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Fête de la Librairie indépendante

Publié le 24 avril 2015 par Onarretetout

Le jeu des dix mots, cette année, proposait des mots venus de langues étrangères. Le site où ce jeu était présenté précisait :

Cette thématique met en valeur la capacité de notre langue à accueillir et intégrer des mots venus d'ailleurs. Les échanges commerciaux, intellectuels, culturels, les migrations, sans oublier les médias et, désormais, les technologies numériques ont en effet mis le français au contact d'autres langues. Venus d'ailleurs, ils sont devenus d'ici. La richesse de ces échanges a donné à notre langue une grande partie de ses accents et de ses couleurs.  La capacité du français à se ressourcer est sans nul doute un signe de sa vitalité et une garantie pour son avenir.

Le 25 avril 2015 étant déclaré Fête de la Librairie indépendante, voici un texte qui joue avec des mots empruntés à la langue arabe et qui évoque des librairies.

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En ce temps-là, à Saint-Germain-des-Prés, Le Divan était une librairie. Devant l'église parfois un camelot debout sur un tabouret disait des poèmes dans une odeur de bougies et de jasmin. J'associais le divan, la fumée, le parfum et la poésie sans savoir que les mots eux-mêmes portaient cette association.Dehors des policiers avaient à la ceinture une matraque. J'entrais dans la boutique comme certains partent en safari. J'observais les lascars à bedaine en caban dont j'imaginais les lits à baldaquin et les matelas de billets de banque. Je croisais des filles en jupe ou en pantalon et je rêvais de soie ou de satin. Les cabas s'y emplissaient de livres et non d'oranges, sauf si elles étaient bleues. Je ne parvenais pas à chiffrer le nombre de rames de papier nécessaires au remplissage des étagères où j'aurais volontiers fait une razzia. Un jour, le hasard m'a fait y découvrir Les djinns, poème où Victor Hugo, strophe après strophe, augmente ses vers de deux jusqu'à dix syllabes et les diminue ensuite de la même façon. Je ne me souviens pas y avoir acheté quoi que ce soit. Pour ça, j'allais plus volontiers à La Hune, sur le boulevard. Le Divan est à présent dans le quinzième arrondissement et j'ai entendu dire que La Hune vient de fermer. Je n'irai plus boire sur la place un sirop de grenadine ou savourer de ces glaces dont le goût était relevé par un alcool fort. Mais je ne suis pas nostalgique. Je ne porte pas le passé comme un fardeau. Et je fréquente aujourd'hui une librairie par le truchement de laquelle d'autres djinns vont de nadir en zénith et dont parfois je sors avec un quintal de littérature en tête.


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