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L’Inquisition, les femmes et les casins

Publié le 16 avril 2015 par Oliaiklod @Olia_i_Klod
Caterina Sagredo Barbarigo était la fille de Gerardo Sagredo et avait épousé Antonio Pisaro en 1732, puis Gregorio Barbarigo en 1739, son unique fille fut Contarina Barbarigo.

Caterina Sagredo était connue pour sa beauté et ses activités intellectuelles. Elle a conservé la réputation d'une dévoreuse de livres, et est connue pour ses voyages.

Elle a organisé un salon littéraire dont on estime qu'il fut une des plus remarquables à Venise, et elle a supporté le novateur Domeniceti.

Mais Caterina Sagredo Barbarigo est resté célèbre, également, en raison de son conflit avec l'Inquisition vénitienne.

Au XVIIème siècle, Chiara, Maddalena et Laura Contarini, filles du doge Domenico II Contarini, seront les premières nobles à abandonner les traditionnels sabots pour des chaussures et adopteront la perruque qui fut interdite en 1665 avec peu d'effet.

Venise était devenue célèbre pour ses casins, le Caterina avait ouvert le sien à La Giudecca (et un autre à San Moisè, corte Luisella).

L'Inquisition et l'Église ont vu dans ces casins nouvellement créés les preuves d'une émancipation des femmes qui était jugée dangereuse pour la société de l'époque. Les femmes de la noblesse furent donc interdites de fréquenter ces lieux de perdition où elle pouvaient rencontrer et côtoyer (voir plus) des hommes en toute liberté.

Caterina Sagredo Barbarigo fut arrêtée et inculpée, et, le 16 avril 1747, son casino de La Giudecca fut fermé suite à l'ordre des Inquisitori di Stato.

Pour réponse, Caterina Sagredo Barbarigo a exprimé son profond regret de cette décision inique en vers :

Oh poveri lustrissimi
El luni avemo perso:
Demo sfortunatissimi [...]
Da strissimi discreti
Stevimo in un mezà
Biscotarie e sorbeti
no ne ga mai mancà.
Per nu no ghera cioca
Né candelieri a lumi
Non avevimo taolini
De ombre e rocambol
[...] Da strissimi studiosi
Citevimo Russo,
da strissimi ingegnosi
Disevimo bon mo.
Quel gran lini no ghe più
Lé andato quel amabile
Strissimo randeù.

Son cas est devenu célèbre, mais n'a pas empêché la création d'autres casini par des femmes. déjà en 1751, une autre noble dame, Marina Sagredo Pisani, ouvrait un autre casin. En 1867, l'Inquisition permettait aux femme nobles de fréquenter les casini à la condition qu'elles couvrent leur visage.

L’Inquisition, les femmes et les casins

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