
Dispositifs de médiation de l'expo © Musée de la Marine
Au Moyen Age, les mers explorées ne sont guère plus lointaines que durant l'Antiquité. Je retiendrai de cette période la grue de Bruges et la main mise de la ligue de la Hanse. C'est à partir du XVIe et du XVIIe siècle que le commerce maritime prend son essor vers l'Asie et l'Amérique. Et que les produits échangés se diversifient : c'est l'âge d'or du commerce du thé, du chocolat, des soieries et de la porcelaine. Ça, c'est le luxe ! Et les bateaux ? Ils ne sont pas beaucoup plus rapides mais ils sont plus nombreux. C'est au XIXe siècle que tout change vraiment. Les clippers sillonnent les mers, les ports se modernisent (grues, rails, lieux de stockage rationalisent l'espace : c'est étonnant de lire sur des cartes et des images la transformation du port du Havre), les trajets raccourcissent avec l'ouverture du canal de Suez... Mais c'est finalement le vapeur, qui prend peu à peu le pas sur la voile, qui fait entrer la marine marchande dans l'ère industrielle. Après un détour par le commerce avec les colonies, le tramping et une incursion dans les grands cargos du début du siècle, le porte conteneurs nous fait entrer dans l'ère contemporaine. Les bateaux s'agrandissent démesurément, toujours prêts à transporter plus de grandes boites, les conteneurs. Standardisés et multimodaux, ils permettent de transporter une infinité de produits différents et surtout de les décharger rapidement, partout. Car l'enjeu principal est désormais le temps. Il faut passer le moins de temps au port... quitte à embouteiller dans le canal de Suez ! Cette exposition permet de bien comprendre les évolutions du commerce maritime et son importance dans les différentes sociétés : il a pu être plus rapide, plus économique mais aussi plus dangereux que le transport terrestre selon les périodes. Ce commerce est aussi lié à toute une part de rêve et d'exotisme, surtout à l'époque moderne, où l'on s'entiche de chinoiseries. C'est aussi un monde de démesure qui cherche toujours plus d'efficacité et de profit. Bref, une incursion à plusieurs niveaux dans l'histoire de la marine marchande qui, sans questionner directement nos façons de consommer, donne un bon aperçu de l'accélération du monde et de son économie. Quelques points m'ont cependant gênée, notamment l'usage de reproductions plutôt que d'originaux (en début d'expo), les limites du sujet (quid de la piraterie, des conditions précises de navigation, des guerres économiques, etc.) et la numérotation parfois étonnante des objets... Mais ce ne sont que des détails. Je préfère souligner à nouveau le remarquable travail de médiation autour de l'expo, qui rend ce sujet peu excitant tout à fait passionnant ! Bref, c'est une sortie idéale pour ceux qui ont un peu de vacances... ou pour les week-ends prochains. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les échanges commerciaux en Méditerranée, le voyage dans l'Antiquité ou au Moyen Age.
