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Philippe Brach: réflexions, chatons et tentacules japonaises

Publié le 21 avril 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Un soir de mars pluvieux et gris, Philippe Brach déambule frénétiquement entre la scène et les sièges avant son tout premier concert avec une section de cordes et un piano.

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Il est confiant de ce qu’il s’apprête à livrer à son public, mais en même temps, un brin de fébrilité se fait sentir dans sa voix sincère. Il prend finalement ses aises, cambré dans un siège de la salle Claude-Léveillé de la Place des Arts. Il a eu la générosité de nous offrir 20 minutes de son précieux temps pour échanger avec nous. On jase de sa vision de la musique, de sa carrière, de sa chatte Léone la slut, de ses TOCS, de son fanbase japonais et de son éventuel deuxième album. Voici ce que ça a donné.

Tu es quelqu’un qui se qualifie d’irrévérencieux. Est-ce que ça t’as surpris d’obtenir autant le support de l’industrie dans la dernière année?

Quand même ouais! Surtout quand je suis passé par des concours comme Ma première Place des Arts, j’étais comme «esti que je fit pas là-dedans», et même eux me le disaient. J’étais parfaitement d’accord avec eux. Me ramasser en finale, puis gagner, c’était weird. T’sais, les Francouvertes, je trouvais que c’était plus ouvert. En même temps, je me suis dit que c’était peut-être une question de timing. Je sais pas man! Je suis sorti du lot sans le vouloir, mais t’sais, ça se prend ben. Quand j’ai vu la réponse du public j’ai trouvé ça bien cool.

Comment se passe la tournée?

Ça va super bien! On a un setup ben l’fun à trois, avec deux de mes bons chums d’enfance. On est morts de rire. On a un contact direct avec le public. Après les shows on va les voir, on jase avec eux, c’est vraiment l’fun. C’est surprenant aussi, des fois, t’es booké à un show ou tu te dis qu’il y aura pas un esti de chat, finalement tu te présentes et il y a 40 ou 50 personnes qui sont là et qui connaissent toutes les paroles et qui chantent en même temps. J’me dis «est-ce qu’il fallait vraiment que j’aille dans le trou de cul de l’Abitibi pour m’en rendre compte?» Ben oui! C’est ça qui est beau. Il y a aussi le pouvoir de l’internet là-dedans. T’sais y a même une fille au Japon qui me connait et qui me suit depuis deux ans. Elle a payé 250 $ de mon album pour me dire qu’elle voulait participer à la production. Une esti d’affaire pas rapport de même. Je sais pas où est-ce qu’elle m’a trouvé man. C’est une Japonaise qui ne comprend rien de ce que je chante. J’ai traduit quelques paroles en anglais pour elle avec l’aide de mon frère qui est traducteur. Avec internet aujourd’hui tout se peut. Dans deux ans, on va sûrement avoir une grosse tournée au Japon. Ça serait malade!

Tu donnes l’impression d’être un peu déjanté et éclaté. Es-tu de même dans ta vie de tous les jours? En tournée?

Ça dépend. Je peux vraiment être grand-père dans la vie. Le matin ça me prend mon thé, je fais des casse-têtes. Je suis un peu schizo là-dessus, j’ai vraiment besoin d’une routine de show, je dois planter des repères très précis. Je suis quelqu’un qui a une relation un peu bizarre avec les objets. Le matin s’il y a des objets sur mon bureau qui sont déplacés, j’vais mal feeler. C’est un peu comme un TOC finalement. S’il y a quelque chose qui ne rentre pas dans mon range de TOC, ben la ça devient complètement déjanté.

Dans ta musique t’as un certain TOC aussi non?

Absolument! À certains niveaux, il y a des choses qui doivent absolument être plantées à telles places sans bouger. Il y a des bouts ou je m’éclate ben raide. Donc ça m’arrive d’être complétement éclaté certains jours aussi.

L’album est paru il y a bientôt un an. Est-ce que les choses ont changé depuis?

Quand même, ouais. Il y a eu beaucoup de tournée. J’ai un album, ça a une portée plus concrète. Je peux penser à d’autres chansons dans ma tête même si elles ne sont pas faites. Écrire des tounes, c’est un statement de ton identité. Donc je pense déjà au deuxième et j’ai hâte de le chier pour pouvoir en faire un troisième. C’est comme des enfants. Je serais clairement pas une bonne mère. Je les aimerais, mais ça serait pas trop long qu’ils se ramasseraient à la DPJ ou à l’orphelinat.

Dans les remerciements de ta pochette de disque tu mentionnes Léone la slut. Pour vrai, c’est qui?

C’est une de mes chattes ! C’est un surnom affectif pour un animal.

Sur ta page Facebook, tu dis que tu t’es inscrit en Technique de santé animale. What’s up avec ça?

Non non, c’est vrai, je me suis inscrit à Saint-Hyacinthe la session prochaine au cégep. Je retourne au cégep! Je pense pas être pris parce qu’ils priorisent les gens qui ont leur chimie de cinquième secondaire, ce que je n’ai pas, puis on a trop de shows l’année prochaine, donc je suis obligé de faire ça à temps partiel. Ils priorisent les gens qui s’inscrivent à temps plein. Donc tout ça mélangé avec le fait que c’est contingenté:  je ne pense pas être pris. Mais t’sais c’est pas dans le but de travailler là-dedans c’est vraiment juste à titre de culture personnelle. J’ai pas l’intention de travailler là-dedans, zéro pis une barre. C’est mon trip de buster la place a quelqu’un qui voudrait faire ça dans sa vie!

Dans tes chansons, tu parles d’oies, de tortues, de chats. Sur ta pochette tu tiens un lynx dans tes bras. C’est ta façon de nous dire que tu préfères les animaux aux humains?

Non, mais je suis sur une quête de passer par les animaux pour trouver mon instinct, ma pureté, genre. Les animaux ça te bullshit pas. Le contact avec les animaux ça me permet d’y toucher un peu. J’adore les animaux. En ville j’ai des chats, mais si je pouvais j’aurais des chiens, des poules des renards etc. J’élèverais ces animaux-là en communauté. J’éliminerais les préjugés dès la naissance.

Tu as fait des shows avec plusieurs artistes établis. Sens-tu que c’est en observant des artistes comme eux que tu évolues le plus?

Ouais complétement. Surtout la manière qu’ils gèrent leur tournée, leurs musiciens. Ils ont pas mal tous des familles ben stables. Pis c’est l’fun d’avoir l’input. Eux sont heureux de transmettre leur vécu et leurs expériences.

Ton premier album a servi à évacuer beaucoup de ton vécu passé. Est-ce que depuis tu as amassé assez de nouveau vécu pour ressentir l’envie de retourner en studio ?

Ouais ben je me suis rendu compte que dans le moment présent, des fois, ça chie. C’est ça qui m’inspire le plus, donc le deuxième album ne sera pas tant plus lumineux que le premier, je te dirais. On reste dans la même veine, mais c’est plus acoustique. Je vais dans des thèmes qui me ressemblent un peu moins aussi. Ça parle beaucoup de famille. Je veux pas d’enfants pour l’instant. Je sais pas trop de quelle famille je parle dans cet album-là (rire).

En terme d’écriture t’es rendu ou ? T’as développé tes idées ?

J’ai toutes les chansons de faites, elles sont juste pas toutes finies. Elles sont écrites et composées, c’est juste des textes qui restent à terminer, des structures qui restent à peaufiner pi toute.

Philippe Brach sera à la Sala Rossa le 1er mai pour le dernier show officiel de la tournée La foire et l’ordre. Voici son invitation.

Si vous voulez voir Brach avec un piano et un quatuor à cordes, ça se REpasse durant les Francofolies, le 16 juin, au Gesù. Vous pouvez voir un avant-goût ici:


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