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[anthologie permanente] Carol Snow

Par Florence Trocmé

Au sommaire de la revue Rehauts, n° 35 Sereine Berlottier, Philippe Boutibonnes, Daniel Cabanis, Etienne Faure, Jean-Louis Giovannoni, Claude Hassan, Sarah Kofman, Jean-Paul Lerouge, Agnès G. Longuera, Cécile Mainardi, Fabienne Raphoz, Carol Snow.  
De cette dernière, un extrait de Pour 
 

Piscine 
 
Regardé (dedans) et entrée dans le grand couloir. 
(Pièce étroite).  
 
Attirée par la pureté promise par « figure et fond ». 
 
« … et le bleu à côté du blanc dans les rayures est de la couleur  
/ De la Loire quand on en parle dans les livres anciens… » 
 
Oui, mais cette rayure ou écharpe de papier blanc, rouleau 
dont les coins rebiqués – en lanières sur les murs 
« papiétés » de toile brune – étaient larges, étaient l’eau 
 
J’ai toujours adoré la mer. Et maintenant… 
 
  
Et le papier peint en bleu 
que Matisse avait découpé dans le vif de la couleur, disait-il, en  
forme de morceaux 
de corps émergeant du – recouvrant le – blanc ; bleu, des 
   silhouettes complètes arquées comme des dauphins,  
   exprimant l’abandon – planaient, débordaient – abandon 
   ant presque 
par endroits, la frise :  
 
la frise décorant les murs recréait la salle à manger de Matisse.  
 
Oui, mais pas les portes – de même qu’un bout de linteau 
au-dessus duquel Femmes et Singes avait été accroché – qui  
   avait rétréci, en sorte que le volume de la pièce s’était 
   contracté 
 
Comme le temps, au musée. 
 
Et maintenant que je ne peux plus… 
 
Les murs recréant les murs de la salle à manger 
où Matisse ne travaillait que le soir à La Piscine. 
 
Et le temps, dans l’œuvre est contracté.  
 
J’ai toujours adoré la mer, disait Matisse. Et maintenant que je ne 
   peux plus aller nager, je m’en suis entouré.
 
 
Comme du blanc.  
 
Oui, mais remarqué dans un coin un espace blanc pour lequel 
   les formes bleues servaient – non de corps – de limites 
   mais ouvertes : murs d’un passage ou berges d’un chenal 
de blanc, le blanc même – « vierge » serait beaucoup dire 
   amassé corporel  
reconnaissable ; et ensuite – 
 
dans cet « ensuite » il y avait notre vision et notre approche 
   pour voir de plus près – 
 
      un passage 
où des morceaux de bleu (presque des corps mais presque) 
   fragmentaient le blanc en sorte qu’aucune 
couleur n’était plus figure ou fond – emblème, bannière – 
   à présent 
 
Carole Snow, traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès, revue Rehauts, n° 35, pages 7 à 9.  
 
Bio-bibliographie de Carol Snow 


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