux-ci en męme temps que les personnages.
Si je dois avancer un bémol, ce serait peut-ętre au niveau de l’introduction des souvenirs de Charlotte dans le texte. Sheila Kohler n’adopte pas une narration linéaire, l’auteure revient réguličrement sur des épisodes passés permettant ainsi d’expliquer le Ť présent ť. J’aime assez cette Ť complexité ť narrative mais j’avoue avoir eu un peu de mal dans les premičres pages, il faut s’y habituer. Une fois le rythme pris, cette narration non linéaire est une vraie richesse pour la lecture.
'
Avant d’en terminer, j’aimerais soulever un point qui me semble passionnant et Quand j’étais Jane Eyre s’inscrit parfaitement dans la réflexion, revenant sur le processus de rédaction du célčbre Jane Eyre : jusqu’oů peut-on voir la vie d’un auteur dans son œuvre ?
Je me souviens d’un cours de deuxičme ou troisičme de licence de lettres modernes qui revenait justement sur les différents types de Ť critiques ť. Notre prof du moment nous avait alors mis en garde sur ce côté un peu Ť simpliste ť qui entraîne ŕ expliquer un livre par la seule (ou presque) biographie de son auteur. C’est souvent tentant, mais il faut se méfier. J’avoue que j’aime beaucoup chercher ŕ retrouver la vie d’un auteur dans son œuvre, le côté un peu Ť psychanalyse de bas étage ť me plaît assez ; mais c’est assez controversé par les spécialistes.
En ce sens, je ne doute pas que Quand j’étais Jane Eyre puisse Ť choquer ť les experts ou puristes de la famille Brontë ; mais gardons en tęte qu’il s’agit avant tout - et Sheila Kohler le dit clairement - d’une fiction. Et d’une fiction trčs réussie !
'
Pour conclure bričvement avant de remercier une nouvelle fois Newsbook et les éditions de la Table Ronde pour cette découverte : Quand j’étais Jane Eyre ravira les admirateurs des Brontë car leur permettra de se sentir plus Ť proches ť des ces trois demoiselles. En revanche, prévoyez ensuite une lecture gaie car męme si l’on sait ŕ l’avance quelle a été la vie de la famille Brontë, on tourne tout de męme la derničre page avec une grande mélancolie.

Les Petits [+] :
Une Ť biographie romancée ť qui offre beaucoup d’émotions (contrairement aux textes plus Ť scientifiques ť). Certains évčnements sont avérés, d’autres du fait de Sheila Kohler mais l’ensemble est trčs plausible ! Une narration non linéaire pas évidente au début mais qui offre finalement un texte trčs riche. Aprčs cette lecture, j’ai encore plus envie de me plonger dans les textes des sœurs que je n’ai pas encore lus et de me replonger dans ceux que je connais déjŕ !
Les Petits [-] : Les détracteurs/experts pourront peut-ętre s’offusquer face au parallčle fait entre la vie des auteurs et leurs œuvres. Attention au moral, ce n’est pas trčs gai…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Melisende 5254 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines