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Champs magnétiques, Takis, au Palais de Tokyo (Paris 16)

Publié le 27 avril 2015 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

C’est curieuse de découvrir le Palais de Tokyo que je ne connaissais pas encore, et les incroyables sculptures contemporaines de l’artiste grec Takis, que j’ai tenté la visite en soirée. Le Palais de Tokyo est en effet, un des seuls lieux où il est possible de passer littéralement la soirée (puisqu’il ferme tous les jours, sauf le mardi, à minuit).

Contrairement à tous les musées bondés, ici on côtoie les autres visiteurs sans passer par l’épreuve de la file d’attente infinie, et l’on est tranquille pour apprécier la singularité du lieu, comme des œuvres présentées.

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Le bâtiment jouit d’une situation unique, placé tout proche du Trocadéro, il partage son emplacement avec le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Anti-musée, il présente un intérieur brut, rappelant son caractère d’ancienne friche dans ce 16ème arrondissement distingué. En soirée, il est d’ailleurs possible de profiter de la visite des lieux, grâce aux visites guidées Palais Secret (tous les jours à 21h) qui permet de découvrir le bâtiment en profondeur, en foulant des espaces habituellement fermés au public.

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Si les oeuvres qui ouvre le chemin de la visite ne nous semblent pas méconnues, c’est parce qu’elles nous font penser aux oeuvres du bassin de la Défense. En effet, ce sont ces « Signaux » qui nous indiquent l’espace de l’exposition. Ces sculptures abstraites, sont imaginées peu après l’installation de l’artiste à Paris dans les années 1950, sous l’influence des oeuvres longilignes de Giacometti, et suite à l’observation en gare de Calais, d’une forêt de signaux lumineux. Il les disposent accumulés, pour retranscrire cette impression particulière qu’il avait eu. Antennes surmontées d’éléments

L’exposition du Palais de Tokyo s’ouvre justement avec quatre de ces sculptures de fer longilignes, coiffées d’un phare lumineux, dont la forme élancée a été inspirée par Alberto Giacometti et ses silhouettes élancées. L’artiste et scientifique, ne cesse alors d’explorer le pouvoir du magnétisme qu’il incorpore à ses sculptures et dispositifs créatifs.

Dans ses Murs magnétiques, exposés dans les premières salles de l’exposition, on découvre cette puissance, cette quatrième dimension, qui est pour l’artiste, celle toute entière de l’énergie magnétique.

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L’aimant repère ainsi les objets métalliques proches de lui et devient « émetteur » comme l’affirme Takis. C’est équipés d’une boussole, que l’on traverse la première salle. On observe, alors les aiguilles de l’instrument, s’affoler et perdre le nord, au sens propre.

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En face, un ballet aléatoire anime les fils sur le mur, à distance. La toile, c’est-à-dire le mur équipés d’aimants, parfois même dissimulés derrière elle, décide de la disposition ou de l’animation des fils ou des motifs qui figurent sur les surfaces colorées.

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On étudie les dispositifs, on note cette distance étonnante, magnétique, entre les éléments.

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C’est parce qu’il cherche à capter les sonorités de « l’au-delà » que Takis explore la piste des Sculptures Musicales à partir des années 1960. Ce sont des dispositifs simples qui mettent en mouvement des tiges de métal d’une manière réglée comme du papier à musique. Dans la salle suivante, le dispositif qui nous fait penser à des touches géantes d’un clavier de piano, nous fait entendre une musique singulière. Ici, les panneaux de bois peints sont chacun équipés d’un cable au bout duquel une aiguille vient frapper une corde au rythme des électroaimants qui l’attire et la repousse.

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Comme un peu plus loin, avec le Gong gigantesque, la musique est calculée et intervient à un moment précis, obéissant à une force irrésistible.

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Ici on peut aussi admirer une belle série de Signaux ainsi que des Murs Magnétiques.

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Plus loin, on découvre les oeuvres Antigravité et Télélumières. Dans la mpremière c’est nous devenons acteur de l’oeuvre, étant amenés à disposer des éléments sur une surface aimantée au gré de notre humeur. Cela fait directement référence à la croyance que tout le monde peut devenir artiste, ici d’ailleurs en faisant un geste de projection basique, qui va à l’encontre d’une tenue conforme à celle que l’on a dans les musées. Petit bémol, le geste ne peut se faire que sous surveillance…
Dans la pièce que nous traversons à présent, c’est dans la semi-pénombre que l’on évolue, en observant ces idoles lumineuses. Les Télélumières, lampes sous vide dans lesquelles le mercure joue le rôle de conducteur pour les électrodes qui illumine l’ampoule, par le choc des électrons sur le liquide en fusion. Takis déclare ainsi « Cette couleur c’est celle du vide. Celle que l’on voit dans le ciel… un microcosme de l’univers. Si la chaleur augmente, la lumière est plus verte. Si elle diminue, elle est mauve comme dans le ciel en fin de journée quand l’atmosphère se refroidit. Ce qui me fascine, c’est de mettre en évidence quelque chose d’invisible avec ce piège à électrons qu’est le Télélumière. »

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D’autres expositions aux oeuvres puissantes et qui donnent à réfléchir sont à découvrir également. Dans l’Usage des formes, c’est l’outil qui est examiné sous toutes ses formes, en étant considéré comme le premier intermédiaire dans le rapport de l’homme au monde. C’est ainsi que créateurs, artisants et artistes confondus, présentent leur relation et leur prise sur le monde, à travers leur univers quotidien.

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C’est à la lisière de l’art, que le Palais de Tokyo se situe quand il interroge la création, dans l’exposition « Le Bord des Mondes ». C’est une plongée dans les recoins énigmatique de l’art que nous réservent les oeuvres de ces inventeurs, visionnaires, historiens poètes sélectionnés ici. Une émotion intense, touchante nous habite alors, au sortir de l’exposition.

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Et puis on ne peut passer à côté de l’imposante sculpture Baitogogo, de Henrique Olivera. Anthropomorphisme architectural, cette oeuvre végétale évoque l’organique, et révèle une forme matricielle, essence et ossature du bâtiment lui-même. Ici l’architecture s’anime de ce volume qui rappelle la texture des essences des arbres que l’on rencontre dans la forêt d’Amazonie. Noeuds et circonvolutions du bois échappent à la maitrise humaine.

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On repart apaisé et pensif, en surveillant les prochains événements.

A voir :
Champs magnétiques
Takis au Palais de Tokyo
13 Avenue du Président Wilson
75116 Paris


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