Secret Walls : quand le Street Art s’invite … dans un bar

Une toile vierge, des marqueurs, des pinceaux et de la peinture noire : telles sont les seules armes autorisées lors des soirées Secret Walls, des compétitions de street art dans un bar. Pendant 90 minutes, deux artistes issus de l’art urbain s’affrontent en dessinant, sous les encouragements du public et du son électro d’Andhim ou Frivolous.

Une toile de 195×115, des marqueurs, de la peinture noire et… des bières. Battle is ready.

Une battle artistique en live

Concrètement, Secret Walls, c’est quoi ? Premier concept de battle artistique en live dans un bar, ce type de soirée a émergé à Londres en 2006, avant d’être repris dans de nombreux pays. Après New York, Chicago, Rio ou même Hawaï, ces évènements sont arrivés dans l’Hexagone en septembre 2014, lors d’une première session à Lyon.

Pierre et Val, deux étudiants en école de commerce, ont décidé d’acheter la licence et d’importer le concept en France, après avoir découvert Secret Walls lors d’un semestre à Hong Kong. Face au succès grandissant de l’événement, des bars parisiens se sont associés au projet comme l’Olympic Café (18^ème), le Comptoir Général (10^ème) ou encore la Bellevilloise (20^ème).

Triple voix

Secret Walls, c’est un concept triplement cool. Pour les artistes d’abord, qui passent de la rue à un public d’au moins 150 personnes, partageant leur passion et savoir-faire. Pour le public aussi qui se retrouve en assistant à une compétition artistique de qualité, tout en écoutant de la musique électro. Et pour le bar, enfin, qui voit son affluence doubler. Les entrées, parfois payantes à hauteur de 5 à 8 euros, peuvent être gratuite, en fonction de la politique du bar.

Les 200 personnes du public votent d’une seule voix à l’applaudimètre.

Dans la foule debout, un verre à la main, le public est éclectique, entre amateurs de street art, étudiants, jeunes actifs ou supporters. Pourtant, ils devront tous voter d’une seule voix pour les départager. À la fin du temps imparti, les organisateurs de la soirée mesurent l’engouement pour chaque artiste à l’applaudimètre grâce à l’application Smartphone Noise. Les deux autres voix appartiennent à deux jurys, des professionnels issus du monde de l’art contemporain. Pas d’égalité possible.

À gauche, le portrait d’Oji., à droite, la toile onirique de Mister Pee.

Mercredi 25 mars 2015 à l’Olympic Café, la toile onirique de Mister Pee, illustrateur depuis une quinzaine d’années, a remporté les faveurs du jury composé de Daphné et Laura, galeristes à L’œil Ouvert dans le Marais. Pourtant, le public avait plébiscité le portrait de son adversaire, Oji., graffeur depuis un an seulement « à la suite d’un chagrin d’amour » nous avoue-t-il. Alice et son frère Baptiste, fan de Mister Pee, se réjouissent de le retrouver au mois de Mai, face à un autre artiste, tandis qu’Alex admire « le compas dans l’œil » d’Oji.

Work in progress pour Mister Pee.

Goût du challenge

Secret Walls est un duel avant tout. Il n’est pas rare de voir les deux compétiteurs s’envoyer des piques pour se challenger. Comme ce soir du 25 mars dernier pour le Round 2 où Oji caricature son adversaire dans son dessin. « J’ai voulu me représenter imposant, tenant par la main mon adversaire Mister Pee, et tordant le cou à la petite girafe de sa toile. Je me suis amusé, même si j’ai perdu », confie Oji. Le gagnant Mister Pee admet « n’être pas trop entré dans la joute cette fois-ci » ayant privilégié une représentation du côté animal de l’Homme. Une revanche prévue ? « Sûrement au prochain round » ajoute-t-il. Une vraie battle, on vous dit.

Round 4 aura lieu au Comptoir Général le 27 avril.

Retrouvez Secret Walls France sur Facebook 

Claire Estagnasié