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Avengers : l’ère d’Ultron, les héros face à face avec leurs contradictions

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Avengers : l’ère d’Ultron, les héros face à face avec leurs contradictions

Il y a trois ans, on avait attendu Avengers avec fébrilité. Il faut dire qu’une incursion de Joss Whedon, le créateur génial de Buffy contre les vampires avait de quoi nous intriguait, bien que Firefly, sa dernière création télévisuelle nous ait laissé pantois. À vrai dire, on avait été plutôt déçu, peut-être par nos propres attentes et Avengers semblait traînait en longueur s’appesantissant bien trop sur la présentation de personnages que l’on connaissait déjà. Mais Avengers : l’ère d’Ultron renoue à la fois avec une action plus débridée et un scénario délivrant, dans la grande tradition Marvel, quelques messages à vocations politiques.

Après une incursion armée contre l’Hydra, les Avengers récupèrent des données informatiques et parmi elles, un programme informatique doté d’une intelligence artificielle incroyable. Avec l’aide de Bruce Banner, Tony Stark décide de relancer son programme pour la paix mondiale, Ultron (James Spader). Ce dernier, une fois activé, absorbe toutes les données qu’il peut sur le réseau et en vient à la conclusion que la première menace contre la paix mondiale sont les Avengers eux-mêmes. Ils se retournent alors contre son créateur. Iron Man (Robert Downey Jr.), Captain America (Chris Evans), Thor (Chris Hemsworth), Hulk (Mark Ruffalo), Black Widow (Scarlett Johansson dont on avait malheureusement parlé pour Lucy) et Hawkeye (Jeremy Renner, étonnant dans American Bluff et plus récemment Secret d’État) vont devoir resserrer leur rang pour faire face à la menace.

Avengers : l’ère d’Ultron, les héros face à face avec leurs contradictions

Hulk (Mark Ruffalo), Captain America (Chris Evans), Thor (Chris Hemsworth), Iron Man (Robert Downey Jr.), Black Widow (Scarlett Johansson) et Hawkeye (Jeremy Renner)

Reflet de l’Occident, et plus précisément des États-Unis, les super-héros sont tout autant l’image de notre espoir que celui de nos errances. De la même manière, les super-vilains ne sont, bien souvent, que le résultat d’une frustration ou d’une révolte envers ce système inique qu’idéalise et protège les héros. C’est bien de cette contradiction fondamentale, fondatrice, qu’Avengers : l’ère d’Ultron, s’empare. Les Avengers, s’ils défendent une certaine vision du monde, une illusion romantique de la démocratie et de ses bienfaits et bien entendu un libéralisme au sens large, moral et économique, n’en sont pas moins aveugle dès que les bienfaits systémiques de son dernier sont remis en cause. Eux-mêmes sont le bras armé d’un ordre établi qu’il ne remette jamais en cause. Et comme vont le prouver les agissements égoïstes du magnat Stark, cette théorie de l’endiguement que prône l’organisation Avengers n’a pour seul effet de créer de nouvelles causes dont ils n’envisagent jamais les conséquences avant le retour de boomerang. À l’image d’une certaine diplomatie américaine qui arma Ben Laden lequel finit par se retourner contre ses employeurs. On a les héros que l’on mérite. C’est donc ainsi, qu’Ultron, ayant une vue d’ensemble, moins enclin à se voiler la face, en vient à la conclusion que les défendeurs autoproclamés de la paix sont les principaux artisans de la guerre.

Avengers : l’ère d’Ultron, les héros face à face avec leurs contradictions

Ultron (James Spader)

N’éliminant pas les apartés psychologiques sur les personnages, qui ne nous méprenons pas, restent tout de même essentielles, Avengers l’ère d’Ultron fait la part belle à l’action et à l’humour. Humour qui a l’avantage de ne pas être trop invasif, bien ficelé au sein de l’intrigue et souvent en rapport avec l’univers et les traits de caractères des personnages. Comme ce gimmick revenant souvent des autres Avengers se moquant de la pudibonderie de Captain America, un peu d’un autre temps. Les scènes d’actions, plus nombreuses, ne tirent pas, une fois n’est pas coutume, partie de la 3D. Cependant, elles restent très bien chorégraphiées et les effets spéciaux, notamment évoquant les pouvoirs paranormaux des héros sont tout à fait correctes. Malgré tout, notamment dans le cas de Quicksilver (Aaron Taylor-Johnson), elle n’ont jamais ce côté fun qu’elles ont pu avoir dans X-men : Days of the future past de Bryan Singer. Avec Whedon, le traitement du conflit est toujours sérieux. Les Avengers sont mis face à leurs responsabilités lors d’un long final au traitement scénographique impressionnant et aux enjeux cataclysmiques, ni plus ni moins que l’extinction de l’humanité. Reste que, syndrome de Stockholm ou aliénation capitaliste, Scarlet Witch (Elizabeth Olsen) finit par épouser la cause des Avengers. Comme si, irrémédiablement, il n’y avait que deux voies possibles. Terroriste, Ultron, s’il a tort sur la méthode n’en a pas moins fourni une analyse éclairée d’un système se corrompant lui-même et voué à sa perte.

Avengers : l’ère d’Ultron, les héros face à face avec leurs contradictions

Scarlet Witch (Elizabeth Olsen) et Quicksilver (Aaron Taylor-Johnson)

Fidèle à sa politique habituelle, Marvel malgré le rachat par Disney, laisse à ses réalisateurs, souvent issus du petit-écran à l’image de Joss Whedon ou de la série B à l’image de James Gunn (réalisateur du fantastique Les gardiens de la galaxie), une liberté artistique et une liberté de ton rare dans une major. Peut-être ont-ils compris que les marginaux, en d’autre terme, les super-vilains, rassemble parfois davantage autour de leurs tourments très humains davantage que des héros se battant par conservatisme.

Boeringer Rémy

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