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Critique – Lost River

Publié le 17 avril 2015 par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Après avoir enchanté les critiques l'an dernier au festival de Cannes, Lost River sort enfin sur grand écran. Quel résultat pour le premier long-métrage de Ryan Gosling ? Les avis sont partagés.

C'est en tant qu'acteur que Ryan Gosling rencontre le succès avec des films comme Les Marches du Pouvoir, Drive, Only Gog Forgives ou encore Gangster Squad. Il passe à présent pour la première fois derrière la caméra pour Lost River, un film qu'il a réalisé mais aussi produit et écrit. Un projet ambitieux qui l'est peut-être un peu trop.

Un scénario qui faut à faire sens

En quelques lignes, Lost River est le nom de la ville dans laquelle vit Billy (Christina Hendricks) et ses deux fils, Bones (Iain de Caestecker) et le petit Francky. La ville, presque entièrement désertée à cause du chômage, est en proie au caïd local Bully (Matt Smith), froid et cruel. Sous risque d'expulsion, Billy accepte l'offre d'emploi que lui propose son banquier Dave (Ben Mendelsohn) dans un mystérieux cabaret plutôt glauque tenue par la ravissante Cat (Eva Mendes).

Critique – Lost River
Si la trame du scénario est facile et les enjeux facilement décelables, le déroulement, lui, est bien plus confus. Pourtant construit de manière chronologique, l'histoire semble souvent se perdre parmi les nombreux allers-retours des personnages dans la ville. On suit principalement Bones qui, accompagné de son amie Rat (Saoirse Ronan), cherche à percer le secret du lac artificiel de Lost River. Le film s'ouvre pourtant sur l'annonce claire que Bones cherche à quitter la ville - pour ce faire, il vole même le cuivre appartenant à Bully pour le revendre et finir de réparer sa voiture. On cherche l'intérêt que trouve Bones à résoudre un mystère local d'une ville dont il souhaite partir. Entrecoupez tout cela de passages franchement glauques dans le cabaret où doit travailler Billy, et mélangez avec une ambiance claustrophobe et anxiogène : pour sûr, le déroulement du scénario perd de son sens. D'autant plus que le schéma narratif ne comporte pas franchement de progression nette, et que la conclusion ne répond qu'à une question, celle posée par le premier titre du film " How to catch a monster ". Bref, la scène d'exposition qui présente clairement les personnages et leur enjeux mise à part, l'écriture n'est ni faite ni à faire. Dommage, car le reste du film est bien plus prometteur.

Critique – Lost River
Ambiance et réalisation, une petite réussite

Si Ryan Gosling ne brille pas encore dans l'écriture scénaristique, il n'a pas à rougir de ses débuts en réalisation. Propres et nets, ses choix de cadrage en plan large sont très intéressants car, de pair avec une photographie soignée, ils placent souvent les personnages en plein cœur du décor, de telle manière à ce qu'ils semblent perdus eux-mêmes dans leur ville. Pour le reste, les travellings soignés et les jeux de flou renforcent cet aspect de quête qui progresse mais dans la confusion. Pendant le visionnage, on remarque principalement l'ambiance très travaillée au niveau des lumières avec des contrastes très forts, mais aussi des couleurs. C'est presque toute la palette qui y passe : jaune pour l'exploration du lac, rose et violet pour le cabaret de Cat, rouge pour le banquier Dave, orange pour les incendies causés par Billy, et vert pour la forêt qui entoure la ville. Une couleur manque à l'appel : le bleu, couleur de l'eau, dont on se demande si l'absence n'évoque pas le titre lui-même " Lost River ". Le noir, quant à lui, joue le rôle de créer l'ambiance claustrophobe évoquée plus tôt, particulièrement lors de la scène finale qui se déroule de nuit. Une ambiance renforcée par la bande originale signée Johnny Jewell et entièrement disponible sur Youtube dont on regrette simplement qu'elle ne comporte pas de thème plus marquant. Petite curiosité, ce sont les personnages secondaires de Rat et Dave qui disposent de leur propre chanson et non les personnages principaux.

Critique – Lost River
Personnages étranges et casting hétéroclite

De manière générale, les personnages sont assez mystérieux. On sait très peu de choses sur eux, particulièrement Bones dont on a du mal à décrypter les raisons qui le poussent à explorer le lac de Lost River. Une chose est claire, les personnages ont un aspect symbolique mis en valeur par leur prénom : Bones, qui évoque la pauvreté ; Bully, qui signifie en anglais " tyran " ou " brute " ; Rat, frêle et faible qui possède un rat comme animal domestique ; et Billy, dérivé d'un mot germanique signifiant " volonté " et " protection ", exactement comme le personnage de Christina Hendricks qui agit vraiment en mère cherchant à protéger ses enfants. Si son jeu d'actrice est irréprochable, on a cependant du mal à croire que Christina Hendricks (Drive, Mad Men) puisse jouer la mère de Iain de Caestecker (Marvel's Agents of SHIELD), vu que les deux acteurs n'ont que 12 ans d'écart. On remarque que pour le casting, Ryan Gosling réunit des têtes d'affiche connues comme Christina Hendricks, Eva Mendes ou Ben Mendelsohn (vu dans Australia, Batman The Dark Knight Rises ou encore Exodus) avec de jeunes acteurs en pleine ascension comme Saoirse Ronan ( Les Ames Vagabondes, The Grand Budapest Hotel) ou encore Matt Smith (ancien Docteur dans la série britannique Doctor Who et bientôt à l'affiche de Terminator Genisys). Cocorico avec la présence de Reda Kateb (Hippocrate, Loin des Hommes, Les Garçons et Guillaume , à table !) dans le rôle du chauffeur de taxi bienveillant qui vient en aide à Billy et sa famille.

Critique – Lost River
Lost River reste un film prenant à la réalisation très soignée dont l'ambiance sombre et étouffante nous imprègne encore à la sortie de la salle. Ryan Gosling ajoute une carte à son jeu avec ce film aux allures de délire fantastique et macabre qui va en déconcerter plus d'un.

Pour d'autres avis sur Lost River, ici les critiques des sites Le Bleu du Miroir et FuckingCinéphiles.

Lost River, un premier long métrage au résultat mitigé pour Ryan Gosling, dont les talents sont certains mais perfectibles.

  • L'ambiance anxiogène
  • Le casting
  • La photographie travaillée
    Le scénario confus sans queue ni tête

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