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Le vieil homme et la mer (Récit complet)

Publié le 23 avril 2015 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique : « Le vieil homme et la mer »

Scénario et dessin de Thierry Murat,

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : Adaptation, récit maritime, histoire de vie et de courage
Paru aux éditions Futuropolis, 9 octobre 2014, 128 pages bichromie, 19 euros
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L’Histoire

Après avoir brillamment adapté le roman de Anne-Laure Bondoux, « Les larmes de l’assassin » (Futuropolis 2011), puis réalisé « Au Vent mauvais » (Futuropolis 2013), Thierry Murat aborde les rives de Cuba et se jette à l’eau dans les pas du grand Ernest Hemingway et de son célèbre « Le vieil homme et la mer » (Gallimard 1952)
Cuba, début des annés 1950, un petit port de pêche. Ici, quand la chance t’abandonne, tu deviens un « salao », la pire des insultes qui signifie que tu es fini. C’est ce qui arrive au vieux Santiago, ce pêcheur qui ne ramène plus rien depuis 84 jours. Seul Manolin, un petit garçon qui a appris à pêcher avec celui qu’il considère comme un grand-père, ne lui tourne pas le dos. Même si ses parents l’ont obligé à rejoindre un équipage plus chanceux – ne pas ramener de prises, c’est ajouter de la misère à la misère ! – le gamin rejoint chaque soir Santiago, espérant le retrouver sur un jour de veine.

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Mais le mauvais sort s’acharne sur le vieil homme qui se perd, la nuit venue, dans ses rêves d’Afrique et de lions rugissant sur des sables blancs éclaboussés du soleil couchant. Le 85e jour, il décide partir très loin dans le golf, au petit matin, alors que le soleil ne pointe encore la moindre étincelle de lumière à l’horizon. Armé de son seul courage, de son obstination et des encouragements de Manolin, il va à la rencontre du grand espadon, pour reconquérir sa dignité. Le combat sera homérique et durera trois jour et trois nuits.

« Le vieil homme part tout seul, sur la mer, dans sa petite barque, à la recherche d’un grand poisson »

Si l’histoire est connue et a été maintes fois adaptée, celle de Thierry Murat est impressionnante par l’économie de moyens qu’elle semble développer. Très peu de cases (1 à 3 en majorité par planche, et quelques splendides doubles pages), assez peu de détails, beaucoup de gros plans avec des choix subtils pour chaque image et un sens de l’ellipse remarquable. Avec une épure que se met rapidement en place, le dessinateur raconte le vieil homme et l’enfant, ce lien si humain qui réunit l’expérience de l’âge à la soif de connaissance de la jeunesse, avant de laisser place à l’essentiel : le combat. Le vieux pêcheur, l’attente interminable entre les lignes d’horizon qui s’alanguissent comme le fil qui ne se décide pas à se tendre sur l’eau, la prise inattendue, enfin, et les affres d’un combat interminable, qui relèvera l’homme, dans sa fierté retrouvée, malgré une dernière note ironiquement cruelle. Mais il est ici question de symboles que Murat souligne un à un avec beaucoup de poésie et une esthétique bluffante, relevant de l’œil du photographe comme de celui du peintre.

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L’enfant raconte à Ernest Hemingway d’un récitatif qui vient s’inscrire entre les cases, alors que les dialogues (sans bulles), notamment ceux du pêcheur, seul face à son courage et à sa résistance physique, se font sobres sur les grands aplats parsemés des jeux de matière que Murat manie splendidement dans ses variations entre orange et bleu pour magnifier ce spectacle sans cesse changeant entre ciel et mer, jour et nuit, ombres et lumières.
J’avais reçu « Les larmes de l’assassin » comme un cadeau, avec cette magnifique histoire, ce grand classique, je redécouvre, enthousiaste, cet artiste au talent vraiment singulier.

« Le vieil homme et la mer » confirme que Thierry Murat  peut s’emparer de toute bonne histoire, même archi-connue, pour en faire un instant de grâce.

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