Midnight in paris - 7,5/10

Un film de Woody Allen (2011 - USA) avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Marion Cotillard, Kathy Bates, Michael Sheen, Tom Hiddleston, Alison Pill, Corey Stoll, Léa Seydoux

Charmant et délicieux.

L'histoire : Gil, scénariste hollywoodien, séjourne à Paris avec sa fiancée, Inez, et les richissimes parents de celle-ci. Paris l'inspire énormément et il aimerait y vivre. Désireux d'écrire un roman, un vrai, il sent que l'inspiration ici ne lui ferait pas défaut. Mais pour Inez, il n'en est pas question, impossible de vivre ailleurs qu'aux Etats-Unis, et plus précisément à Malibu, où elle veut qu'il se remette à écrire des scénarios qui rapportent et abandonne cette idée saugrenue de devenir romancier. Le trio est bientôt rejoint par un couple, ami d'Inez, qu'elle n'avait pas revu depuis un moment, et que Gil trouve particulièrement snob et pédant. Lassé, il les laisse un soir finir la nuit en boîte, et préfère errer seul dans les rues de Paris by night. Dans un coin de Montmartre, où il s'est un peu perdu, alors que sonnent les douze coups de minuit, il se fait embarquer par une bande de joyeux noctambules. Il lui faudra un certain temps pour réaliser qu'ils sont tous vêtus de curieuse manière. Et lorsque ce couple sympathique se présente, Zelda et Scott Fitzgerald, il réalise soudain qu'il a été transporté dans les années 20, une époque qui le fait rêver...

Mon avis : Après une comédie française bas de gamme et un Europacorp guère plus élevé, il me fallait du lourd pour me réconcilier avec le 7e art. Woody !

Il me semble que ce film n'avait pas convaincu lors de sa sortie. Moi qui adore Woody Allen, je l'ai donc regardé avec une pointe d'appréhension et la peur de me faire mal après les déceptions de la veille et de l'avant-veille. Mais ça m'a énormément plu ! C'est du Woody pur jus, et j'ai trouvé ça délicat, léger, enchanteur. J'ai largement préféré ce film à Blue Jasmine qui lui avait enthousiasmé la critique.

Il faut dire que je suis très fan des années 1900 à 1920, alors ces incursions dans le Paris de ces décennies-là m'a autant émue que Gil ! La mode, la décoration, l'ambiance, et puis tous ces personnages fabuleux, Scott et Zelda Fitzgerald, Cole Porter, Hemingway, Picasso, Dali (génial Brody !)... Marion Cotillard est ultra ravissante et délicate en muse des grands noms de l'époque. Et toute cette musique de rêve...

J'ai par ailleurs adoré la prestation d'Owen Wilson en réincarnation de Woody lui-même : gauche, névrosé, bavard, et émerveillé comme un gosse. On est habitué à voir l'acteur dans des rôles de comiques, serial-séducteur et un peu ring'. Et c'est un de mes chouchous. Je ne suis pas très comédie, mais s'il y a Owen, ou son pote Vince Vaughn, je craque. Ce fut une découverte de le voir ici plus sérieux, plus tourmenté, avec des répliques brillantes et drôles, la spécialité de Woody, et une grande sensibilité.

Qui contraste avec les personnages qui l'entourent, en l'occurrence la fiancée, hystérique et superficielle (parfaite Rachel McAdams) et ses parents, riches, conservateurs, psycho-rigides, exaspérants, ainsi que le couple d'amis, insupportables !

Petit message aussi sur cet "âge d'or" que nous avons souvent en tête, une époque qui nous touche plus particulièrement, dans laquelle on croit qu'on se serait senti mieux, un paradis perdu... qui ne doit pas nous faire oublier que, c'est comme ça, le passé est le passé, qu'il doit nous inspirer mais non nous rendre nostalgiques.

Certains ont sans doute déploré l'aspect carte postale du film, un hommage appuyé à Paris, entre XXIe et début XXe, qui lasse un peu quand on est français... Et puis l'apparition quelque peu incongrue (mais correcte) de Carla Bruni dans un tout petit rôle. On aperçoit également Gad Elmaleh dans quelques scènes très brèves, dont l'une m'a fait beaucoup rire (back to Versailles).

Ah Woody...

Bon j'ai dû rêver, car le film a été apprécié, par les critiques et par le public : 1.700.000 entrées en France. Pas mal. C'est sans doute la polémique (stupide) sur la participation de Carla au tournage qui m'avait embrouillé les esprits.