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I wanna believe in everything you believe

Publié le 26 décembre 2010 par Clandestines

I wanna believe in everything you believe

23h 30 et nous voilà clandestinement assises, toutes les deux sur les tables d'un bar un peu miteux. Le sourire aux lèvres, béatitude affichée et rien qui puisse nous perturber.

Une bouteille de blanc à moitié entammée sur la table, nos effets personnels en vrac mais plus rien n'a d'importance. On se regarde et on sourit, carrément capables d'exploser de rire ou de pleurer d'émotion, parce que la vie est belle. La vie? Elle touche à sa fin par la même occasion, plus de but aucun.

Le serveur nous dit ironiquement qu'on a l'air de n'avoir besoin de rien. "Si, si, deux cafés et un bouchon de liège s'il vous plaît". Plutôt sympa le bonhomme, il partage notre bonheur, non sans questionnement, avec ambiguité.

On fait quoi maintenant? Rien... on phase.

Il fait froid sur les tables extérieures un peu mouillées par la pluie incessante mais who cares? La vie est belle.

Un demi bouchon émiétté flotte dans le vin et ça reste le meilleur qu'on ait gouté et nouvelle boisson officielle des Clandestines. On s'en informe et on plonge dans un flash back un peu scénarisé:

Le concert touche à sa fin, Matt Berninger tend la bouteille dans le public. Eh les gens, même pas en rêve vous la touchez celle là, elle est pour nous. Le bras long et puissant de Rebecca s'étend 15m au dessus de la barrière et définitivement, cette bouteille est notre. Qu'est ce qu'il y a meuf? T'as la haine? Ouais, normal.

Le téléphone sonne pour nous ramener sur terre, l'effet d'une petite douche froide. On attend que des gens déboulent nous cueillir. Ils seront en retard mais on patiente, sans mal. Parce que le mal n'existe plus. Ca, on l'a su quand Matt a pris équilibre sur les barrières pour nous chanter "Terrible Love" en rappel. Comprends que le temps s'envole quand il te regarde intensément dans les yeux (à peine 3sec hein, faut pas déconner) et qu'il te prend la main..."ilt's terrible love and I'm walking with spiders"... La vie est belle, mec.

Le plus gros, c'est que tout le concert s'est écoulé comme un phasage intensif, indubitablement fort et tellement extraordinaire. On s'accrochait à nos premiers rangs comme on s'accroche à cette putain de bouteille à 20€.

C'est de l'amour à l'état brut. Il y a encore le son parfaitement fluide de "Slow Show" en suspend dans ma tête, avec le coeur qui s'emballe et le regard absent. L'esprit est totalement barré dans l'idéalisation, déjà. Dans la retrospective, le public est absent, les photographes aussi. Il y a nous et le groupe, sans barrière ni distance à la scène. Et le début du concert se retrace doucement.

I wanna believe in everything you believe

M. Berninger apparaît sur scène: costume 3 pièces noir, verre à pied, bouteille de vin. Il fait ça bien le dude, il se fout pas de notre gueule. Il dit bonjour et on est déjà parties.

Au moment où il ouvre sur "Runaway", Rebecca me confit à nouveau son envie d'être un micro, pas révélée depuis le concert du Jules au FIB. C'était beau.

On est à la limite de la douleur en n'en reparlant prises d'une nostalgie un peu trop bubble gum, comme pour un été trop court ou un petit amour.

Tu sais que j'ai toujours les glandes de Berninger qui s'agitent en fond sonore, le cours de chimie paraît moins dur et un peu plus irréel. Et puis je ris toute seule aussi en repensant aux délires du groupe. Je les voyais plus introvertis et définitivement moins drôles. Mais, sur scène, on sent l'expérience, peut-être un peu trop d'ailleurs. Celle qui te met à l'amende en 2 secondes et qui te subjugue pour le reste de la vie, capable de prédire tes rires et n'importe laquelle de tes réactions. Et tu te sens un peu plus con à la fin.

C'est le moment de s'en aller, de dire au revoir à la salle, au quartier et bientôt à la ville. On repasse devant l'Olympia désormais mort. Un vent froid souffle et nous glace les sangs quand on voit cette file d'attente vide et le périmètre un peu trop lacunaire. On se revoit en train d'attendre l'ouverture, agglutinées à la barrière. On monte dans la voiture et tout est définitivement fini, une putain de nostalgie dans le nez, les larmes aux yeux; parce qu'avec du recul, c'était encore plus beau.


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