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[critique] Connasse, Princesse Des Coeurs

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] Connasse, Princesse Des Coeurs

La version longue et diffusée dans les salles de ce qui est au départ une série de courtes vignettes proposés par Canal. Entièrement (et c'est une première) filmé en caméra caché, Connasse, Princesse Des Coeurs va diviser : certains détesteront ou refuseront de considérer l'oeuvre comme un " véritable " long-métrage, d'autres adoreront et passeront une très agréable séance de cinéma. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a un boulot incroyable derrière cette énorme plaisanterie. Honnête, marrant mais ce n'est, après tout, qu'un sketch étiré en longueur.

Il est évident que le public principalement visé par Connasse, Princesse Des Coeurs est en majorité constitué d'adeptes du format court diffusé sur Canal depuis 2013 dans Le Before Du Grand Journal (puis dans Le Grand Journal lui-même l'année d'après en raison de son immense succès). Car il sera difficile pour ceux n'accrochant déjà pas au programme télévisé de se rendre dans les salles voir cette adaptation cinématographique. Beaucoup pourront à ce titre refuser de considérer le projet comme un " véritable " long-métrage tant l'on a l'impression de voir un sketch étiré en longueur. Néanmoins, si le procédé -le long-métrage étant entièrement tourné en caméra cachée - ne vous rebute pas, ou si vous aviez précédemment apprécié des oeuvres comme Borat voire Les Onze Commandements, nul doute que vous devriez ressortir de la séance avec le sourire aux lèvres. On pourrait même en rajouter une couche en vous confirmant que le film réalisé par Eloïse Lang et Noémie Saglio surpasse largement les deux exemples cités juste avant, et qui n'ont que leur principe de base, à savoir arriver à puiser leur humour à partir de situations réelles, en commun. Dans son genre, Connasse, Princesse Des Coeurs se révèle plutôt réussi, puisqu'allant jusqu'au bout de son concept, enchaînant les gags à une vitesse folle pour mieux nous faire oublier la vacuité de son scénario prétexte (mais qui a le mérite d'exister ceci dit).

Pas le temps de s'ennuyer au cours de ces quelques 80 minutes durant lesquelles l'abattage de Camille Cottin, parfaite, emporte l'adhésion. Très drôle, l'actrice fait également preuve d'un certain talent pour garder naturel et self-control en toute situation, d'autant plus lorsque les circonstances l'obligent à improviser pour que ses interlocuteurs ne remarquent pas la supercherie. Certaines séquences sont absolument délirantes, au point que l'on finisse par se demander si celles-ci se sont bien déroulés dans les conditions de tournage prétendues. Bien évidemment, la réponse est encore plus étonnante, et, comme nous l'ont confirmé l'actrice et les réalisatrices à la suite de la projection, il a fallu une préparation considérable en amont et des subterfuges aussi farfelus qu'ingénieux pour mener à bien le projet. Tout ce qui est donc montré à l'écran, aussi fou que cela puisse paraître, est bel et bien réel et n'a jamais été " manipulé " (y compris lorsque l'actrice s'empare d'un chien avant de s'enfuir en courant à la barbe de la personne chargée de le promener). Un défi amplement relevé puisque la mise en scène ne semble à aucun moment dictée par les aléas du tournage, preuve de l'incroyable boulot derrière ce qui est en apparence une énorme plaisanterie. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le film se déroule en Angleterre, les Français commencent à reconnaître Camille Cottin et ne tombent plus dans le panneau. Il est en revanche dommage et paradoxal pour une caméra cachée que la réaction des interlocuteurs (passants ou personnes délibérément piégées par Camille Cottin) ne soit pas davantage mise en avant : après chaque grossièreté ou inélégance de la Connasse, il aurait peut-être été encore plus drôle de s'attarder sur les nombreuses conséquences directes de son comportement sur son entourage (d'autant que les Anglais ont souvent des attitudes très amusantes face à elle, tentant de garder leur flegme même lorsque l'actrice les titille avec insistance, comme lors de cette géniale scène d'apprentissage des bonnes manières par exemple). Cependant, il aurait été nécessaire pour cela de mettre de côté le fil conducteur de l'intrigue, et cela aurait eu pour effet de faire sortir le public du récit. Un choix justifié mais légèrement frustrant, donc.

Connasse, Princesse Des Coeurs ne fera pas l'unanimité, c'est évident, mais pour peu

[critique] Connasse, Princesse Des Coeurs
que l'on y adhère, il n'y a pas de raison de bouder ce qui est avant tout un petit divertissement honnête, bien réalisé, accompagné par une bande originale très sympa et collant idéalement à l'action, et qui parvient à faire plus rire que nombre de comédies françaises traditionnelles grâce à son personnage impertinent et dénué de toute morale.

[critique] Connasse, Princesse Des Coeurs

Connasse, Princesse Des Coeurs

35 mm / 80 minutes

Camilla, 30 ans, Connasse née, se rend compte qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite et décide que le seul destin à sa hauteur est celui d'une altesse royale.


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