Magazine Culture

Barry Jonsberg : Le bonheur de A à Z

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le bonheur de A à Z de Barry Jonsberg  4,5/5 (23-04-2015)

Le bonheur de A à Z  (311 pages) est disponible depuis  le 25 mars 2015 dans la collection Tribal des Editions Flammarion.

bonheuraàz-658x1024 (111x173).jpg

L’histoire (éditeur) :

« Je veux partir à la poursuite du bonheur. Je veux l'attraper, le retenir par le col de sa chemise et le tirer de force jusque chez moi. Je ne sais pas très bien comment m'y prendre. Mais je suis déterminée à essayer. » À l'occasion d'un devoir pour sa prof de lettres, Candice Phee, 12 ans, fait le bilan de sa vie de A à Z. S'apercevant qu'elle est « entourée de chagrin », elle se donne pour mission « d'améliorer l'état de bonheur général du monde ». Et si elle commençait par rendre heureux ceux qu'elle aime ?

Mon avis :

Candice Phee est une jeune australienne de 12 ans qui, à la suite d’un devoir imposé par sa prof de lettres Miss Bamford, nous expose sa vie de A à Z. Sensée raconter quelque chose qui lui est arrivé en 26 paragraphes, commençant chacun par une lettre de A à Z, étant une fille qui aime la précision, il lui est impossible de se contenter d’un paragraphe par lettre. Alors ce roman sera son devoir, et ça sera un chapitre par lettre. Il faut dire aussi que sa vie est assez compliquée et que ceux qui l’entourent soit loin  d’être heureux, Il y a de quoi écrire autant que de boulot à amener le bonheur  tout autour.

Entre son père qui est fâché avec son frère (pour une histoire d’idée volée et de logiciel qui a rendu l’oncle Brian très très très très riche), sa mère dépressive depuis la mort de sa fille et une double mastectomie, son oncle contrarié d’être brouillé avec son frère (et qui ne sait pas quoi faire de son argent), sa prof qui a un œil hyperactif qui fait rire toute la classe et Douglas Benson persuadé de vivre dans une autre dimension avec des parents fac-similés…Candice a de quoi faire pour que chacun goûte un peu au bonheur et finisse même rayonner.

Et elle dans tout ça ? Candice est une fille un peu bizarre mais bourrée de bonnes attentions et sans cesse tournée vers les autres (y compris son poisson rouge). Elle n’a plus n’a pas une vie facile : elle porte le poids de la mort de sa petite sœur depuis 6 ans, fait partie d’une famille où chacun vit de son côté (sa mère isolée dans sa chambre et son père dans son abri de jardin quand il n’est pas au travail), elle n’a pas vraiment d’amis, subit pas mal de moqueries de la part de ses camarades qui la surnomme « gogolita », sa correspondante New Yorkaise Denille ne lui répond jamais et surtout elle a conscience de toute la tristesse qui pèse sur ses proches.

« -Tu ne chantes que des airs que tu inventes, ma Minette, et tu ne danses que des danses que tu inventes. Tu ne joues la partition de personne, à part la tienne. Tu vois le monde à ta façon, qui est différente de toutes les autres. Et tu sais quoi ? Parfois j’aimerais bien le voir comme toi. Ce serait bien si nous le voyions tous comme toi, je crois que les choses se passeraient mieux. » Page 48

Ce roman est génial ! Sa narration à la première personne permet évidement de se mettre à la place de Candice et de ressentir son émotion mais, de par sa personnalité, apporte une petite touche d’originalité qui m’a beaucoup plu. Voir le monde et ressentir sa perception des choses m’a touchée (et aussi bien fait sourire).

Oui, Candice est étrange (elle prend tout trop littéralement, ne supporte pas de voir ses stylos mélangés à ses croyons, parle peu (et préfère écrire pour communiquer quand elle ne connait pas bien les gens), adore lire le dictionnaire..) mais elle, c'est elle tout simplement. Et impossible de ne pas l’aimer ! Touchante à souhaite, elle donne la banane, serre le cœur et apporte beaucoup de bonne humeur. Elle nous raconte sa petite vie, se livre avec émotions sur la mort de sa petite sœur Sky et sur les rapports inexistants avec ses parents. Elle nous livre également sa correspondance à sens unique avec Denille, permettant à la narration de ne pas souffrir de linéarité. Bref, aussi bien pour le fond que pour la forme, ce roman de Barry Jonsberg  est à découvrir.

« Le dictionnaire est mon livre préféré. Je le lis souvent dans mon lit avant de m’endormir. Il y a des milliers de mots dedans, et ce n’est pas comme ces livres qui essaient des raconter une histoire et qui ratent leur coup. Il n’essaie rien, il ne s’intéresse qu’aux mots. Le dictionnaire est pur. L’autre chose que je lis, ce sont les livres de Charles Dickens. Dickens a pris beaucoup de mots très compliqués dans le dictionnaire, mais il les a mis dans un ordre très intéressant. C’est admirable et tellement intelligent. » Page 47

Le bonheur de A à Z est un récit écrit avec cœur et humour. Il parle de l’adolescence et d’autres sujets délicats d’une manière différente. Conflits familiaux, premier baiser (avec ses côtés négatifs qui ne sont habituellement jamais abordés), l’image de soi et le manque de confiance, dépression, sont abordés de manière positive et avec un poil d’excentricité. La narratrice donne à réfléchir tout en nous faisant passer un bon moment.

Destinée à un public jeunesse (dès 12 ans), ce roman sera sans aucun doute aussi très apprécié par les adultes. Il donne envie de se tourner vers les autres (ce qui n’est pas un mal, à un âge où l’on est en principe un peu trop centré sur soi-même) et d’apprécier les imperfections du monde.

«  - Et ça ne te dérange pas si on met tout dans la même assiette ?

J’étais prête à dire « oui, merci » mais la question m’a arrêtée dans mon élan. J’ai dû  avoir l’air étonnée parce que Penelope a expliqué :

- C’est que ta maman m’a dit que tu aimais bien que les choses soient faites d’une certaine façon, et Douglas m’a parlé de ta trousse à crayons…

Je devais avoir toujours l’air aussi étonnée parce qu’elle a poursuivi.

- Je sais que tu aimes qu’ils soient très bien rangés.

Je n’ai rien dit.

- Alors, je me demandais si tu supportais d’avoir des choses de couleurs différentes dans ton assiette.

J’ai dû lever un sourcil. Peut-être  même les deux.

- Mais …tu es bien  un peu autiste, n’est-ce pas ?

- Non.

Maintenant, c’était Fac-similé Penelope qui avait l’air étonnée.

- Mais alors, qu’est-ce que tu es ?

- Je suis moi. » Page 84-85

En deux mots : Légère, honnête et intelligente cette lecture est un bonheur à elle toute seule. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Stephanie Tranchant 5196 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines