« Quand tu y penses quand même ça fait bizarre de te dire que le premier mot de ta journée c’est alarme. » Et après , on a appuyé sur « rappel » et on s’accorde neuf minutes. C’est ce temps-là qu’explore ce spectacle étrange, nous spectateurs assis en gradin dans un camion qui roule lentement dans la ville, ce soir-là pluvieuse, ce soir-là offrant des lumières qui glissent derrière le camion, tandis que les trois acteurs, tour à tour s’approchant ou s’éloignant, marchant, faisant signe de la main, les trois qui nous parlent, qui me parlent, me regardant, nous regardant, souriant, nous font passer par tous les états de ces neuf minutes. Pas encore réveillé, mais déjà sorti du sommeil. Pas encore mais déjà. Et les gestes quotidiens, intimes de ces minutes-là, plus qu’intimes et pourtant les mêmes pour eux qui disent et pour moi qui m’y reconnais. Ils me tutoient et parfois me semblent tout proches dans mon demi-sommeil. Ce que je devrais faire, ce que je ne veux pas, une sensation, une information qui revient, le monde, la guerre, le café, « comme un petit résumé de la vie ». C’est lent, c’est à moi que cela s’adresse, les regards et les signes de la main. Porté par le camion, je vois défiler la ville, la chaussée mouillée, les phares, les trottoirs, des gens qui passent, traversent, fantômes d’avant la seconde sonnerie du réveil. Je les retrouverai demain, trois personnes marchant, souriant, me parlant : « À côté de moi, tu es là / Et à côté de toi, il y en a d’autres / Et les matins de d’habitude, on ne le voit pas, le ciel derrière le plafond / Mais ce matin, si ».
J’étais dans le camion de la Ktha compagnie, dans les rues de Paris, près du Parc de Choisy.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble