Lorsque j’ai connu Rémi Tremblay, dans le cadre d’une activité professionnelle, il était président de la filiale canadienne de la firme internationale Adecco, filiale qui comptait 11 000 employés. C’était après qu’il eut mis sur pied l’antenne québécoise de la même firme au sein de laquelle il avait implanté son style de gestion unique, cherchant à concilier performance et bonheur au travail. Il était encore président canadien d’Adecco lorsqu’il a publié le brûlot Les fous du roi qui dénonçait vertement la tyrannie des actionnaires et ses conséquences sur la santé physique et mentale des gestionnaires et des employés des entreprises. Il fallait un sacré culot et beaucoup de courage pour prendre à partie les pratiques de son propre employeur. J’étais subjuguée, admirative! Un an plus tard, il réorientait sa carrière pour consacrer toutes ses énergies à la Maison des leaders, un lieu où les dirigeants de tous les niveaux marquent un temps d’arrêt pour réfléchir à ce qu’ils sont, à ce qu’ils font, à leur être comme à leur pratique de gestion, en partant du principe qu’une meilleure personne fera un meilleur gestionnaire.
Je vous raconte tout ça pour vous donner une petite idée du parcours de l’auteur de La chaise rouge devant le fleuve coécrit avec Diane Bérard, journaliste, chroniqueuse et écrivaine. Sauf erreur de ma part, dans ce livre comme dans les autres qu’ils ont publiés ensemble, le propos est principalement celui de Rémi et la plume, celle de Diane.
Depuis plus d’un quart de siècle, aussi bien dire depuis toujours, ce quinquagénaire cogite, cherche, creuse. Seul ou le plus souvent avec d’autres, philosophes, psychologues, bouddhistes, penseurs, en papier ou en personne (Mathieu Ricard, Albert Jaccard, Scott Peck, Peter Kœnig, etc.). Dans quel terreau? Celui des valeurs humaines, morales, spirituelles. Comment être un meilleur humain? Voilà, je crois, la question qui le taraude.
J’ai dévoré cet essai comme on lit un roman. Car c’est l’histoire d’un homme transpercé par la douleur de découvrir son fils toxicomane, incarcéré, souffrant. Comment accepter? Comment l’aider? Comment vivre avec cette douleur? Cette douleur qui va le clouer à sa chaise rouge, devant le fleuve, la chaise où des voix nouvelles vont commencer à chuchoter à son oreille.
Courageusement, honnêtement, comme toujours (ainsi est Rémi), l’auteur, assisté par sa muse, nous livre son cheminement, ses réflexions et ses conseils (le petit bout qui m’agace). C’est dans son ADN, me semble-t-il, de vouloir être utile aux autres. Et son métier, ne l’oublions pas. Ainsi, à mesure que se profilent des pistes, des avenues, des façons d’être, de penser, de se dé-penser et de se re-penser, Rémi nous les propose avec beaucoup de conviction et de doutes à la fois. Avec beaucoup d’humilité et de générosité.
Comment apprivoiser la souffrance, la rendre supportable, comment « danser avec la vie »? Comment la transformer en bonheur? Mieux, en joie?
Si ces questions vous interpellent, vous trouverez peut-être dans La chaise rouge devant le fleuve des éléments de réponse. Et certainement, une lecture bienfaisante dont la conclusion, signée par le fils toxicomane, ne pourra faire autrement que de vous toucher.
Rémi Tremblay, Diane Bérard, La chaise rouge devant le fleuve, Guy Saint-Jean, Montréal, 2014, 226 pages.